Prix CANA 2020 : Smarty, Lajaguar, Bananzos et Massa Deme veulent leur fric !

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La deuxième édition de la nuit de la Célébration des artistes nationaux de l’Année (CANA) a eu lieu le 18 décembre 2020 à Ouagadougou. Cinq talents burkinabè ont été dénichés et reconnus comme les meilleurs dans des domaines artistiques divers. L’artiste Smarty, Lajaguar, Josué Bananzaro, Massa Deme et Kayawoto se sont vus attribuer des trophées et des chèques provisoires de 1,5 millions FCFA chacun. Huit mois après, ponctués de cinq rendez-vous manqués, des lauréats de la CANA sont tombés dans l’impatience. Un recours à la toge a eu lieu dans l’optique de contraindre les organisateurs des éditions CANA à rendre aux lauréats leur dû. En tout cas, les langues se délient au micro de Burkina 24 !

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*Article mis à jour le 4 octobre 2021

C’est vrai ! Cela est récurrent au « Pays des Hommes intègres ». Plusieurs Burkinabè, après avoir été lauréats d’un quelconque concours, sont contraints de patienter assez longtemps avant de rentrer en possession de leur dû. Mais cette fois-ci, ça frise l’excès…

La deuxième édition de la nuit de Célébration des artistes nationaux de l’année (CANA) a présenté Josué Bananzaro comme le meilleur compositeur de musique de film. Huit mois après, le jeune guitariste a perdu le goût de cette victoire. Il n’a pas encore reçu le moindre copeck des mains des organisateurs de la CANA.

Le lauréat a donc entrepris des démarches afin d’entrer en possession de sa cagnotte, 1,5 millions F CFA. Mais, c’est peine perdue, en tout cas, jusqu’à présent. Le jeune virtuose de la guitare nous exprime le périple qui a conduit l’affaire CANA en justice.

Suite à sa désignation comme le meilleur compositeur de musique de film, Josué Bananzaro était entre surprise et émulation. Le jeune guitariste qui évolue dans le Fingers style voyait les portes de l’espoir s’ouvrir à lui.

« Ça été vraiment une immense joie. D’abord parce que, comme je le disais tantôt, j’étais passionné par les musiques de films, mais j’étais loin d’imaginer que je pouvais remporter un prix concernant ça. J’ai eu à composer des musiques pour des films, des génériques pour plusieurs films », introduit-il.

Josué Bananzaro tenant son trophée et son chèque provisoire

« On a encore patienté jusqu’à nos jours, rien de concret »

Mais cette joie s’est vite estompée au point de devenir un cauchemar qui pèse désormais sur Josué Bananzaro. C’est huit mois d’attente jalonnés de silence, et aussi de promesses non tenues opposés aux lauréats.

« C’est le réalisateur du film, Abdoul Bagué qui m’a écrit en disant que les organisateurs de la CANA allaient organiser une cérémonie de remise de chèques en janvier. On a patienté jusqu’en février on n’a pas eu de suite favorable jusqu’au moment. On a encore patienté, ils nous ont dit mars, on a encore patienté jusqu’à nos jours, rien de concret », indique-t-il.

Difficile pour Josué Bananzaro de s’exprimer sur ce qu’il a qualifié de « foutaise », sans émoi. L’impatience gagne les lauréats après des journées de remise reportées à plusieurs reprises. Au départ, le délai d’un mois donné par les organisateurs a duré une éternité.

Le silence observé suite à un évènement « fortement médiatisé » est décrié par le lauréat Josué Bananzaro sans réserve. Il s’offusque de l’attitude du Commissaire général de la CANA, en la personne de Somkiéta Narcisse Désiré Ilboudo.

« Il fut un moment même où on tentait de joindre les gars-là sans réponse. Ce qui m’a le plus frustré, c’est que si on médiatise un tel événement partout sur les réseaux sociaux même sur les chaînes de télé, ça ne parlait que de ça. Même sur la page officielle du ministère de la culture, l’annonce était là. Donc cela a frustré un peu si jusqu’à présent, on n’a pas vraiment eu gain de cause concernant cette cérémonie de remise de chèques », s’indigne-t-il.

« Il nous fait tourner depuis… »

Si une chose accentue le désarroi de Josué Bananzaro, c’est l’indisponibilité du promoteur de la CANA. Pour le jeune luthier, il est inconvenable de « flatter » l’opinion publique avec des fausses apparences. « Vous ne pouvez pas créer un mythe et donner de fausses impressions aux citoyens lambda qui ne sont pas au courant de ce qui se passe », dit-il. La remise des 1,5 millions FCFA n’a jamais eu lieu. « C’est une chose qui n’a jamais été faite. Il nous fait tourner depuis. Ça fait près de huit à neuf mois comme ça », se répète-il.

Même si Josué Bananzaro tente de comprendre le retard, le minimum pour lui, c’est de communiquer. « Ce qui m’a le plus frustré, le promoteur de l’événement n’est pas lui-même au pays. On est donc limité dans nos discussions. Tu lui écris, il te répond brièvement. C’était comme s’il n’avait pas le temps, pourtant il faut qu’on se respecte. Il a laissé son assistant qui divulgue les informations et au finish, on ne sait pas si vraiment notre dû nous sera vraiment versé. On m’a donné de faux rendez-vous et on commence à avoir de faux espoirs », décrie-t-il.

Même pressentiment chez Sylvette Leblanc, la manager de Massa Deme, le lauréat de la catégorie de l’artiste burkinabè ayant fait plus de tournées à l’extérieur du pays lors de la CANA 2020. Contactée, sa manager est sans équivoque. « On n’y croit plus », laisse-t-elle entendre.

Cette dernière exprime une double douleur. Les promesses non tenues l’ont fait investir pour que son artiste puisse assister à une remise de récompense, qui lui paraissait hautement symbolique.

« Ce prix était une véritable reconnaissance amplement méritée par Massa Deme et pour moi-même. Nous n’avons jamais reçu la récompense, mais ma structure a payé un billet d’avion aller-retour à Massa pour venir assister expressément en janvier à une remise de récompense qui n’a jamais eu lieu. Alors, il y a de quoi se révolter », dénonce-t-elle.

Le chèque provisoire remis à Massa Deme

« Ils auront leur dû »

Si le promoteur, Narcisse Ilboudo, contacté via les réseaux sociaux, promet que les lauréats « auront leur dû », cela parait désormais comme une farce aux yeux de certains lauréats. « On a compris son jeu. Mais le problème maintenant est qu’ils ne sont pas convaincants. C’est comme s’ils ne sont pas des professionnels. Donc, ça frustre un peu. 

Et pour les éditions suivantes, ça ne donne plus de la crédibilité à leur événement. Parce qu’ils vendent du rêve à des personnes, sans vraiment être à mesure d’endosser la responsabilité, ce n’est pas responsable au fait », se défoule Josué Bananzaro. Le visage attristé, les mots s’entrecoupent. Mais il finit par lâcher : « C’est irresponsable ! ».

Le jeune compositeur a vu son doute s’approfondir et s’élargir sur la crédibilité des cérémonies de récompense au Burkina Faso, car, dit-il, « les promoteurs ne sont intéressés qu’au côté marketing de leur évènement sans respecter leur parole. J’ai essayé de me rapprocher de quelques personnes aussi qui ont eu quelconques prix comme ça, des distinctions, mais c’était comme si c’est une sorte de marketing qui est autour », se déchaine-t-il.

« Nous observons »…

Josué regrette le silence des autres lauréats sans pour autant les en vouloir aussi. « Je n’ai pas de nouvelles d’eux. Pour moi, ils ne sont pas intéressés ou bien c’est de la négligence », souligne-t-il. Le lauréat de la catégorie meilleur artiste influent de l’année dit garder l’œil d’observateur. « Mon équipe gère cela et je n’ai pas encore eu de retour sur un quelconque règlement en rapport avec ça. Nous observons », écrit le rappeur Smarty.

Pour Lajaguar, Meilleur artiste social à la CANA, « ils ont essayé de nous expliquer. Comme septembre n’est pas loin, nous allons attendre voir. Comme ils ont donné leur parole, c’est sûr que ça va se faire. Mais si ça ne se passe pas, s’il y a lieu d’en parler, vous allez être contacté pour ça », nous répond Lajaguar.

Du coté de Kayawoto, nous n’avons pas pu avoir une réponse ni de l’artiste, ni de son staff. Nos multiples messages n’ont également pas reçu de feed-back.

Josué Bananzos, sobriquet d’artiste de Josué Bananzaro, lui, est déjà actif dans sa revendication. Après plus de « 5 rendez-vous manqués », il a fallu une interview accordée à Malick Saaga, le directeur de publication du média culturel Kulture Kibaré pour sortir les organisateurs de leur torpeur.

« Le vendredi, ils ont envoyé le courrier. Ils ont donné le 26 juillet (2021, ndlr). Maintenant, on les contacte le dimanche 25 juillet, pour comprendre ce qui se passe, ils disent qu’ils sont dans l’obligation de reporter encore la date pour fin septembre sans donner vraiment de précisions », décrie-t-il.

Ce dernier renvoi a déclenché le tonnerre chez Josué. Il n’est plus question de tergiverser. « Quand-même, trop c’est trop ! Il y a eu plus de cinq rendez-vous manqués », lance-t-il. D’ailleurs, cette décision a un goût amer pour Sylvette Leblanc.

La lettre envoyée aux lauréats

« Des discussions inutiles avec toujours des promesses et des reports non respectés », qualifie-t-elle. Pour elle, plusieurs discussions infructueuses ont eu lieu sans gain de cause. « Plusieurs discussions intitules avec toujours des promesses et des reports non respectés ». dit-elle. Elle a perdu l’espoir, en témoignent ses propos : « Autant dire que nous n’y croyons plus ! ».

« J’ai déjà vu l’huissier, on est là-dessus »

A pas de géant, Josué Bananzos a pris le chemin de la justice. Ainsi, la procédure judiciaire est enclenchée. Si Josué a décidé de monter sur ses grands chevaux, c’est parce qu’il est à bout de sa patience.

« Puisque j’avais dit si fin juin, je n’ai pas eu vraiment de réponse concrète, j’allais entamer une procédure judiciaire. Ça m’a vraiment énervé quoi. J’étais vraiment dépassé. Donc j’ai pris l’engagement après le 26 juin, rien que la semaine passée pour entamer la procédure judiciaire donc j’ai déjà vu l’huissier, on est là-dessus », confie Josué Banazaro.

Josué lors de l’entretien avec Burkina 24

Déterminé, il n’est pas question de mettre un trait sur le moindre centime de son dû. « Un million cinq cent, c’est quand même trop pour se taire là-dessus. Ça bouche des trous, surtout quand on voit les réalités avec les préjudices du covid-19. Donc, c’est très compliqué », lâche-t-il.

Même s’il a commencé seul, Josué n’est pas ‘’un rebelle solitaire’’ dans cette lutte. « Les démarches, moi je les ai faites individuellement et j’ai été contacté par la manager de Massa Deme. La première fois où j’ai fait l’interview avec Malick Saaga, c’est elle qui m’a contacté pour me féliciter et me donner tout son soutien. Par contre, les autres, je n’ai pas de nouvelles d’eux », dit-il.

Interrogée, la manager de Massa Deme n’a pas été explicite sur son désir d’emboiter les pas de Josué. Mais les signes se décèlent des propos des deux. « Quand j’ai d’abord fait une interview sur la question, elle est la seule à m’appeler pour me féliciter de mon courage. Après, je lui ai dit que j’avais introduit un dossier en justice. Comme elle n’est pas au pays. Elle m’a demandé si je peux introduire également un dossier en son nom. Donc, on est deux. Il y a Massa Deme et puis moi », cite Josué.

« N’étant pas sur place, c’est difficile. Mais je suis en contact avec Josué Banazaro. Il y a de quoi se révolter ». Ces propos de la manager de Massa Deme  en disent long sur sa position.

« Si à l’amiable, on ne peut pas le gérer donc on laisse la justice s’en charger ou bien ? »

‘’Aux grands maux, les grands remèdes’’ ! Josué s’approprie cet adage populaire. « Le dossier est introduit, ça avance bien. Ils ne sont pas informés puisqu’ils ne veulent pas savoir, ni entendre parler de ça. Abdoul Bagué a été clair avec eux le dimanche avant le 26 juillet.

C’est une volonté manifeste de ne pas assumer ses responsabilités (Narcisse Ilboudo, commissaire général de la nuit de la CANA, ndlr). Il a dit qu’ils vont nous revenir. Mais il n’est plus revenu. Donc il y a sa décision qui est là, il a déjà pris une décision, maintenant si à l’amiable on ne peut pas le gérer donc on laisse la justice s’en charger ou bien ? », lance-t-il.

De son côté, le promoteur de la CANA, Narcisse Ilboudo, reconnait que les lauréats n’ont encore rien perçu. « Suite à des imprévus indépendants de notre volonté, la remise des lots est prévue en septembre », se veut-il bref. « Rassurez-vous, ils auront leurs récompenses. Nous tiendrons notre promesse », ajoute-il. Sur notre insistance sur la cause du retard et des différents reports, Narcisse Ilboudo n’a pas voulu faire de commentaires. « C’est personnel, merci bien », répond-il.

Somkieta Narcisse Désiré Ilboudo, commissaire général de la CANA

« Je répondrai »

Le promoteur ne se reconnait cependant pas dans l’étiquette d’un homme qui s’est replié dans le silence. « Des communications orales ont eu lieu à travers mon staff et les managers. Une lettre a été adressée à leur endroit. En résumé, je suis en déplacement hors du pays. Mon staff et moi avions eu plusieurs échanges avec les managers. Et la dernière remise est prévue en septembre », laisse-t-il entendre.

Ensuite, « on a eu des communications orales, téléphoniques, des messages, n’est-ce pas des formes de communication ? », s’interroge-t-il, avant d’ajouter : « Je respecte la décision individuelle de chacun. Tout comme je respecterai mon engagement ».

Une plainte est introduite par Josué, mais, Narcisse Ilboudo n’est pas au parfum de cette tournure. « Je ne suis pas au courant », affirme-t-il. Nonobstant, s’il venait à être interpellé un jour, « je répondrai », déclare-t-il.

Malgré tout, le promoteur de la CANA garde foi en son évènement. Il rassure que sa promesse sera tenue. « Tout business rencontre des difficultés. Le but est de respecter ses engagements finaux. Chaque lauréat aura son dû », ne cesse-t-il de répéter. Si Narcisse Ilboudo semble ne pas être inquiété face à la tournure juridique que prend l’affaire, Josué Bananzaro croit sortir la tête haute. « C’est en évolution. Ce qui est sûr seulement, vous allez entendre parler de ça », promet-il.

En rappel, l’édition de la CANA de 2020 a fait couler beaucoup d’encre et de salive. L’on se rappelle encore les propos de Dicko fils, qui était nommé dans la catégorie de l’artiste ayant effectué le plus de tournées au niveau national.

« Plus jamais mon nom dans nomination de CANA, plus jamais », avait écrit l’artiste sur sa page Facebook. Dans la même catégorie, l’affaire Amzy et Kayawoto, laisse toujours des traces de clash after nomination CANA. Sans oublier Smarty qui ne s’est pas reconnu lui-même méritant du trophée du meilleur artiste burkinabè influent sur les réseaux sociaux.

Article mis à jour. Lire aussi 👉🏿 Prix CANA 2020 : Des « partenaires » n’ont pas tenu leurs promesses

Akim KY 

Burkina 24 

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