Manifeste des filles lors du dialogue entre les filles et les décideurs à l’occasion de la journée internationale de la fille, 11 Octobre 2021

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Quelle est la situation des enfants aujourd’hui ?

Selon les chiffres de l’UNICEF datant de 2018, chaque sept secondes, un enfant est marié dans le monde. Plus de 12 millions de filles seraient mariées pendant leur enfance chaque année dans le monde. Et si rien n’est fait pour réduire le phénomène, plus de 150 millions d’autres filles seront mariées avant leur dix-huitième anniversaire d’ici à 2030.

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Au Burkina Faso la situation est aussi critique parce que le pays est considéré comme faisant partie des dix pays africains les plus affectés par le phénomène avec des indicateurs assez préoccupants : 52% femmes (soit 1 femme sur 2) a été mariée avant l’âge de 18 ans ; 10% des femmes ont été mariées avant l’âge de 15 ans ; et actuellement 31,5% des adolescentes sont mariées.

Pourquoi les enfants sont-ils mariés aussi jeunes ?

Les causes du mariage d’enfants sont multiples. Mais les principales sont à retrouver dans les normes et valeurs sociales entretenues par la coutume et la tradition au sein des communautés. Par exemple :

  • On donne la jeune fille en mariage pour éviter le déshonneur lié à une grossesse qui pourrait salir la réputation de la famille
  • On donne la jeune fille en mariage pour nouer des liens ou des alliances stratégiques avec d’autres familles considérées comme puissantes ou importantes
  • On donne la jeune fille en mariage parce qu’elle est considérée comme une charge pour la famille ;
  • On donne la jeune fille en mariage parce qu’il en a toujours été ainsi au sein de nos communautés.

Au regard de la gravité et de la récurrence du phénomène dans notre pays, il est plus que jamais urgent d’agir.

Pourquoi faut-il s’attaquer en urgence au mariage d’enfants ?

Le mariage d’enfants ne constitue pas seulement une atteinte grave aux droits fondamentaux des enfants, c’est aussi une pratique aux conséquences désastreuses pour l’avenir de l’enfant et au-delà de sa nation. A titre d’exemples :

  • Une fois mariés, les enfants ne peuvent plus poursuivre leur éducation et décider de ce qu’ils vont faire quand ils seront adultes ;
  • Une fois mariés, les enfants subissent des traumatismes ou sont exposés à des violences sexuelles et psychologiques répétées affectant du même coup leur santé ;
  • Pour les Nations Unies, l’impact économique de cette pratique est presque vertigineux parce qu’on évalue à plus de neuf (09) milliards de FCFA le manque à gagner pour les Etats.

En 2015, le Burkina Faso a adopté une stratégie nationale visant à faire reculer de 20 % le mariage précoce d’ici à 2025. Mais cet objectif paraît trop faible et trop lointain, surtout que le contexte humanitaire aggrave la vulnérabilité des filles. Le Burkina Faso a pour obligation, au titre du droit international, d’agir immédiatement et de façon durable pour éliminer le mariage d’enfants et les nombreuses atteintes aux droits fondamentaux des filles que cela entraîne.

Que faut-il faire ? Que réclamons – nous ?

Nous enfants et jeunes filles du Burkina Faso, réunis à ce dialogue à l’occasion de la commémoration de la journée internationale de la fille ce 11 octobre 2021, demandons :

Au Ministère de la Justice, des Droits humains et de la Promotion civique

  • Accélérer la relecture du code des personnes et de la famille (CPF) dont il a le leadership dans la conduite du processus ;
  • Organiser avec diligence une large concertation nationale pour valider l’avant-projet de CPF avant son adoption en projet de loi par le gouvernement, d’ici à la fin de l’année 2021.
  • Soumettre le projet de loi portant CPF à l’assemblée nationale pour adoption dans les meilleurs délais ;
  • Collaborer avec les autres ministères concernés pour une pleine réalisation des droits des filles au Burkina Faso.

Au Ministère de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire

  • Soutenir l’agenda du Ministère de la Justice afin d’accélérer et finaliser le processus de relecture du CPF ;
  • Apporter son appui et être le porte-voix des enfants à toutes les discussions et lors de la prise de grandes décisions concernant les filles.

Aux Partenaires Techniques et Financiers

  • Apporter un soutien technique et financier à la tenue de la large concertation entre les parties prenantes au CPF afin de faciliter le processus de relecture du CPF dans son ensemble ;
  • Continuer à soutenir les organisations nationales pour la mise en œuvre de programmes ambitieux visant à intensifier la diffusion de l’information et la sensibilisation pour la fin du mariage d’enfants et la promotion des droits des filles en général

Aux organisations de défense des droits des enfants

  • Poursuivre les efforts de plaidoyer auprès du gouvernement afin que la fin du mariage d’enfant soit toujours au cœur de l’agenda politique du gouvernement
  • Associer les enfants, à toutes les étapes clés de ce processus afin de faciliter le plaidoyer avec les enfants et par eux-mêmes.

Les enfants ont aussi des droits et c’est notre responsabilité à tous de les respecter et de veiller à leur pleine mise en œuvre. Ensemble nous pouvons leur donner la chance, à tous ces enfants, victimes silencieuses de cette pratique de grandir, de s’épanouir et de contribuer à la construction du Burkina Faso de demain.

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