Dr Ra-Sablga Ouédraogo : »La vertu a été évincée par le dieu-argent qui gouverne les processus électoraux »

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Ouagadougou abrite du 4 au 11 décembre 2021, la 16e édition du festival Ciné droit libre. C’est dans le sens des activités entrant dans le cadre de cet évènement que les promoteurs dudit festival ont organisé un débat démocratique sur le thème : « Quelle démocratie pour nos enfants ? », le lundi 6 décembre 2021. 

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Intervenant en sa qualité de paneliste, Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo note que le processus des démocraties africaines a connu un renouveau au début des années 1990 et qui a constitué la troisième vague démocratique.

« Et cette troisième vague démocratique a vu de belles choses se réaliser sur notre continent qui est d’abord le recul de la violence politique, même si de temps en temps, on la voit. C’est aussi les processus démocratiques qui ont fait du progrès dans la procédure démocratique notamment la transparence des élections, la participation plus ou moins inclusive, les libertés politiques et civiles », a-t-il agencé

Selon lui, ces progrès démocratiques sont à mettre en balance compte tenu de certains contre-points. Parmi ces facteurs qui empiètent sur la mise en application dans la démocratie à travers le monde et en Afrique en particulier, Ra-Sablga Seydou Ouédraogo affirme que les études prouvent que depuis 2015 la démocratie est en recul. « Sur notre continent ou sur la sous-région, vous voyez des retours en arrière avec les coups d’Etat par-ci, des remises en cause par-là, et les tripatouillages constitutionnels », a-t-il notifié.

Il a poursuivi que si les Africains en matière de démocratie se focalisent seulement  sur la manière dont se tiennent  des élections, ils ne font qu’une lecture superficielle de celles-ci. Il avise que la démocratie est plus profonde et si l’on fait un examen approfondi du terme, on aura une série de divorces qui, à l’entendre, sont des points majeurs et permettent de faire le diagnostic de la crise démocratique que connait le continent.

Le premier diagnostic qu’il dévoile c’est le clivage les élites et les populations qui fait que des élites administratives et politiques s’offrent des trains de vie qui n’ont rien à voir avec les conditions précaires qu’endurent les populations.

« Vous savez très bien que dans notre pays, on achète des V8 à plusieurs dizaines de millions pour des ministres qui nous expliquent que c’est tout à fait légal. C’est tout à fait légal mais ça montre le mauvais fonctionnent de notre démocratie qui nourrit un Etat pas du tout modeste, un Etat en bourgeoisie avec des élites politiques qui sont dans le beurre aux frais du peuple », a-t-il déclaré.

Dans notre pays, renseigne-t-il, un Burkinabè sur sept est dans la souffrance alimentaire, un Burkinabè sur dix est hors de chez lui, parce qu’il est déplacé interne. Le deuxième divorce qu’il évoque c’est le poids de l’argent dans la sélection des gouvernements.

« C’est un divorce parce que la vertu démocratique est fondée sur l’égalité et la délibération à partir des idées pour choisir les plus vertueux pour diriger la société. Aujourd’hui, la vertu a été évincée par le dieu-argent  qui gouverne les processus électoraux », a-t-il déploré.

Le troisième divorce selon Dr Ouédraogo, c’est entre les campagnes et les villes. Il explique qu’il y a inégalité totale entre les campagnes et les villes, les campagnes élisent et les villes gouvernent, affirme-t-il. Le quatrième divorce donne-t-il c’est la différence entre les aspirations des populations et l’efficacité des politiques publiques dans la démocratie. Ce sont là, selon Seydou Ouédraogo les maux qui minent la mise en œuvre de la démocratie en Afrique.

À l’écouter, nous sommes dans un système où la sélection des dirigeants est biaisée et qu’il faut le changer. « La démocratie n’est pas une technologie figée, fabriquée par quelqu’un et qui vous dit voici le paquet pour l’adopter, il faut la mettre dans un téléphone comme une puce dès qu’on allume, on a le réseau. Ce n’est pas comme ça la démocratie. La démocratie c’est  des luttes socio-culturelles de perfectionnement qui s’inspirent des expériences des autres mais qui sont fondamentalement parties du substrat culturel des peuples », a-t-il argumenté.

Willy SAGBE

Burkina 24

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