Norbert Zongo : L’hommage du mouvement « Endogène » à travers un panel
« La liberté d’informer, le droit de penser », slogan du journal l’Indépendant en son temps, est également le thème autour duquel a été organisé, ce jeudi 16 décembre 2021 au siège du mouvement Endogène, à Ouagadougou, un panel pour rendre hommage au journaliste d’investigation Norbert Zongo et trois de ses compagnons assassinés le 13 décembre 1998 à Sapouy.
Le premier panéliste, Boukari Ouoba, Rédacteur en chef du Journal Mutations, a contribué à développer le présent thème au travers du sous-thème : « Quel journalisme et quel journaliste dans un pays en guerre ? ».
Cette interrogation l’a conduit à parler du comportement du journaliste en temps de guerre. Et, de ce comportement à avoir, il distingue deux groupes soutenant chacun une position sur la question. « Un premier groupe, qui pense que le journaliste doit être le même, que ce soit en temps de guerre ou en temps de paix et qu’il doit avoir une boussole qui est la charte d’éthique et de déontologie.
Le second groupe, pense qu’il y a lieu que les journalistes puissent avoir une conduite qui s’adapte à une situation de guerre ». Boukari Ouoba, s’alignant sur cette seconde pensée, estime qu’il faille en plus une conduite qui tienne compte des exigences, des règles du métier. Car, dit-il, le Dieu du journaliste, c’est la vérité.
Le directeur de la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB/télé), Jean Emmanuel Ouédraogo, a, quant à lui, traité du « Journalisme et géopolitique : rôle des médias publics dans la construction de l’image du Burkina dans un contexte de guerre ».
Selon lui, le journalisme et les médias de façon générale constituent des outils centraux dans la géopolitique, dans les relations entre Etats, dans la volonté des Etats de contrôler des espaces pour pouvoir faire prospérer leurs intérêts. Malheureusement, regrette-il, cette guerre des grandes puissances se fait dans d’autres Etats. « La Lybie, la Syrie et le Sahel », a-t-il cité en exemple.
Il fait savoir que dans cette guerre, les médias, pour chaque pays, constituent des instruments centraux de la géopolitique. Il en veut pour preuve, la Radio France internationale (RFI), la télévision France 24 et TV5, qui sont rattachées au Quai d’Orsay (ministère des affaires étrangères de la France).
Le rôle des médias publics et même nationaux dans la construction de l’image du Burkina dans un contexte de guerre sera alors de montrer une facette contraire de ce qui est quotidiennement relayé comme informations (de nature à saper le moral des populations) sur d’autres médias internationaux.
« Bien sûr, ce n’est pas de dire que les choses vont ; quand les choses ne vont pas, il faut le dire. Mais, c’est important de montrer que dans ce contexte il y a aussi des choses qui continuent de fonctionner », a-t-il tenu à préciser. Pour que les médias arrivent à jouer ce rôle, le directeur de la RTB estime qu’il faut leur donner une certaine crédibilité.
« Que tous les acteurs (autorités politiques, militaires…) se recentrent sur les médias publics et nationaux, parce que l’information que vous allez donner à la télévision nationale ou au journal Mutations et autres ne sera pas traitée de la même manière que l’information donnée à RFI, à France 24… », a-t-il recommandé.
« Doit-on limiter la liberté d’expression et d’opinion en temps de guerre ? ». Sur la question, Me Edasso Bayala, Avocat et député, a d’emblée fait percevoir trois sortes de limites : la limite sociale, la limite légale et la limite déontologique.
Pour Me Edasso, il faut tirer conséquence du contexte sécuritaire pour apporter des limites à la liberté d’expression et d’opinion. « Si ce sont des limites hors la loi, je dirais non, il n’est pas nécessaire de tirer justification du contexte sécuritaire pour limiter la liberté d’expression et la liberté d’opinion.
S’il s’agit de limites légales dans le sens de réviser la loi et d’y apporter de nouvelles limites, cela est possible parce que ça se fait déjà. Beaucoup de lois limitent la liberté d’expression et d’opinion, entrainant un cadre légal en dehors duquel ce droit d’exprimer librement sa pensée peut constituer des infractions », a-t-il mentionné.
Il a conclu son intervention en soutenant : « Oui, limiter le droit à la liberté d’expression et d’opinion, dans le sens du musèlement, de lui donner un contenu que l’on veut, on peut répondre par la négative. Par contre, accepter que cette liberté d’exprimer sa pensée se fasse dans le cadre des limites sociale, communautaire, déontologique et légale, on peut répondre par l’affirmative ».
Harouna Kaboré, président du mouvement « Endogène », à l’entame de ce panel, a situé le cadre dans lequel il se tient à savoir la commémoration des 23 ans de l’assassinat du Journaliste Norbert Zongo et trois de ses compagnons.
Tambi Serge Pacôme ZONGO
Burkina 24
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