Burkina : Ezéchiel DAYAMBA écrit au Lieutenant-Colonel Paul-Henri Sandaogo DAMIBA

publicite

Ceci est une lettre ouverte au Président du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) le Lieutenant-Colonel Paul-Henri Sandaogo DAMIBA, Chef de l’Etat.

Monsieur le Président,

La suite après cette publicité

Vous venez de faire le pas que beaucoup n’ont pas osé ou pu faire ; vous venez de décharger votre prédécesseur d’un poids lourd et difficile à porter, et vous avez posé cette charge sur vos épaules. Nous avons une joie réservée pour cet acte mais nous vous en remercions et vous encourageons.

Monsieur le Président,

Votre défi est plus grand que celui de l’ancien Président Monsieur Roch Marc Christian KABORE.

POURQUOI ?

Parce que tout le monde voyait que Roch ne pouvait plus faire quoi que ce soit pour nous faire sortir de ce bourbier. Pendant que certains comme nous pensaient que quelqu’un d’autre pouvait mieux faire le job, d’autres disaient ceci et je cite : « quand vous demandez la démission de Roch là ho, s’il part et que quelqu’un d’autre prend sa place, est-ce que vous êtes sûr que cette personne pourra mieux faire que lui ? » et naturellement, nous répondions par l’affirmative. Peut-être que vous n’avez jamais pensé devenir Président du Faso et que c’est un don de Dieu sans votre préparation personnelle qui a fait de vous chef de notre pays. Et en fait, ceux qui demandaient à l’armée de prendre ses responsabilités voulaient une personne comme vous : « Sorti de nulle part » c’est-à-dire qui n’était pas connu et acteur avec le pouvoir de Roch.

En tout état de cause, sachez que si nous attendions que Roch ait 14/20, sachez que nous attendons de vous entre 18/20 et 20/20.

Nous vous applaudissons comme à un mariage, tout en sachant (pour ceux qui sont lucides) que le mariage c’est juste le jour de départ, c’est le début des choses.

Monsieur le Président,

Je suis à Fada N’Gourma, nous n’avons pas de routes, mais les routes peuvent attendre. Nous n’avons pas un hôpital digne de ce nom, mais ça aussi, ça peut attendre.

Vous savez ce que nous attendons de vous ?

Je voudrais pouvoir quitter Fada N’Gourma à moto vers 18h pour aller dormir à Pama, sans avoir la crainte de croiser un HANI en route comme au bon vieux temps.

J’aimerai pouvoir aller rendre visite à ma belle-famille dans la Tapoa vers Logobou jusqu’à Djabonli. J’aimerai pouvoir repartir à Markoye devant Gorom-Gorom, ville que j’ai visitée en 1997.

Il y avait des boutiques et kiosques qui étaient ouverts 24h sur 24 à Fada N’Gourma. J’aimerai pouvoir être dans mon lieu de travail pour faire beaucoup de photocopies et qu’à 2h du matin, pouvoir aller acheter un jus dans ces boutiques-là. (Notre Couvre-feu sur 3 ans a prouvé son inefficacité…) Je voudrais que mes cousins m’appellent de Margou, mon village natal dans la province de la Gnagna et me disent : Ezéchiel, l’école est fonctionnelle à nouveau. Et moi de répondre : Dieu merci ! et que j’ajoute : On m’a dit aussi que les élèves de Madjoari aussi ont repris les cours.

C’est mon souhait, c’est le souhait de près de 20 millions de Burkinabè.

Monsieur le Président,

Je suis né quand le pays s’appelait Haute-Volta. Et le président de que j’ai connu et admiré, et moi, et des millions de Burkinabé, c’est Thomas Sankara.

Vous n’êtes pas Thomas Sankara, vous n’en avez pas besoin. Vous êtes Paul-Henri Sandaogo DAMIBA, et vous êtes la personne du moment. Mais pourquoi je parle de Sankara ?

Parce que c’est un modèle de lutte contre la corruption.

Monsieur le Président, j’ai dit ceci à quelqu’un avec qui je parlais : si je deviens Président, je vais faire en sorte que même si quelqu’un brûle seul le feu la nuit sans témoin, lui-même viendra le lendemain à la Police pour se dénoncer… C’est un rêve, c’est de l’humour… Je vous l’accorde. Mais ce que je souhaite, c’est de voir que les gens même s’ils n’abandonnent pas complètement la corruption, qu’ils aient peur de pratiquer la corruption au vu et au su de tous comme si c’était légal et bien. Que n’importe quel entrepreneur puisse avoir un marché de l’Etat sans problème du moment que son entreprise est en règle. Que les 10% disparaissent simplement.

J’admire un Directeur d’un service qui m’a dit ceci rien qu’en 2021 quand j’ai eu un marché dans son institution (un service étatique) : « Monsieur DAYAMBA, ne donnez rien à personne, vous ne devez rien à personne même pas à moi. Faites bien votre travail, c’est tout… » Ce type de personnes sont rares mais ça existe toujours dans ce Burkina Faso de 2022. Et je souhaite que vous amorcez ce processus de « dressage forcé » des Burkinabè à devenir de vrais Burkinabè (hommes, femmes et enfants intègres)

Comment y arriver ? Je n’ai pas une potion pour ça mais je pense que vous devez travailler à rendre mal à l’aise ceux qui sont dans la corruption. Vous devez sévir sans complaisance contre ceux qui distribuent de l’argent pour arriver à leur fin. Vous devez « mater » le corrupteur et le corrompu et si vous n’avez pas le temps, préparer la chicotte pour que votre successeur l’utilise, veut ou pas.

Monsieur le Président,

Voici un grand piège ouvert : les hommes politiques. Si j’avais 8 ans et que j’étais naïf, j’allais demander la dissolution pure et simple des parties politiques et l’autorisation de seulement 5 partis maximum (les courants ou idéologies politiques dans la démocratie ne valent pas 100 !). Nous économiserons beaucoup d’argent dans la subvention des partis politiques. Mais je ne peux pas penser que ce soit possible. Mais, Monsieur le Président, vous m’avez compris !

Monsieur le Président,

FACEBOOK en particulier et les réseaux sociaux de façon générale sont comme un couteau à double tranchant. Quand vous n’y mettez jamais pieds, vous risquez de ne pas savoir ce qui se passe vraiment au Burkina Faso. Si vous y êtes en permanence, vous allez être conduit dans le décor. Que faire ? Aller de temps en temps, et ne regardez pas que Burkina24, ou Faso.net, ou Oméga TV ou RTB et le journal « Le pays » seulement, suivez aussi l’élève qui s’exprime dans son français truffé de fautes, suivez de temps en temps le vendeur de téléphones portables de Zabr-Daaga et la vendeuse de légume à Bobo qui se plaint.

Je vous transmets un conseil qu’un vieil homme qui n’est plus de ce monde m’a donné : ayez un ami qui n’a pas peur de votre titre et qui peut vous dire la vérité. Il peut être sans diplôme, un citoyen ordinaire, un frère, un cousin, un beau-père, etc. Les rois qui ont réussi leur règne ont toujours eu une telle personne dans leur royaume. Un proverbe en Gulmancema dit ceci « Bi ya dina li bali, baa dina mi yama ka ! » (Quand on te donne le pouvoir, on ne t’a pas donné la sagesse) C’est à vous de rechercher maintenant la sagesse pour gérer le pouvoir qui vous a été donné.

Ceux qui vous lèchent les bottes sont ceux qui vont vous trahir soit demain soit dans 5 ans, mais ils vous trahiront c’est sûr.

Monsieur le Président,

Ai-je besoin encore de vous dire de « militariser » le pays ?

Ais-je besoin de vous suggérer de revoir à la hausse les émoluments et primes des hommes sur le terrain ? (je n’ai aucun parent, proche ou personne affiliée quelconque qui soit FDS)

Ai-je besoin de vous conseiller de recruter par millier des jeunes soldats, là où les ennemis du Faso iront recruter ?

Ai-je besoin encore de vous dire de faire attention à tout politicien qui a une expérience de plus de 10 ans ?

Je pense que vous savez ces choses déjà !

  • L’Informaticien vous dira, démarrez l’ordinateur en « Mode sans échec » pour pouvoir désinstaller les programmes qui font « beuguer » l’ordinateur. Puis redémarrer votre ordinateur en mode normal.
  • Le couturier vous dira : les mesures ont été déjà prises, le tissu est disponible, asseyez-vous sur la machine et piquez !
  • Le médecin vous dira : cher accompagnant (vous, monsieur le Président), votre malade (le Burkina) souffre d’une maladie dont il peut guérir. Veillez seulement à ce qu’il prenne ses médicaments convenablement.
  • La vieille du village vous dira en Gulmancema : « N biga, UTienu n pa ŋan li miafoagli han fidi ki ñani ti ya yema n yene ya niinini » En d’autres terme, elle vous souhaite d’avoir longue vie pour nous faire sortir de cette situation (nous aussi, nous avons le même souhait)

N’oubliez pas, Monsieur le président, les Burkinabè ne haïssaient pas Roch Kaboré. Ne faites donc pas qu’on vous haïsse, cherchez une justice sans méchanceté.

La question « thermomètre » qui permet de faire la différence entre un bon et un mauvais président c’est « L’AMOUR POUR SON PAYS » (vous l’avez exprimé dans votre discours) Monsieur le Président, aimez-vous le Burkina Faso ? Pouvez-vous passer une nuit blanche parce qu’un convoi a été attaqué ? Êtes-vous prêt à refuser tout compromis dans le seul et unique intérêt du Burkina Faso ? Allez-vous perdre du poids parce que des FDS et des civils meurent ou souffrent ? Je souhaite que Oui. Et si c’est Oui, alors comme on le dit dans le théâtre : Merde !

Monsieur le Président,

Vous avez la lourde tâche de poser les bases d’un Burkina nouveau. Feu J. J. Rawlings disait ceci : « Ce dont nous avons besoin dans ce pays, c’est de faire en sorte que si le diable lui-même venait à gouverner le Ghana, certaines procédures, certaines pratiques l’empêcheraient de faire ce qu’il veut. Il serait obligé de faire ce que le peuple veut »

Ayez en mémoire la transition et l’après transition de 2014-2015…

N’ayez pas peur de la Communauté Internationale, ayez de la révérence pour le Burkinabè riche ou pauvre, c’est lui que vous servez, c’est lui qui peut faire la pluie et le beau temps, c’est lui qui peut vous défendre face à l’extérieur.

Je termine en vous rassurant que nous (qui aimons vraiment le Burkina Faso) allons critiquer, interpeler, applaudir ou compatir dans le respect de votre personne et des règles en la matière. Nous le ferons pour que ça marche, ne l’oubliez pas ! C’est pour que ça marche.

Si je suis dans un car de Fada pour Ouaga et que, arrivé à Sapaga le car prenne la route en direction de Pouytenga, je vais surement parler et dire que nous sommes censés aller à Ouaga. Si le chauffeur, lui, sait que la route normale est barrée, c’est à lui d’expliquer simplement pour que je reste confiant. S’il y va pour prendre du carburant, c’est à lui de nous expliquer. Il ne faudrait pas me dire : attendez à la fin pour me juger.

C’est ce que le pouvoir qui vient de tomber a voulu faire et au lieu de Ouaga, nous nous sommes retrouvé à Zabré. Dans l’avion, chaque voyage est comme l’unique ou encore le plus important. C’est pour cela que les avions font rarement des accidents. On vous explique tout ce qu’il faut expliquer, on vous donne le nom du pilote, les consignes de sécurité, et on vous prévient des zones de turbulence. Soyez un bon pilote Monsieur le Président !

Bref,

Monsieur le Président,

Que Dieu vous aide à réussir. Aidez Dieu et les Burkinabè à vous aider.

N’ouvrez pas de façon permanente votre porte mais ne la gardez pas hermétiquement fermée 24/7. Restez dans le juste milieu.

Que Dieu vous bénisse, que Dieu bénisse le Burkina Faso et que Dieu paralyse les ennemis du Burkina Faso.

Monsieur le Président, vous n’avez pas beaucoup de temps, mais lisez cette lettre vous-même, elle est pour vous !

Je suis Ezéchiel DAYAMBA, Simple citoyen

Cel : 72721010 et 77778800

Email : [email protected]

Secteur 7 Fada N’Gourma

Écouter l’article
❤️ Invitation

Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Burkina 24 Suivre la chaine


Restez connectés pour toutes les dernières informations !

publicite


publicite

B24 Opinion

Les articles signés B24 Opinion sont soumis par nos lecteurs et/ou des libres penseurs et n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
×