Procès Sankara : « J’accuse Blaise Compaoré » (Procureur militaire)
Le Parquet militaire a pris des réquisitions dans le cadre du procès Thomas Sankara et ses 12 compagnons, ce mardi 8 février 2022 au tribunal militaire de Ouagadougou. Le parquet a demandé d’acquitter 5 accusés et a requis des peines allant de 3 à 30 ans contre 9 autres.
Le Parquet a demandé d’acquitter les médecins-militaires Alidou Jean Christophe Diébré, colonel à la retraite le Hamado Kafando, Colonel-major à la retraite, pour prescription de l’action publique. Ils étaient accusés de « faux en écriture publique ».
Et ce, pour avoir respectivement établi les certificats de décès de Thomas Sankara en 1988 en y mentionnant « mort naturelle » et de celui de Compaoré Bonaventure en 1991 sous la mention « mort accidentelle ». Ces derniers avaient avoué devant le tribunal avoir fait un acte humanitaire sous la demande des veuves des défunts concernés pour des formalités administratives.
Le Parquet demande aussi d’acquitter Ouédraogo Tibo, Belemlilga Albert Sibidi, et Deme Djakalia pour infraction non constituée. Ils étaient membres de l’Escadron Motocycliste Commando (EMC) de Pô au moment des faits.
« Aucun élément du dossier ne nous permet de dire qu’ils avaient connaissance du complot même s’ils ont reçu l’ordre d’aller neutraliser la FIMATS », a indiqué le parquet. Le ministère public les a déchargés du chef d’accusation d’attentat à la sureté de l’Etat qui leur était reproché.
« J’accuse Blaise Compaoré et je l’indexe de mon doigt accusateur »
Cependant les faits sont bien constitués, selon le parquet, pour sanctionner les 9 autres accusés. Le Parquet a requis 30 ans de prison ferme contre Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando. Les faits d’attentat à la sureté de l’Etat, de complicité d’assassinat, de recel de cadavre sont bien reprochables à Blaise Compaoré, selon le parquet.
« J’accuse Blaise Compaoré et je l’indexe de mon doigt accusateur de l’un des crimes les plus graves qu’est l’attentat à la sureté de l’Etat. Je l’accuse aussi d’avoir ordonné l’assassinat de Thomas Sankara, le président du CNR ainsi que les 12 autres, et d’avoir recelé les cadavres des 13 personnes tuées », a laissé entendre un membre du parquet.
Kafando Hyacinthe est celui qui a dirigé le commando pour l’assaut sur le conseil, selon le dossier et les témoignages notamment d’Elysée Yamba Ilboudo ; celui-là même qui a conduit l’un des véhicules des assaillants avec à bord Hyacinthe Kafando comme chef de délégation. Selon le parquet, les faits d’attentat à la sureté de l’Etat et d’assassinat sont bien reprochables à l’ex chef de la sécurité de Blaise Compaoré et requis 30 ans de prison ferme contre lui.
« Notre plus grand regret est que la justice a attendu longtemps pour instruire le dossier Thomas Sankara »
20 ans de prison ferme ont été requis contre le Général Gilbert Diendéré, présenté comme l’homme de confiance de Blaise Compaoré et chef d’orchestre du complot contre Sankara. « Il est celui-là qui a permis la réalisation du complot en s’associant au comportement criminel. Je l’accuse d’avoir été complice par abstention.
Il n’a rien fait pour empêcher la réalisation du crime », a dépeint le parquet. En tout, le Général, selon le Procureur militaire, s’est aussi rendu coupable dans les faits d’attentat à la sureté de l’Etat, de complicité d’assassinat, de complicité de recel de cadavre et de subornation de témoin.
20 ans de prison ferme c’est aussi la sanction requise contre Traoré Bossobè présenté comme celui-là qui a donné l’alerte de l’arrivée du président Sankara au Conseil le soir du 15 octobre 1987 alors qu’il était membre de la garde du président. Même peine pour Sawadogo Idrissa, Ouédraogo Nanonswindé aussi membre de la sécurité de Blaise Compaoré faisant partie du commando qui a exécuté le crime.
11 ans de prison ferme contre Élysée Yamba Ilboudo, le seul, selon le parquet qui a reconnu sa participation aux faits en conduisant l’un des véhicules pour aller à l’assaut au conseil. Quant à Palm Aldjouma Mori Jean Pierre, 11 ans de prison assortie de sursis ont été requis contre lui.
Car reconnu coupable des faits d’attentat à la sureté de l’Etat, le parquet le présente comme celui qui a procédé aux arrestations, dans le but de consolider le coup d’Etat du 15 octobre 1987.
Il est aussi indexé par beaucoup de témoins d’avoir désactivé la table d’écoute de la gendarmerie, et d’être l’auteur des répressions des prisonniers politiques suite aux faits. 3 ans de prison ferme et 900 000 francs d’amende requis contre Tondé Ninda Pascal alias Manganaaba, qui s’est rendu coupable des faits de subornation de témoin.
Pour finir, le parquet a demandé un mandat de dépôt contre les accusés reconnus coupables et le maintien du mandat d’arrêt contre Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando qui sont toujours en cavale.
Le procureur militaire a conclu en ces mots : « Notre plus grand regret est que la justice a attendu longtemps pour instruire le dossier Thomas Sankara. Nous avons aussi le grand plaisir de voir cette même justice se saisir du dossier malgré les turpitudes pour permettre aux orphelins et aux veuves de soulager leurs consciences et aussi pour permettre de dire le droit ».
Akim KY
Burkina 24
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