Madou Dossama : « C’est la première fois qu’un entraîneur national puisse atteindre ce niveau » à la CAN
Afin de s’imprégner des réalités du Football africain en général et celui du Burkina Faso en particulier, nous avons contacté l’ancien international Burkinabè Madou Dossama. Reconverti coach en développement personnel, Madou Dossama ou Doss attitude réside actuellement au Togo. Ce vétéran du football burkinabè s’est attelé sur le football national et formule des suggestions pour un avenir « positif » du football africain. Détails sur l’entretien à suivre.
Burkina 24 (B24) : Qui est Madou Dossama ?
Madou Dossama (MD) : Madou Dossama ou Doss attitude est un coach en développement personnel, ancien footballeur professionnel du Burkina Faso. Je suis né à Dapoya et j’ai fait mes études secondaires au lycée Philipe Zinda Kaboré. Âgée de 49 ans, Je suis marqueteur de formation, ancien Joueur de l’Etoile Filante de Ouagadougou (EFO) et des Etalons.
J’ai fait la CAN 2000 et celle de 2002 avec 15 ans de carrière soit 10 ans en équipe nationale de 1992 à 2002 et 12 ans en club. Je réside aujourd’hui au Togo. Cela fait 11 ans que je suis dans la communication, dans la publicité et l’imprimerie. Je suis aussi coach en entreprenariat et en leadership, coach de couple et de Football.
B24 : Parlez-nous brièvement de votre carrière de footballeur ?
MD : En toute humilité, J’ai eu une carrière modeste. Je n’ai pas été professionnel parce qu’à l’époque ce n’était pas évident. Donc j’ai débuté ma carrière en 1992 et a été fidèle à un seul club, l’EFO (l’Etoile Filante de Ouagadougou, ndlr). J’ai débuté mon 1er match avec l’EFO, un match amical international contre l’ASEC d’Abidjan qui était entraîné par Philippe Troussier à l’époque.
Il y avait de grandes figures comme Abdoul Traore Ben Badi, ils partaient pour disputer la Coupe d’Afrique des Clubs Champions. Ils ont fait une halte à Ouaga et ont joué contre l’EFO, un match de préparation. C’était mon 1er match en tant que stoppeur.
Nous avons gagné le match 2 buts à 0. C’est après ce match que ma carrière a débuté. Parce que j’ai pu empêcher Ben Badi de développer son jeu. C’est Ainsi que j’ai été appelé en équipe nationale par Idrissa Traoré dit saboteur. Bref une carrière essentiellement faite au pays qui m’a permis d’être fidèle à l’EFO de 1992 à 2014. Cependant de 1993 à 1994 j’ai fait un tour chez le rival ASFA Yennega, à l’époque c’était impensable.
Je suis rapidement revenu à la maison en 1995 jusqu’à la fin de ma carrière en 2014. J’ai intégré l’encadrement technique où j’ai été champion en tant qu’entraîneur assistant lors de la saison 2007-2008. À l’issue de cela je me suis exilé du coté de Lomé avec ma famille où j’ai embrassé le métier de communicateur marqueteur. Je suis aussi consultant en football sur des chaines de radio (Sport FM) et télévision (NEW WORLD TV).
B24 : Quelle est votre lecture du football burkinabè actuel ?
MD : Beaucoup de choses se sont passées depuis. A notre temps, gagner un match de football en CAN n’était pas chose évidente. Aujourd’hui, on voit notre équipe nationale qui discute la finale de la CAN.
En 2017, on a été aussi 3ème. C’est un avancement significatif. Si on revient aux clubs je peux comprendre le scepticisme et la vision de certains qui est très maigre. Le football a évolué, il va falloir que nous suivions cette évolution non seulement en management et aussi au niveau des mentalités des clubs.
B24 : Comment avez-vous trouvé la participation des Etalons à la CAN 2021 ?
MD : Ce qu’on peut retenir du parcours des Étalons, c’est d’abord un parcours globalement satisfaisant. Personne n’attendait les Etalons à ce niveau de la compétition.
L’entraîneur avait un objectif qui lui avait été assigné, c’est passer les phases de groupe et arriver au moins en quarts de finales. Je suis satisfait parce que d’abord l’équipe a été rajeunie après les périples de 2017 et c’était pas évident de pouvoir le réussir.
Aussi c’est la première fois qu’un entraîneur national puisse atteindre ce niveau. Je suis aussi satisfait du fait que nous avons pu tenir tête à certaines supposées grandes nations du football. Parmi les 54 États nous faisons partie du carré donc ça veut dire que ça va. Mais cette satisfaction ne me fait pas oublier la façon dont nous avons perdu le match face au Cameroun. Ça veut dire qu’il y a toujours du boulot à faire. Si nous voulons remporter cette coupe, il va falloir dépasser certaines choses liées à l’émotion, liées à la gestion, liées au coaching. C’est des détails qui peuvent être peaufinés.
B24 : Comment occupez-vous vos journées à la retraite ?
MD : Mes journées sont très pleines. Je suis un retraité du football mais pas de la vie active. Beaucoup de footballeurs n’ont pas eu le temps de préparer leur retraite. Ma 1ère préoccupation c’est de pouvoir mettre en place des stratégies qui permettront d’améliorer la vie des anciens footballeurs au pays.
Je remercie mon papa qui a toujours insisté pour que j’ai un diplôme avant la carrière de foot et cela m’a permis de me réinscrire pour continuer les études supérieures et gagner aujourd’hui ma vie. Grâce à cela j’ai eu une vie de communicateur. Aujourd’hui j’entame une carrière dans l’accompagnement en terme de coaching de vie, motivateur, marketing digital, placement des personnes dans les entreprises et coach sportif. Je n’ai jamais été aussi occupé de ma vie.
B24 : Avez-vous des regrets ou des nostalgies du terrain de football ?
MD : Je vis à fond les choses. Je ne regrette rien. Quand j’étais footballeur, je l’ai vécu à fond et aujourd’hui avec mes nouvelles fonctions, j’en fais pareil. Le football ne me manque pas parce que j’ai un diplôme d’entraineur que j’exerce et je suis aussi consultant. Je joue tous les matins avec les anciens donc je continue le sport même si l’intensité n’est plus la même.
B24 : Un dernier mot ?
MD : Pour les équipes d’Afrique ça sera prétentieux de donner un conseil vu la diversité des équipes et leur formation. Par contre il y a une batterie de choses qui doivent permettre de le réussir. Si aujourd’hui une équipe africaine n’est pas championne du monde ce ne pas un hasard.
Si vous avez remarqué, nous avons et avions eu de très bons joueurs africains. Le footballeur africain est doté d’une intelligence naturelle en matière de football. Après, le foot est collectif, il faut savoir mettre toutes ses qualités ensemble et c’est ce que nous n’avons pas encore réussi à faire. On est encore très loin du but parce qu’en Afrique on n’a pas encore fini de gérer nos problèmes politiques et de pauvreté. Il faut que nous puissions apprendre à être très organisés. Après cela, toujours se fixer des objectifs décennaux. Laissez-moi vous dire que le chemin est toujours long pour nous…
Propos recueillis par Abdoul Gani BARRY
Burkina 24
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