Tribune I « Prestation de serment : Et si le Conseil Constitutionnel faisait marche arrière ? »

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Ceci est une tribune de El Hadj Idrissa DIARRA, Politiste et Géographe Planificateur, sur la situation nationale.

Quel mot trouver pour convaincre les Juges du Conseil Constitutionnel (CC) d’annuler leur décision d’organiser une cérémonie d’investiture du nouveau chef de l’État, Président du Faso ?

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Visiblement, cette intention ne repose pas sur une base légale. L’action en perspective sort du cadre de la matière du droit pour s’insérer plutôt dans le champ d’une matière voisine: l’action politique.

Par conséquent, l’engager serait plutôt faire « ponctuellement » de la politique. Certes un acte ponctuel qui se dessine mais il n’en demeure pas moins que ses conséquences seraient démesurément graves, incalculables, durables et même indélébiles.

C’est pourquoi même après coup, cette action risque de n’avoir aucune vraie solidité souhaitée par son géniteur/initiateur. En outre, elle exposerait à un risque fort dangereux d’affaiblissement de la crédibilité de l’institution Conseil Constitutionnel auprès d’une certaine opinion nationale et au-delà, auprès des institutions internationales respectables.

Même si la Constitution a été réactivée (rétablie), on ne peut perdre de vue qu’elle cohabite aujourd’hui avec l’Acte Fondamental du MPSR (Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration).

Il est doublement utile de ne pas se faire d’illusion sur la nature du système politique actuellement en vigueur pour espérer adroitement marcher avec lucidité vers les horizons recherchés. En terme plus clair, tâchons de ne pas nous tromper en pensant être dans un régime démocratique. Il s’agit d’un régime politique d’exception, hybride, plutôt engagé dans la recherche de ses marques grâce aux efforts conjugués des militaires et des civils «acquis pour la cause de la démocratie et ses vertus.»

Que ce soit la Constitution ou l’Acte Fondamental du MPSR, aucune disposition n’attribue au Conseil Constitutionnel, la prérogative d’installer le nouveau Chef de l’Etat et Président du MPSR comme Président du Faso lors d’une cérémonie quelconque assortie de prestation de serment.

On peut donc se demander où se trouve le problème s’il n’y a pas une quelconque cérémonie prestation de serment organisée devant le Conseil Constitutionnel ? Pourquoi, dans une telle haute sphère de la République, vouloir poser institutionnellement un acte pour lequel il demeurera impossible de trouver un fondement légal ? Quel est l’enjeu significatif pour un Burkina Nouveau appelé de tous les vœux par les Burkinabè et même par d’autres citoyens du monde?

Le Conseil Constitutionnel gagnerait plus à se poser certaines bonnes questions et à engager sérieusement des réflexions sur la situation en présence avec l’accompagnement de compétences pertinentes aux idées fertiles en créativité, logique et cohérence pour trouver non seulement, sa meilleure voie et s’en sortir la tête haute, mais aussi, donner un exemple servant de modèle de référence fiable hors de nos frontières. Il faut le dire, le Burkina est à un tournant historique imposant d’autres paradigmes dans l’analyse, différents des modèles classiques.

Autrement, le Conseil Constitutionnel risque de s’embourber et susciter des interrogations défavorables à son image de marque du genre : notre institution naviguerait-elle à contretemps de l’histoire politique des marches démocratiques du Peuple?

Au regard des précédents historiques non reluisants pour l’avenir de la démocratie, très humblement, nous conseillerions plutôt au Conseil Constitutionnel de s’autosaisir à nouveau sur sa décision a temps…

Hormis le Conseil Constitutionnel, l’autre alternative salvatrice heureuse pour la démocratie qu’on peut espérer dans cette situation est la venue au secours du MPSR lui-même. Dans cette alternative, il s’agira tout simplement pour le MPSR, de décliner courtoisement l’offre de prestation de serment telle que proposée auprès du Conseil Constitutionnel.

Si vraiment, enjeux majeurs il y avait de prêter serment, des voies plus commodes à inventer ne sauraient manquer dans l’esprit fertile des penseurs Burkinabè que nous sommes.

Ces suggestions de renonciations sont soucieuses de bien faire les choses dès le départ de ce Mouvement. Elles ont l’avantage de nous éviter des problèmes sur notre long itinéraire en rapport avec la vision d’un Burkina Nouveau. La « contre-décision » ou correction préconisée aura tout le mérite de susciter nos applaudissements à grands coups d’éclats. Par contre, le statuquo aura tout le mérite destructeur de jeter le trouble dans l’esprit de l’observateur avisé.

Vivement, un meilleur Burkina construit à l’abri des grosses fautes historiques et minimisant les erreurs. Une telle vision  ambitieuse impose chez les acteurs clés, deux aptitudes fondamentales : la disposition à l’écoute active des bonnes volontés et la prompte disposition à opérer des corrections et re-corrections quand il le faut, indépendamment préjugés.

El Hadj Idrissa DIARRA

Politiste et Géographe Planificateur

E-mail : [email protected]

12 février 2022

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