Ici Au Faso : Des tirelires en terre cuite avec Géraldine Mouniratou Sanou

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Géraldine Mouniratou Doda Sanou, promotrice de l’entreprise Jumelia Consortium, fait partie des jeunes Burkinabè qui forcent l’admiration dans le domaine de l’entrepreneuriat sur les réseaux sociaux. Cherchant une solution à son problème, elle est devenue un acteur dans la conception et la vente des objets en terre cuite et plus essentiellement les tirelires. 

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Titulaire d’une licence en génie civil, son aventure commence dans le monde de l’entrepreneuriat en 2019 à Bobo Dioulasso, lorsqu’elle se retrouve face à une incapacité de continuer ses études pour faute de moyens financiers.

Très vite, elle se lance dans le commerce en ligne sur les réseaux sociaux comme Facebook et WhatsApp pour espérer avoir de l’argent, épargner et payer ses études par la suite. Mais, elle n’arrivait pas à épargner, vu que ce n’était pas de grosses sommes. Et elle se voyait toujours dépenser son argent. Elle décida en ce moment de trouver une solution à sa portée.

« Si je gagne milles francs, il est difficile d’aller déposer en banque, parce que je vais devoir acheter un cache-nez qui est à 200 ou 300 francs et payer le parking. Ensuite quand tu entres dans la banque, et tu fais un dépôt, tu es obligé d’ajouter 50f. Au vu de tout cela, j’ai décidé de chercher quelque chose qui pourra me permettre d’épargner chez moi et facilement.

Quand j’étais plus jeune, j’utilisais les tirelires en fer. Mais au bout d’un moment quand j’étais en galère je prenais un couteau, je décalais un peu le bord et je récupérais tout mon argent facilement. Il me fallait donc une tirelire en terre cuite. Mais je n’avais pas d’idée où trouver ces tirelires à Bobo-Dioulasso.

J’ai fait une publication sur Facebook où je demandais l’endroit où on pouvait en trouver.  Les gens m’ont dirigée. Effectivement j’y suis allée et j’ai acheté ma tirelire. Après cela, j’ai épargné et j’ai eu quelques sommes que j’ai versées en banque », explique-t-elle.

Le résultat d’une tirelire cassée

Ayant trouvé une solution à son problème, Mademoiselle Sanou fait alors un retour sur Facebook, montrant qu’elle a eu ce qu’elle recherchait. De nombreuses personnes réagissent et, en ce moment, notre jeune entrepreneure réalise qu’elle est peut être une solution dans la vie quotidienne de beaucoup de personnes se trouvant dans la même situation qu’elle. C’est de là que son idée de vendre des tirelires et d’autres objets en terre cuite est née.

Une tirelire est un récipient percé d’une fente par laquelle l’on introduit de l’argent, que ce soit en pièce de monnaie ou en billet. La tirelire permet d’épargner et de parer à certaines éventualités. Pour les enfants, elle permet de leur montrer ce qu’est l’importance de l’argent mais surtout de l’épargne. Lorsque la tirelire est pleine elle doit être cassée en vue de récupérer l’argent qui se trouve à l’intérieur.

Petit à petit, avec courage, ténacité et dynamisme, elle arrive à se positionner pour se donner à fond dans la conception et la vente des tirelires avec son entreprise Jumelia Consortium. Pour le moment, Jumelia Consortium n’est pas une entreprise physique. Elle évolue principalement en ligne mais dispose de représentantes à Ouagadougou dans une boutique située à quelques encablures du château Orange du quartier Katr Yaar.

La spécialité de l’entreprise, c’est la poterie et principalement des tirelires, des plats, des encensoirs, des bols, et des ensembles de plats en terre cuite. La jeune Sanou travaille aujourd’hui en partenariat avec deux potières principales qui sont chargées de la fabrication, deux représentantes permanentes à Ouagadougou et aussi une amie avec elle à Bobo-Dioulasso.

Pour un meilleur rendu, les taches sont bien définies. Les potières ont pour rôle principal de confectionner les objets sous les formes voulues par la promotrice ou par un éventuel client. Il n’est cependant pas exclu qu’à certains moments, Mlle Sanou mette la main à la pâte pour plus de satisfaction. Elle termine le travail avec les finitions comme la peinture et les dessins.

« Avec les potières, je cherche des modèles précis que je leur demande de confectionner. Pendant qu’elles confectionnent, je regarde et lorsque le modèle ne me plait pas, je mets ma main à la pâte et j’essaye de modeler pour que ça soit comme je le désire.

Je mets vraiment ma main à la pâte souvent parce que je me dis que tant que ce n’est pas comme je veux, ça veut dire que ça ne va pas forcément plaire aux gens. Quand elles confectionnent, elles me remettent ça à l’état brut et moi je fais le reste du travail c’est-à-dire, les dessins, la peinture, les écritures », détaille-t-elle.

Les tirelires décorées

Concernant la particularité de ses produits, Géraldine Mouniratou Doda Sanou a confié qu’elle résidait au niveau de la qualité des prestations, dans les modèles de fabrication, de décorations… Les tirelires sont également fabriquées selon les désirs des clients. Ces derniers ont en effet la possibilité de personnaliser leurs tirelires et décider sous quelles formes et couleurs ils voudraient les recevoir.

« Les clients demandent parfois qu’on écrive leurs noms ou des phrases sur leurs tirelires. Ce sont les clients même qui font que nous évoluons. Ils demandent des formes pas possibles, que nous à notre tour, nous nous efforçons à faire », confie l’entrepreneure avec émotion.

Les prix varient entre 1.000f et 10.000f. Les difficultés n’en manquent pas comme dans tout domaine. La première ici, c’est celle de la recherche de clientèle. Les publicités se font sur les réseaux sociaux et il faut une grande audience pour toucher un public cible.

« La plupart des clients viennent de Facebook, de WhatsApp et des recommandations (à travers mes contacts : 64592205, [email protected]). Je ne suis pas forte en marketing face-à-face. C’est vraiment sur Facebook que je vends, que j’arrive à convaincre les gens et surtout et grâce à la recommandation des personnes qui achètent et font un retour positif ». 

Un autre obstacle, c’est celui du long délai de fabrication pour les grosses tirelires. Une chose que Géraldine Mouniratou Doda Sanou compte rétablir à l’avenir pour garder sa clientèle et les satisfaire. Aujourd’hui, elle est déjà fière du chemin parcouru malgré les obstacles rencontrés à divers endroits. Elle se sent par ailleurs prête pour les défis du futur.

Une tirelire personalisée par un client

« Le projet à l’avenir, c’est d’abord faire agrandir l’entreprise Jumelia Consortium et lui trouver un local propre. Ensuite c’est de travailler avec plusieurs potières et si possible, avoir des potières spécialement pour nous parce que quand on fait une commande de certains modèles de tirelires, ça peut prendre un mois avant d’être disponible. Je veux vraiment que ces potières avec lesquelles je vais travailler, forment d’autres personnes dans la poterie car toutes celles avec qui je travaille sont des femmes âgées. 

J’ai fait la remarque que leurs enfants et leurs petits enfants ne s’y intéressent pas du tout. Si les gens n’apprennent pas, la poterie va se perdre et ça ne sera pas bon pour nous. Car c’est une valeur africaine qui va se perdre », dit elle.

Par ce concept, Mlle Sanou vise à pousser les jeunes à aller à l’épargne et à l’investissement, car l’épargne, c’est l’avenir, convainc-t-elle, tout en invitant chacun à savoir que ce n’est pas tout argent qui doit être dépensé, il faut penser à demain et demain commence dès maintenant…

Flora KARAMBIRI

Burkina 24

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