Fusées thermobariques : L’une des armes les plus redoutables de la Russie (Euronews)
Alors que les combats en Ukraine s’intensifient dans les plus grandes villes, les craintes augmentent qu’une guerre d’usure se traduise par une escalade de la violence et l’utilisation d’armes toujours plus meurtrières.
Samedi 26 février 2022, un correspondant de CNN a filmé ce qui semble être un système de lance-flammes lourd, le TOS-1, transporté vers la frontière ukrainienne, près de la ville russe de Belgorod.
Surnommé « Buratino » en référence à la version russe de Pinocchio – en raison de son nez long et pointu – le TOS-1 est un lance-roquettes de 220 mm à 24 tubes et l’une des armes les plus redoutables de l’arsenal russe.
The russian army has deployed the TOS-1 heavy flamethrower which shoots thermobaric rockets, the was South of Belgorod. pic.twitter.com/XCxMI3bNB3
— Frederik Pleitgen (@fpleitgenCNN) February 26, 2022
Ce qui a particulièrement attiré l’attention dans les images diffusées par CNN, c’est l’arme pour laquelle le TOS-1 est utilisé : les bombes à vide, également appelées fusées thermobariques.
Qu’est-ce qu’une arme thermobarique ?
Le mot thermobarique vient de la combinaison des mots grecs thermos, « chaleur », et baros qui signifie « pression ». En pratique, cette arme combine des ondes de choc et des dépressions pour produire une explosion à haute température.
« C’est une arme qui, lorsqu’elle explose, va libérer son explosif ou son combustible et va créer un effet de surpression qui va aboutir à une détonation beaucoup plus importante et être vraiment dévastatrice à cause de l’onde de choc« , a déclaré à Euronews Next, Jean-Marie Collin, expert et porte-parole d’ICAN France, la branche française de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires.
La nécessité d’utiliser une telle arme réside dans « cette capacité à créer une surpression qui va créer un choc extrêmement fort », précise-t-il.
Le TOS-1, utilisé récemment en Tchétchénie et en Syrie, a été conçu pour détruire l’infanterie, les bunkers, les fortifications et les véhicules. Officiellement, il a été déployé pour la première fois par la Russie en Afghanistan dans les années 1980. Mais selon Jean-Marie Collin, son utilisation « remonte à la Seconde Guerre mondiale et s’est poursuivie en Irak ou en Afghanistan ».
Si les États-Unis fabriquent aussi ce type d’armes, la Russie s’en est fait une spécialité et détiendrait le triste record de l’utilisation des plus grosses fusées thermobariques en 2007 lors d’une explosion équivalente à 39,9 tonnes.
En 2015, Dave Majumdar, rédacteur en chef de la section Défense du site The National Interest, expliquait que le « Buratino peut détruire une zone d’environ 200 m sur 400 m en une seule salve. En d’autres termes : en un seul tir, il peut transformer instantanément plusieurs pâtés de maisons en décombres fumants ».
Quelle est sa dangerosité ?
En février 2000, un rapport de Human Rights Watch a tiré la sonnette d’alarme sur l’effet dévastateur des armes thermobariques, en citant une étude réalisée par la Defence Intelligence Agency aux États-Unis.
« Le mécanisme de mise à mort [par explosion] contre des cibles vivantes est unique et douloureux. (…) Ce qui tue, c’est l’onde de pression et, plus important encore, la raréfaction [dépression] qui s’ensuit et qui rompt les poumons. (…) Si le combustible déflagre mais ne détonne pas, les victimes seront gravement brûlées et inhaleront probablement aussi le combustible en combustion« , indique l’étude.
Les personnes proches du point d’impact sont anéanties. Celles qui se trouvent à proximité sont susceptibles de subir de nombreuses blessures internes. « On note des blessures invisibles, notamment des tympans éclatés et des organes de l’oreille interne écrasés, des commotions cérébrales graves, des poumons et des organes internes rompus, et éventuellement la cécité« , détaille le rapport de la Defence Intelligence Agency aux États-Unis.
Pour Jean-Marie Collin, les armes thermobariques doivent pourtant être différenciées de la bombe nucléaire. Car, selon l’expert et porte-parole d’ICAN France interrogé par Euronews Next, « une arme nucléaire reste une arme de destruction massive dont l’utilisation a des conséquences durables, ce qui n’est pas le cas d’un système d’arme thermobarique ou conventionnel, même si ce système d’arme peut évidemment créer beaucoup de blessures et de destruction. Une arme nucléaire est quelque chose qui détruit véritablement toute vie à l’endroit où elle a été utilisée. Nous parlons d’une puissance qui est multipliée par plusieurs dizaines. »
La réponse d’ICAN à la menace nucléaire
L’ICAN, lauréat du prix Nobel en 2017, a dénoncé dimanche 27 février 2022 l’invasion de l’Ukraine, la qualifiant de « jeu dangereux » de Vladimir Poutine.
« Le président Poutine joue un jeu dangereux en plaçant les armes nucléaires en alerte de combat. Notre campagne condamne fermement cette action et nous appelons à un cessez-le-feu immédiat, ainsi qu’au retrait des forces russes d’Ukraine« , a déclaré Jean-Marie Collin dans un communiqué transmis à l’AFP.
« Le monde s’approche d’une catastrophe nucléaire, nous demandons donc instamment à tous les États dotés d’armes nucléaires de retirer leurs arsenaux de l’état d’alerte et de s’abstenir de menacer d’utiliser leurs arsenaux« , a-t-il ajouté.
L’ICAN a souligné que « toute utilisation d’armes nucléaires causerait des souffrances humanitaires catastrophiques et que les retombées radioactives, économiques, politiques feraient du mal aux gens pendant des générations« .
(Source : Euronews)
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