Opinion | Des Burkinabè interpellent le procureur du Faso sur l’affaire des 77 véhicules de la mairie centrale de Ouagadougou

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Ceci est une déclaration de citoyens qui interpellent le procureur du Faso sur l’affaire de l’acquisition de 77 véhicules de la mairie centrale de Ouagadougou auprès de l’entreprise française Fidelis.

Monsieur le Procureur du Faso, où en est-on avec l’Affaire Armand Béouindé et les 77 véhicules ?

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Monsieur le Procureur du Faso, dans sa parution du 10 février 2020, le journal d’investigation « Courrier confidentiel » révélait, dans un article titré « les folles dépenses du maire », que la mairie de Ouagadougou avait engagé un contrat de crédit-bail de cinq ans pour l’acquisition de 77 véhicules à hauteur de 4 milliards 631 millions 158 mille 130 FCFA avec la société FIDELIS Finances Burkina. Il ressortait également, dudit article, que les véhicules des maires d’arrondissements à remplacer dans le cadre de ce contrat de crédit-bail n’avaient été mis en circulation qu’en 2012. Et donc n’étaient vieux que de 8 ans. Ces révélations du journal d’investigation n’ont pas laissé les Burkinabè indifférents.

Invité à l’émission « dialogue » de Radio Oméga le 23 février 2020, pour donner sa part de vérité sur le sujet, le maire de Ouagadougou Armand Béouindé affirmait que le processus d’acquisition desdits véhicules s’est déroulé dans la légalité et dans la transparence la plus totale. « C’est un vote qui a eu lieu pour décider d’utiliser ce procédé (le crédit-bail) pour acquérir les véhicules. La délibération a ensuite été transmise à la commission technique interministérielle qu’on appelle CTI qui l’a approuvée », a-t-il fait savoir ce jour-là. Mais l’affaire de s’arrêtera pas à ce niveau.

Dans sa parution du 25 février 2020, soit deux semaines après, le même journal ajoutait que l’épouse et les trois enfants de Armand Béouindé sont des actionnaires de Raynal Assurances, la société qui s’occupe de l’assurance des 77 véhicules et qui détient 10% des actions de Fidelis Finances Burkina. La commune de Ouagadougou s’engageait ainsi à payer à Fidelis Finances Burkina, chaque mois, un montant de plus de 77 millions FCFA jusqu’à échéance soit sur 5 ans. A cela il faut ajouter le fait que au bout de ce contrat, les véhicules n’appartiendront pas à la Commune de Ouagadougou.

Le courrier confidentiel accusait, à travers ces différents articles, l’ancien maire de Ouagadougou, Armand Béouindé, d’avoir des intérêts économiques avec l’entreprise attributaire du marché de véhicules… Un cas de conflit d’intérêt manifeste conformément à l’article 36 du décret n°2017‐0049/PRES/PM/MINEFID du 1er février 2017 portant procédure de passation, d’exécution et de règlement des marchés publics et aux délégations de services publics qui dispose que : « Ne sont pas admises à participer aux marchés publics et aux délégations de service public, en raison de conflits d’intérêts : les personnes morales dans lesquelles les membres de l’autorité contractante, de l’Autorité  de  régulation  de  la  commande  publique,  de  la  structure  chargé du contrôle de la commande publique, la personne responsable des marchés ou les membres  des  commissions  d’attribution  des  marchés  ou  sous‐commissions techniques  possèdent  des  intérêts  financiers  ou  personnels  de  nature  à compromettre  la  transparence  et  l’intégrité  des  procédures  de  passation  des marchés publics ».

Et si tous ces faits s’avéraient, le Maire Armand Béouindé devait en répondre devant des juridictions compétentes. Alors que l’affaire tenait déjà les Burkinabè en haleine, une autre affaire explosera dans l’affaire. Un autre périodique d’investigation, le journal L’Évènement révèlera à son tour dans son édition du 10 juin 2020, que des magistrats demandaient la somme de 70 000 000 (soixante-dix millions) de franc FCFA au maire Armand Béouindé pour aider à étouffer définitivement l’affaire des 77 véhicules. A la suite de cette révélation du journal, qui épinglait un magistrat et son acolyte, monsieur le procureur, vous avez diligenté une nouvelle enquête.

Auditionnés, les deux personnes ont été déférées à la maison d’arrêt et de correction pour répondre des faits de « tentative d’escroquerie et de diffamation suivant la procédure de flagrant délit ». Nous nous attendions, après cette décision, à voir avancer le dossier relatif aux 77 véhicules, mais jusqu’à ce jour, monsieur le Procureur, aucune charge n’a été retenue contre le maire. C’est le silence radio…

Monsieur le Procureur, deux ans après le tollé que cette nouvelle a suscité, rien de concret n’est visible jusqu’à ce jour. On serait même tenté de dire que cette affaire s’est éteinte comme du feu de paille… mais, que gagnerions-nous en laissant disparaître des dossiers pareils ? La situation que notre pays vit aujourd’hui n’est-elle pas liée à la mauvaise gestion des personnes et des biens ? Au laxisme et à la corruption ? N’est-il pas temps que notre juste se mette sur pieds, droit dans ses bottes et qu’elle réinstalle la confiance entre elle et les populations en ouvrant et en allant jusqu’au bout des dossiers qui ont fait tache d’huile dans l’histoire passée et récente de notre pays ?

Monsieur le Procureur du Faso, si des Burkinabè refusent aujourd’hui de se sacrifier pour le Burkina Faso, c’est parce que des Burkinabè ont érigé l’égoïsme comme une règle dans ce pays. C’est aussi parce qu’au Burkina, il y a ceux qui travaillent jours et nuits pour faire avancer le pays, et il y a ceux mangent et qui vivent impunément des richesses produites et qui n’ont de compte à rendre en personne.

Tant que des crimes resterons impunis, tant qu’il y aura deux poids deux mesures dans la gestion du pays, notre pays verra s’effriter ce qui a fait sa renommée et sa force.

Monsieur le Procureur du Faso, en faisant le serment de faire respecter et appliquer la loi, vous avez décidé de porter une charge assez importante sur la tête. Et tant qu’il y aura injustice, tant qu’il y aura du flou dans la gestion des biens du pays, les Burkinabè n’auront de regard que sur vous.

Vous avez, à travers ce dossier, une mission historique à accomplir : montrer que la justice existe pour tous au Burkina. Et aujourd’hui, il est plus que temps que vous vous se ressaisissiez de ce dossier et que vous œuvriez à ce que la vérité explose et que la rigueur de la loi s’applique sur ceux qui ont bradé les ressources du contribuable burkinabé.

Nous, citoyens libres du Burkina Faso, avons décidé, aujourd’hui, d’attirer votre attention sur ce dossier, pour plusieurs raisons. Primo, nous savons qu’au Burkina Faso, il existe toujours des hommes de droits dignes et intègres. Secondo, nous, en tant que contribuables, sommes en droit d’être éclairés sur le dénouement que connaîtra cette affaire, parce que c’est l’argent du contribuable qui a permis de sceller ce deal.

Tertio, le Burkina Faso est à la croisée des chemins et demande l’union, l’unité de toutes ses filles et tous ses fils pour sortir de cette situation… mais peut-on se mobiliser pendant que des renégats qui ont pillé les biens de ce pays sont libres et se baladent sans être inquiétés ? Monsieur le Procureur du Faso, nous vous savons sur plusieurs dossiers qui commandent beaucoup de tacts, mais les populations n’ont pas oublié la question relative aux 77 véhicules « acquis » de façon pas catholique par la mairie de Ouagadougou.

Monsieur le procureur, tout en vous assurant notre entière confiance, nous vous saurons gré de bien vouloir de diligenter cette enquête pour un Burkina nouveau et des Burkinabè qui ont foi en leur justice.

Ibrahim Sessouma et Soumaila Nabaloum, porte-paroles

Des citoyens burkinabè indignés…

NB : cette déclaration a été signée par 282 citoyens burkinabè indignes

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