Supputations sur le monnayage des produits sanguins : Explications du CNTS

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En marge de la journée mondiale du donneur du sang commémorée le 14 juin de chaque année et dont le Burkina Faso célébrera en différé le 18 juin 2022 à Koudougou, Dr Alice KIBA KOUMARE, directrice générale du centre national de transfusion sanguine (CNTS), a répondu aux questions de Burkina24 sur le processus de collecte de sang. Elle est aussi revenue sur les difficultés auxquelles est confronté le CNTS. Lisez !

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 Burkina24 (B24) : Qui peut donner son sang ? Quelles sont les conditions requises ?

Alice KIBA KOUMARE (AKK) : Il faut dire que c’est suite à un constat, une évaluation qui a été faite par l’OMS que le Centre national de transfusion sanguine (CNTS) a été créé et fonctionnel dans les années 2005. Et depuis ce temps, le centre national de transfusion sanguine existe dans dix sur les treize régions que compte le pays.

Nous avons une entité opérationnelle à Ouagadougou, à Bobo-Dioulasso, à Koudougou, à Fada N’gourma, à Dédougou, à Gaoua, Tenkodogo, à Ouahigouya, à Kaya et Dori qui peine à prendre ses marques du fait de l’insécurité. Depuis des années, nous arrivons à satisfaire un tant soit peu les besoins en produits sanguins dans les formations sanitaires.

Pour revenir aux conditions, pour être donneur de sang, il faut bien sûr être majeur et dans notre pays c’est 18 ans, il faut peser au moins 50 kilogrammes et ne pas avoir eu dans les trois derniers mois qui précèdent le don des comportements à risque de développer des maladies transmissibles par le sang.

Pour ces dernières conditions, vous allez voir qu’il y a un entretien médical qui est fait avant de prélèvement à proprement parlé du sang. C’est essentiellement de s’assurer que nous n’allons pas transfuser des maladies aux receveurs, et aussi que nous n’allons pas nuire à la santé du donneur. Voilà essentiellement les conditions.

Pour les femmes particulièrement, à ces conditions que nous venons de citer, il faut ajouter qu’une femme en période de menstrues ne peut pas donner son sang, une femme en grossesse ou qui allaite ne peut également pas donner son sang.

Bien sûr, il y a d’autres conditions médicamenteuses. C’est pourquoi on va questionner le donneur par rapport aux antécédents médicamenteux, parce qu’il y a des traitements qui ne sont pas compatibles avec le don de sang.

Dr Alice Kiba Koumaré, directrice générale du CNTS

Retenons que pour être donneur de sang, pour décider de donner son sang au CNTS, assurez-vous que vous avez 18 ans, que vous pesez au moins 50 kilogrammes, et que vous n’avez pas des comportements à risque de transmettre les maladies transmissibles par le sang. Et tout le reste, ça sera décidé par le personnel médical de CNTS.

B24 : On entend parler de donneur bénévole, arrive-t-il des cas où le donneur vous vend son sang ?

AKK : C’est vrai que nous travaillons avec des donneurs bénévoles non rémunérés, parce que ce sont des principes éthiques édictés par l’OMS, et auxquels nous avons adhéré. Nous ne vendons pas le sang. Le sang est cédé gratuitement dans toute l’étendue du territoire burkinabè, que ce soit dans le public ou dans le privé.

Les donneurs bénévoles qui viennent, ils donnent gratuitement leur sang sans entendre une récompense en retour. C’est vrai que nous avons de plus en plus de fortes rumeurs de vente de produits sanguins, mais il faut que les usagers dénoncent.

Parce que plusieurs fois, nous avons eu des rumeurs, nous avons voulu investiguer, nous avons questionné les personnes qui ont été victimes de ça, à la fin personne ne veut dénoncer. Si les gens ne dénoncent pas, nous ne pourrons pas vraiment lutter efficacement contre ce fléau. Il y a des brebis galeuses qui veulent monnayer leur travail en contrepartie de quelque chose. Ce n’est pas du tout normal, il faut dénoncer pour que nous puissions vraiment lutter contre ce phénomène.

B24 : Quelles sont les différentes étapes que suit le sang prélevé jusqu’à ce qu’il soit prêt pour l’utilisation ?

AKK  : Il faut dire que quand le donneur arrive au CNTS, la première étape, nous allons l’accueillir puis l’enregistrer c’est-à-dire prendre toutes les données administratives nécessaires en vue de son don de sang.

Après cette étape, il y aura l’entretien avec un agent de santé, je vous avais dit tantôt qu’il y a un certain nombre d’antécédents médicamenteux ou de conditions médicales liées au donneur qui peuvent contre-indiquer le don de sang.

Passé cet entretien, si l’agent de santé s’est rassuré qu’en prélevant le sang, on ne va nuire ni à la santé du donneur, ni à la santé de celui qui va recevoir le produit sanguin, on passe maintenant à l’étape du prélèvement proprement dit. En ce moment, le donneur va passer dans une salle de prélèvement, on va l’installer sur un fauteuil et on va le prélever environ 450 millilitres de son sang.

Vous voyez que c’est moins d’un demi-litre. Alors, une fois que le prélèvement est effectué, le donneur va passer à une prochaine étape qu’on appelle, l’étape de la collation.  C’est à cette étape-là qu’on va lui donner un sandwich et une boisson.

Cette boisson peut permettre de restituer le volume prélevé mais pas les éléments du sang. C’est aussi l’occasion à cette étape-là de surveiller le donneur pendant 5 minutes pour nous assurer qu’il a bien toléré son don avant de laisser partir.

Voilà un peu les étapes liées au don de sang. Mais bien sûr après cette étape-là, la partie visible que tout le monde voit, il y a le « back office », le laboratoire. Une fois que le donneur a fait son geste, les tubes et la poche sont acheminés au laboratoire. Les tubes pour les différents examens, et les poches de sang pour la préparation des produits sanguins.

Dans le laboratoire de préparation des produits sanguins, on va séparer le sang en ces différents constituants essentiellement en trois : les plaquettes, le plasma et les globules rouges. Ce sont des produits qui peuvent être donnés à trois malades différents en fonction de l’indication que le médecin traitant aura décidé.

Les tubes serviront à faire le groupage sanguin et à effectuer le dépistage de différentes infections transmissibles par le sang. Pour le moment ce que nous dépistons systématiquement et obligatoire sur toutes les poches c’est  le VIH, l’hépatite B, l’hépatite C et la syphilis et cela sur tous les dons systématiquement.

C’est uniquement à l’issue de cette étape, au regard des résultats de la qualification biologique et s’il n’y a pas de marqueur positif, que la poche peux être étiquetée et mise à la disposition des formations sanitaires pour être transfusée aux malades.

B24 : Alors dites-nous quelle est la durée de vie du sang traité ?

AKK : La durée de vie va dépendre du composé que nous avons séparé. Je vous ai dit que sur une poche de sang, on peut avoir trois composés et ces trois composés n’ont pas les mêmes conditions de conservation. Le sang total se conserve 21 à 35 Jours entre +2°C et +6° C.

Pour les concentrés de globules rouges, la durée de conservation est de 35 à 42 jours en fonction du liquide de conservation à l’intérieure de la poche à une température de +2°C à +6° C. Les plaquettes se conservent sous agitation permanente au maximum 5 jours entre +18°C et + 22°C et le plasma frais congelé se conserve 12 mois à –30°C.

B24 : Quelles sont les contraintes dont le CNTS fait face aujourd’hui ?

AKK : Les contraintes sont de plusieurs ordres. La contrainte majeure c’est déjà l’insuffisance des ressources financières pour faire face à un certain nombre de dépenses. J’ai détaillé tantôt tout le circuit qu’il faut et vous avez vu qu’à chaque étape, il faut des appareils pour conserver les produits sanguins et tout ceci nécessite vraiment beaucoup de ressources financières.       

En plus de ça, plus de 70% de nos poches sont obtenues en collectes mobiles. Cela suppose qu’il faut se déplacer vers le donneur et avec tout ce qu’il y a comme carburant, frais de mission et amortissement de nos véhicules, après tout ça le produit sanguin final est mis à la disposition gratuitement et c’est l’État qui supporte tout le coût. Nous peinons vraiment à acquérir les réactifs nécessaires à la qualification des dons et à renouveler nos matériels de production.

La seconde difficulté c’est lié à l’approvisionnement même des produits sanguins, l’insuffisance de donneurs de sang. C’est vrai que nous faisons beaucoup de publicités mais jusqu’à présent, nous n’avons pas le nombre de donneurs requis pour être auto-suffisants en produits sanguins.

B24 : La saison pluvieuse rime avec le paludisme, qui constitue la période de forte demande en produits sanguins ; comment déjà le CNTS compte s’y prendre cette année ?

AK : Chaque année, cette période est considérée comme très difficile pour le CNTS, simplement parce que nos plus grands donneurs (élèves et étudiants, ndlr) ne sont pas disponibles, parce qu’ils sont en vacances et la demande s’accroît au regard de l’hivernage avec la flambée du paludisme et de tout ce qui va avec.

Mais pendant cette période, nous communiquons beaucoup et nous essayons de retrouver nos donneurs dans les quartiers, les camps de vacances. Et en plus de ça, nous allons aussi dans les différentes institutions et services de la place pour initier des opérations de collecte de sang.

Interview réalisée par Willy SAGBE

Burkina24 

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