« Crise sociopolitique au Burkina : Tous coupables » (Adama Ouédraogo dit Damiss)

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Ceci est une tribune du journaliste et écrivain Adama Ouédraogo dit Damiss sur l’actualité nationale. 

« Sur quelle base juridique le Chef de l’Etat, ou quel que membre du gouvernement que ce soit, peut-il donner des garanties à quelqu’un qui est condamné qu’en rentrant au Burkina il ne serait pas inquiété ? C’est une défiance à la justice, c’est un déni de justice » (Extraits des propos des avocats de la famille Sankara lors de leur conférence de presse tenue le 8 juillet 2022 à Ouagadougou).

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Les conseils des parties civiles dans l’affaire Thomas Sankara sont dans leur rôle et ont posé là un problème fondamental de notre pays. Je voudrais dans la même logique poser les questions suivantes:
1. Sur quelle base juridique Maurice Yaméogo a été renversé ?
2. Sur quelle base juridique Sangoulé Lamizana a été renversé ?
3. Sur quelle base juridique Saye Zerbo a été renversé ?
4. Sur quelle base juridique Jean-Baptiste Ouédraogo a été renversé?
5. Sur quelle base juridique Thomas Sankara a été renversé ?
6. Sur quelle base juridique a-t-on fait une insurrection populaire?
7. Sur quelle base juridique a-t- on brûlé l’Assemblée nationale ?
8. Sur quelle base juridique a-t-on incendié des domiciles privés pour des divergences politiques ?
9. Sur quelle base juridique a-t-on refusé la Présidence du Faso à Soungalo Ouattara telle que prévue par la voie constitutionnelle?
10. Sur quelle base juridique, a-t-on décidé d’écrire une charte et mettre en place un comité de recrutement d’un chef d’Etat en la personne de Michel Kafando pour diriger une Transition ?
11. Sur quelle base juridique, un putschiste peut-il prêter serment devant le Conseil constitutionnel?

Tous ces questionnements pour dire ceci: de 1960 à nos jours, notre pays vit au rythme du rapport de force et la justice semble suivre le même cheminement.

Le jour du coup d’Etat du 24 janvier 2022, on a tiré sur le véhicule du président Roch Marc Christian Kaboré. Un jour, en fonction du rapport de force, cet événement peut être réveillé et judiciarisé, pas pour la justice, mais pour servir des intérêts politiques.

Ou encore on est capable un jour de poursuivre les militaires du MPSR pour avoir fait un coup d’Etat que de nombreux Burkina ont pourtant salué, que des partis politiques ont accepté et que les Grands Juges de la plus haute juridiction en matière constitutionnelle ont validé. Mais cette poursuite sera faite uniquement dans le but de neutraliser un certain nombre d’acteurs.

En somme, la justice est comme un instrument aux mains des hommes politiques. On a alors comme l’impression que « la justice, comme disait Olivier Norek, n’est qu’une demande de vengeance et la vengeance n’a jamais soulagé l’âme ».

C’est là le drame de ce pays. Quand ça arrange un clan, il applaudit ou se tait et quand ça l’arrange pas, il crie à l’injustice et il rue dans les brancards.

Le Bâtonnier Mamadou Savadogo l’a si bien décrit dans la préface de mon livre: Le chemin de croix d’un prisonnier politique en ces termes: « La vérité est qu’il faut refonder la justice burkinabè, voire la société burkinabè, qui souffre du népotisme, du trafic d’influence et de l’affairisme dans tous les secteurs de la vie sociale.

Nous fermons les yeux quand il s’agit de nos amis, mais dénonçons avec force lorsque les mêmes faits sont commis par des personnes qui ne présentent pour nous aucun intérêt. La République doit être fondée sur l’égalité de tous devant la loi ».

Nous sommes tous coupables car nous avons toléré les violations flagrantes des lois, soit en fonction du rapport de force, soit en fonction de nos intérêts ou encore parce que nous détestons un tel ou tel autre.

Réfléchissons ensemble pour construire un Burkina Faso plus juste et plus équitable. Cela passe aussi par le dialogue, l’union et la cohésion sociale. Tournons les pages sombres et douloureuses de l’histoire de notre cher Faso.

Adama Ouédraogo dit Damiss

Journaliste

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