« Je pense qu’on peut construire un État fédéral au Burkina » (Lookmann Sawadogo)
Le journaliste Lookmann Sawadogo a présenté à ses confrères des médias son troisième livre intitulé « Pouvoir, armée, ethnie et religion : comment éviter l’implosion ? » ce samedi 10 décembre 2022 à Ouagadougou.
Pour éviter l’implosion du Burkina Faso, dans son livre qui coûte 7 000 FCFA et qui est disponible à la librairie Jeunesse d’Afrique, Lookmann Sawadogo a confié qu’il faut anticiper et avoir un courage politique en prenant des actions fortes afin de travailler à dépasser les clivages liés à l’ethnie et la religion pour accéder au pouvoir au Burkina Faso.
Pour l’écrivain, l’armée burkinabè a échoué sur le plan politique. « Parce qu’en prenant le pouvoir des mains des civils en janvier 2022, l’armée avait pris avec lui, et le défi politique du pays et le défi sécuritaire. Mais huit mois après, il y a eu un autre coup d’État qui a laissé une armée fracturée, divisée avec tous les malaises. Sur ce plan de vue-là, au plan politique, l’armée ne peut plus assurer », a-t-il indiqué.
Concernant l’ethnie et la religion, Lookmann Sawadogo a laissé entendre que le Burkina court des risques d’implosion suite à la pression terroriste.
«La pression terroriste détruit l’État et c’est l’État qui fédère les différentes particules de la société, c’est l’État en fait qui met en synergie les parties, or quand l’État lui-même est déstructuré, nous allons constater les repris, les stigmatisations, les rejets de l’autre. Et ça, ça peut conduire à des conflits de types religieux ou ethniques», a-t-il relevé.
Selon lui, il faut que le Burkina Faso prenne au sérieux ces deux questions (ethnie et religion). Et comme solution, Lookmann Sawadogo propose l’instauration d’une vice-présidence.
Réagissant sur le terrorisme, l’auteur a soutenu que la réponse face à ce fléau ne doit pas être uniquement militaire. Il a proposé le dialogue comme une des solutions. «Discuter ça ne veut pas dire aller donner à l’autre (…), la situation à laquelle nous sommes aujourd’hui où tout le pays est envahi, il faut essayer de prendre cette option courageusement et puis trouver des solutions pour nous permettre de ne pas imploser», a-t-il affirmé.
Comme «solutions immédiates», Lookmann Sawadogo préconise de travailler à mettre en place, le plus vite possible un schéma pour le retour du pouvoir aux civils. «Il faut faire des élections, je ne sais pas à quelle période mais il faut le faire le plus vite pour que dans l’armée, on n’en vienne pas à se faire 3e et 4e coups d’État », a-t-il déclaré.
Toujours en termes de solutions, l’auteur a suggéré d’aller vers le fédéralisme. « Le Burkina c’est un assemblage de plusieurs nationalités, ça marche lorsque vous avez un État qui est fort, ça marche lorsque vous n’avez pas de velléités.
Aujourd’hui au Burkina, je pense que les disparités régionales du point de vue économique, les menaces d’ordres identitaires, régionalistes, ethniques et religieux nous donnent déjà l’indication que les dix ans à venir, si on ne met pas en place la forme de l’État qui convient, si on n’organise pas comme il faut, les gens vont prendre leur autonomie eux-mêmes, c’est ça qu’il faut anticiper. Je pense qu’on peut construire un État fédéral au Burkina », a-t-il conclu.
*Article mis à jour
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