Affaire Mohamed Sinon : L’accusé se confond en excuses face au juge

Sinon Mohamed a comparu devant le juge ce vendredi 3 février 2023 au Tribunal de grande instance Ouaga I pour des faits de menaces sous conditions, mises en danger de la vie d’autrui et d’intolérance sur les personnes de Newton Ahmed Barry, et Alpha Barry. Il a été interpellé pour ces infractions après des postes qu’il a faits sur Facebook à l’encontre de Newton Ahmed Barry, Alpha Barry et certains opérateurs économiques.

Dans un poste vidéo sur Facebook, Sinon Mohamed a proféré des messages de haine, des menaces sous conditions et d’intolérance vis-à-vis de Newton de Alpha Barry et de Newton Ahmed Barry et des opérateurs économiques. Sa vidéo qui comportait des messages d’appels à tuer a été projetée au tribunal lors de son jugement.

Après visualisation, le juge a demandé à l’inculpé s’il reconnaît ses propos. « Toutes les parties où j’ai offensé la loi dans mes vidéos, je demande pardon », se plie l’accusé Mohamed Sinon faisant fi de la question du juge. Malgré le fait que le juge revienne sur sa question, celui-ci insiste sur son mea-culpa. « Je vous regarde M. le juge et je répète, toutes les parties de mes propos dans la vidéo qui ont transgressé la loi, je demande pardon. Après mes propos, j’ai appris que j’ai transgressé la loi, je demande pardon », persiste l’accusé.

Mais le juge ne lâche pas l’affaire. À lui, qui dans ces vidéos a traité implicitement ces victimes de terroristes parce qu’ils avaient donné leur opinion sur certains sujets notamment la suspension de RFI sur le territoire burkinabè(…), le juge demande : « Est-ce que tout le monde peut penser comme vous? Quand quelqu’un pense différemment que vous, faut-il appeler à le tuer? » Non! reconnaît l’accusé.

« Vous avez dit à certaines personnes, dont des opérateurs, que s’ils n’accompagnent pas le pouvoir, ils vont avoir des problèmes avec la jeunesse. De quels problèmes parlez-vous ?

L’accusé indique au juge qu’il reconnaît maintenant que tout le monde ne peut pas avoir les mêmes pensées et qu’il regrette ses propos. L’accusé indique par ailleurs que ses propos n’étaient pas vraiment dans l’intention de nuire et qu’il ne voulait pas dire d’aller tuer Alpha Barry et Newton Ahmed Barry.

La partie civile ne l’entend pas de cette voix et ne veut pas que l’accusé s’en sorte aussi facilement. Pour la partie civile Sinon Mohamed a appelé à tuer Newton Ahmed Barry, il a dit que c’est un terroriste. Selon elle, quand l’accusé le faisait, il n’ignorait pas qu’il expose Newton Ahmed Barry et Alpha Barry à la mort et à des blessures. Ainsi les avocats de la partie civile ont demandé de condamner Sinon Mohamed conformément à l’article 322-4 et 521-3 du Code pénal.

Selon le procureur, le sieur Sinon, au regard de ses propos dans les vidéos incriminés « est un danger public. Il a appelé plusieurs fois à tuer ». « Votre discours justifie l’intolérance », a fustigé le procureur.

La plaidoirie des avocats de Sinon Mohamed

La défense de l’accusé dans sa phase de questions à l’accusé et dans sa plaidoirie a démontré que celui-ci depuis le début ne cesse de regretter ses actes. La défense a fait savoir que l’accusé a entamé des démarches auprès de la communauté musulmane pour demander pardon à ses victimes, et continue de demander pardon. « Il arrive des fois que la parole dépasse la pensée », défend d’ailleurs un des avocats de Sinon.

Un autre embouche la même trompette pour plaider en faveur de l’accusé. « M. Sinon, que vous voyez a 34 ans. Il n’a pas eu la chance à l’école comme vous et moi, il n’a pas eu la chance de faire l’école et de connaître le droit comme vous et moi, M.le juge. Il a perdu son père très tôt. Très tôt il a été obligé de prendre en charge sa mère et ses sœurs à travers le commerce. Il a traîné sa bosse dans plusieurs villes du Burkina pour subvenir aux besoins de sa famille. M. Sinon a deux femmes et 9 enfants dont le plus âgé a 12 ans et le plus jeune a 3 jours. L’envoyer dans les profondeurs de l’enfer de la MACO, est-ce la solution ? Non je ne crois pas. Il a eu beaucoup de passions dans son raisonnement, mais aujourd’hui il a reconnu et demande pardon ». 

Il faut rappeler que le procureur dans sa réquisition avant la plaidoirie des avocats a demandé au juge de reconnaître l’accusé coupable des faits qui lui sont reprochés, mais de prendre en compte le fait que depuis le début celui-ci ne cesse de reconnaître son tord et de demander pardon.

Le procureur a ainsi requis une peine d’emprisonnement de 24 mois et une amende de 500 000 à l’encontre de Sinon Mohamed. Le procès a été renvoyé le 10 février pour le délibéré.

Hamadou OUEDRAOGO

Burkina 24