Nabaasga 2023 : Le message de Naaba Saaga 1er de Issouka

publicite

Ceci est le message de Naaba Saaga 1er de Issouka, à l’occasion du Nabaasga 2023.

Nous avons eu une année difficile. Nous avons connu des journées pleines d’incertitudes. Nous vivons encore des moments de tourmentes. Nous avons connu et connaissons encore la peur dans le ventre. Tout cela nous a dérangés et nous dérange toujours. Nous pourrons en citer une litanie de peines qui ont bien bousculé notre année qui vient de finir.

La suite après cette publicité

Nos yeux sont toujours mouillés par nos larmes de grande tristesse. Mais en dépit de tout cela nous avons connu quelques jours heureux. Il nous a été donné de vivre ensemble des jours éclairés, généreux,  remplis d’optimisme, des moments de joie, des temps de confiance, et d’espérance tout cela malgré tout.

Voici les deux facettes  que l’année 2022 nous a présentées et nous n’avons pas pu nous empêcher à chaque fois ces multiples  interrogations, durant chaque nuit  et pendant chaque heure. Pourquoi moi ? Pourquoi nous ? Pourquoi eux ? Pourquoi notre pays ? Enfin, qui nous éloignera de ces tourments ? Que font nos Chefs traditionnels, nos Emirs et nos coutumiers ? Eux qui incarnent les vertus de nos ancêtres. Des questions, somme toute, légitimes.

Avant une tentative de réponse, je voudrais élever ma voix depuis les rives du Boulkiemde ce cœur de Koudougou, Issouka pour saluer sa Majesté le Mogho Naaba, chef suprême de cette partie du pays Moagha. Salutations respectueuses à tous les Rois, Emirs et Chefs de cantons, de villages et de quartiers de notre pays. Je salue les vaillants membres de l’Association SONGNAAM qui honorent Koudougou par le respect de nos us et coutumes.

Qui honorent Koudougou par leur neutralité et leur recherche d’une dignité pour notre  Koudougou, la ville de nos ancêtres qui furent braves, dignes, intègres. Si la situation a été des plus troubles malgré tout,  devons nous rester dans le pessimisme ? Non. Absolument pas. Il nous faut marcher sur les routes de l’optimisme et de l’espérance d’où le thème de cette année. Optimisme.

Le Nabaasga est l’occasion offerte à chaque chef de s’adresser à ses ancêtres pour les remercier des dons reçus au cours de la saison passée et leur dire qu’ils ont le devoir d’aider le chef à protéger la population. Voilà pourquoi absolument chaque chef doit faire un Nabaasga pour son peuple pour les enfants qui ont besoin de bénédictions des ancêtres pour bien grandir. Ils ont besoin nos enfants d’optimisme.

Au début de mon message je parlais de difficultés vécues.  Oui les hommes et les femmes  avides de pouvoir et d’argent, ont contribué à créer cette situation à travers un oubli, un mépris de certains de nos frères, de certaines régions qui ont fini par créer des révoltés. Qui au lieu de cultiver le dialogue ont préféré prendre les armes et oser ôter la vie de certains de leurs concitoyens. Combien d’actes répréhensibles ont rougis la terre burkinabè du sang des innocents. Combien de lieux, aujourd’hui encore au Burkina Faso, la dignité et la liberté sont-elles foulées aux pieds ! La vie humaine perd de sa sacralité.

Pour roi argent et pour roi pouvoir, cette génération est prête à sacrifier ses frères et sœurs, ses terres léguées par ses ancêtres. Nous retenons que les principales victimes de l’avidité humaine sont toujours les personnes fragiles, les faibles qui pleurent en quittant leur terre. Qui pleurent en enterrant leurs proches.

Nous les appelons aujourd’hui des Personnes déplacées Internes (PDI). Nous sommes tristement face à une génération de femmes et hommes insatiables d’argent, insatiables de pouvoir et insatiables de divertissement qui ne laisse aucune place aux plus petits, aux enfants, aux pauvres. Aucune place à la vérité qui pourtant seule sauve. A Quelle place se trouve le Roi, le chef traditionnel, l’Emir et  chef coutumier dans cet espace de nos vies ?

La chefferie de nos alleux a joué des rôles plus qu’importants : Reconstitution de notre Haute Volta crée en 1919, supprimé en 1932 et reconstitué en 1947 avec une forte implication du Mogho Naaba KOOM II pour le centre. Un fort engagement de l’Emir du LIPTAKO d’alors, Ousmane Amirou DICKO pour la partie qui était rattachée au Niger, de l’adhésion des BWA, des Lobi et Dagara, des Bobo,  des Siamous, des Yadse, des Gourounsi  et même des Samos.

De l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, tous ont joué un rôle de non acceptation de la déchirure de notre chère Haute Volta de nos alleux. Le refus de la division de tous a permis la reconstitution de cet espace géographique devenu Burkina Faso, pays des Hommes intègres. Cela nous rend fortement optimistes que le pire sera évité.

Ces dépositaires de nos traditions continuent le travail de réconciliation à chaque fois que le besoin des filles et fils du pays se manifeste j’en passe. Oui vous le direz avec des fois des limites comme toutes les Institutions Humaines du reste.

La chefferie traditionnelle et coutumière vous rappelle et c’est notre rôle premier de vous aider à la cohésion sociale en reconstituant un nouveau contrat social qui prend en compte tous les segments de notre pays, qui veille sur un partage équitable des fruits du travail collectif, de l’amour d’une justice vraie qui garantit la paix, du pardon et du soutien des plus faibles.

Je suis optimiste et vous invite à l’être pour notre pays malade. Je vous invite à être toutes et tous des médecins à son chevet. Rien, absolument rien ne doit nous distraire des soins appropriés que nous devons lui administrer. Nous sommes nés ici sur la terre de nos ancêtres. Aucun de nous ici présents ou absents n’a le droit de tourner le dos à ce devoir sacré. Le pays nous en appelle et nous devons répondre par un oui fort.

Nos représentants de nos us et coutumes que sont les Rois, Emirs et les chefs de différents horizons, nos dirigeants religieux de toute confession, nous lancent cet appel fort. Tous ces acteurs doivent bien sûr mériter ce respect en restant tant que possible dans la droiture. Comme doit l’être le vrai berger avec son troupeau.

Portons-leur alors un grand respect dans nos propos et dans nos comportements. Le Burkina Faso nous remercie pour cette bienveillance. Aimons notre culture car nul ne peut prétendre se développer  dans la culture d’autrui. Ensemble pour notre cher Burkina, notre devoir est de faire face à l’adversité, de lui survivre, car le sacrifice suprême n’est pas d’offrir sa vie, mais de l’aimer malgré tout. Nous le pouvons voilà pourquoi aujourd’hui, ici à Koudougou et plus précisément à Issouka,  je vous invite de manière Solennelle à l’optimisme.

Pour cela je voudrais ici lancer un appel vibrant adressé à toutes et tous.

  • Appel au Rois Emirs, chefs traditionnels et coutumiers ; aux chefs religieux de toute confession. Merci d’honorer la mémoire de nos anciens qui ont bien lutté pour la reconstitution en refusant l’érosion de nos frontières. Nous devons parler à toutes celles et ceux qui nous écoutent. Disons leur que le pays vit sur des frontières inviolables non négociables. C’est notre héritage sacré qui doit demeurer de génération en génération.
  • Appel aux diffuseurs modernes de l’information que sont les Internautes et différents animateurs des réseaux sociaux. Que tous leurs posts et leur audio contribuent fortement à rassembler les Burkinabè et nullement à les déchirer. A tous les artistes, Qu’ils soient des unificateurs, chercheurs de  vérité, semeurs d’espérance et des porte-voix appelant  à   la victoire. Les médias notamment la radio ont aidé des pays à reprendre de l’entrain pour repousser l’ennemi au temps sombre de leur histoire. Soyons de la sorte. Notre terre nous le revaudra.
  • Appel à tous nos amis. Ils doivent absolument aider le pays comme d’autres pays ont été aidés quand ils étaient au creux de l’abime dans leur existence. Si les intérêts sont bien partagés la compréhension et l’amitié se renforcent. On n’abandonne jamais son ami dans la peine et la tourmente.
  • Appel à vous tous présents et absents. Soyons donc dans l’optimisme car tous vos rois, chefs traditionnels, vos Emirs, vos chefs religieux et coutumiers élèvent chaque jour des prières dans leurs Mosquées, leurs Eglises leurs temples, leurs lieux sacrés en faveur de la paix dans un pays réconcilier dans la vérité et la justice. Ils font des sacrifices sur leurs autels afin que le sang trop versé s’arrête de couler. Nous avons une lourde responsabilité partagée, si la véritable Paix, la véritable Justice venaient à manquer. Nos prêches, nos sermons, nos incantations doivent plaire à nos aïeux et à notre Dieu unique qui est Vérité et Justice. Cette Paix recherchée depuis la nuit des temps doit absolument arroser notre terre d’une douceur infinie. Notre Burkina Faso attend cette fraicheur du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Fraicheur qui verra reverdir nos plaines  et éloigner la couleur rouge de nos espaces de vie.  Nous sommes pleins d’optimisme et chargés d’espérance. Nous le voulons tous donc nous le pouvons tous.
  • Chers parents et amis présents. Dans nos vies Il y a ceux qui voient les choses telles qu’elles sont et qui se demandent pourquoi ? Votre humble chef que je suis depuis Issouka et Koudougou voit les mêmes choses telles qu’elles pourraient être et je me dis pourquoi pas ? Alors, pourquoi pas un Burkina apaisé, réconcilié dans la vérité et la justice ?

Les Mânes des ancêtres nous y conduiront si nous sommes optimistes.

Bonne fête de Nabaasga.

Bonne année 2023 

❤️ Invitation

Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Burkina 24 Suivre la chaine


Restez connectés pour toutes les dernières informations !

publicite


publicite

B24 Opinion

Les articles signés B24 Opinion sont soumis par nos lecteurs et/ou des libres penseurs et n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

Articles similaires

Un commentaire

  1. Message clair et bien dit par sa Majesté Naba Saga 1er de Issouka. Que le bien remporte sur le mal. Vivement la Paix au Burkina Faso

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
×