Burkina Faso : Les « pièges de la Françafrique », selon Amzat Boukari-Yabara
« La Françafrique et ses conséquences sur le développement de l’Afrique » est le sujet qui était au cœur d’une conférence publique initiée par l’Association « Université populaire du Faso Yaya Karim Drabo » ce jeudi 22 juin 2023. Cette conférence a été animée par l’historien, Amzat Boukari-Yabara, par ailleurs président de la ligue panafricaine Umoja.
Amzat Boukari-Yabara définit la « Françafrique » comme un système de domination fondé sur une alliance stratégique et asymétrique entre une partie des élites françaises et une partie de leurs homologues africains. « Cette alliance héritée d’une longue histoire coloniale mêle des mécanismes officiels connus, visibles, assumés par les États, et des mécanismes occultes, souvent illégaux, parfois criminels introuvables », a-t-il laissé entendre.
Pour le conférencier, ces mécanismes qui se déploient dans une relative indifférence de l’opinion publique française, « permettent à ces élites franco-africaines de s’approprier et de se partager des ressources, économiques, mais aussi politiques, culturelles et symboliques, et au détriment des peuples africains ».
À l’écouter, ce système de « prédation » se caractérise par sa grande « malléabilité ». « Le dispositif françafricain a permis au colonialisme de suivre la décolonisation, a su s’adapter aux évolutions internationales des décennies suivantes et se reformer chaque fois que des failles mettaient son existence en péril.
Il en va de la Françafrique comme de l’informatique, le système d’exploitation pour se prémunir contre les dysfonctionnements et les potentielles agressions est régulièrement mis à jour. Car il faut assurer la « stabilité » en Afrique, est-il constamment répété. Une « stabilité » au service des Africains, dit-on, mais qui sert en réalité de paravent à la défense des intérêts de la France et de ses affidés », a-t-il déclaré.
Selon Amzat Boukari-Yabara, aujourd’hui, les Africains ne doivent pas aborder la question de la « Françafrique » comme un simple « slogan militant » mais comme une « véritable théorie politique pour nous en défaire ». Pour quitter la « Françafrique », il invite les Africains à se décoloniser en menant une lutte contre le racisme et la domination économique.
Le système de la « Françafrique » renferme des pièges, selon Amzat Boukari-Yabara. Et ces pièges, poursuit-il, sont monétaires notamment la question du franc CFA. « Des pièges militaires, l’idée que la présence militaire assurerait la stabilité de nos États, également des pièges naturels dans l’idée que nous serions incapables de nous développer dans nos langues africaines, dans des cadres, je dirais interafricains. Pour sortir, il faut développer des éléments de rupture à la fois en revenant aux éléments endogènes de notre histoire », a-t-il ajouté.
Habibou Fofana, vice-président de l’Association, Université populaire du Faso Yaya Karim a précisé que l’objectif de cette activité est de faire participer les Burkinabè en particulier et les Africains en général à la réflexion sur les sujets, les plus importants du moment.
Willy SAGBE
Burkina 24
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