Ouagadougou : Les Sociétés de gardiennage, deuxièmes campus de plusieurs étudiants

publicite

Les sociétés privées de sécurité encore appelées sociétés de gardiennage sont des services privés de protection fondés dans le but de sécuriser ou de surveiller des personnes et des biens publics ou privés au Burkina Faso. Des agents de sécurité recrutés, en leur sein, sont constitués d’agents permanents ou contractuels. Parmi les agents contractuels, l’on rencontre plusieurs étudiants de différentes universités du pays notamment à Ouagadougou. Ces étudiants vigiles jumèlent études et gardiennage, en faisant de ce métier leur gagne-pain. 

La suite après cette publicité

Quand Y.V (Sigle d’emprunt) est arrivé à l’université Joseph Ki-Zerbo pour la première fois, il était très content. Mais il ignorait qu’un jour, il allait être confronté à un problème de sous. Il rejette la faute notamment à l’insécurité dans le pays. Étudiants déplacés internes ou leurs parents, il y en a au Burkina Faso. Bref, après avoir échangé avec un ainé du campus, le gardiennage a été l’idéale proposition faite à Y.V.

Selon cet ainé, c’est le travail qu’un étudiant peut faire aisément et pouvoir poursuivre ses études sans crainte. « C’est à partir de ce jour que j’ai commencé à chercher. Une semaine après, j’en ai eu et j’ai commencé à travailler, et voilà aujourd’hui« , nous raconte fièrement l’étudiant en 2e année d’étude germanique à l’université Joseph Ki-Zerbo.

Les sociétés privées de sécurité ont entre autres objectifs la surveillance des biens meubles et immeubles, la surveillance des personnes. Des jeunes et personnes âgées de toutes les catégories sociales peuvent être recrutés. Parmi eux, il y a donc des étudiants d’universités et autres instituts de formation.

Ce travail de gardiennage n’a plus de secret pour bon nombre d’étudiants à Ouagadougou. Le travail est constitué de deux volets : monter la garde de 6h à 18h ou de 18h à 6h. L’on rencontre dans les deux, des étudiants de tout genre (fille et garçon) et de divers niveaux d’études universitaires.

« Si le métier présente un certain nombre de risques, j’arrive à m’en sortir financièrement », confie Y.V, notre étudiant en 2e année Allemand, au campus de Ouagadougou.

J.T est l’une des rares filles qui monte la garde de 6h à 18h. Elle est étudiante en première année. C’est un moyen, dit-elle, pour soulager les parents qui sont dans le besoin. « Mes parents sont des déplacés internes et quand je suis arrivée à Ouagadougou, j’étais recrutée comme fille de ménage et on me payait 15.000 FCFA le mois et je n’arrivais même pas à bien bosser. J’ai décidé de laisser ce travail. Mais pas question de rester à la maison sans rien faire. C’est pourquoi je fais ce travail de vigilance. Et je ne gagne pas moins de 35.000 FCFA le mois », précise-t-elle.

Plusieurs sociétés de gardiennage au Burkina Faso particulièrement à Ouagadougou emploient un nombre élevé d’étudiants. Certains ont été recrutés pour être contrôleurs. La capacité et l’ancienneté peuvent les faire aussi nommer contrôleurs dans la société. Pour ceux qui montent la garde la journée de 6h à 18h ; où on trouve la majorité des filles ; ont 5000 FCFA de plus que ceux qui montent la garde la soirée de 18h à 06h du matin, uniquement réservés aux garçons.

Dans la plupart des sociétés visitées, le salaire minimal est de 30.000 FCFA, extensible à 60.000 FCFA. Ce salaire mensuel est conditionné par certains principes du métier, communs à toutes les sociétés ; à savoir les absences non justifiées, les retards, et le non port de la tenue.

Il y a également la participation au sport qui est instauré chaque 15 du mois dans certaines sociétés. Le but est de préparer les agents physiquement. Ce sport est également une condition pour acquérir l’entièreté du salaire mensuel. Par exemple, une non-participation au sport correspond à une soustraction de 5.000 FCFA sur le salaire mensuel, apprend-on.

Cela m’a permis de payer une moto Sirius originale en 2022 à 700.000 FCFA

Pour certains étudiants, l’importance de ce métier, c’est de ne pas rester sans rien faire et aussi pour avoir quelque chose à la fin du mois. « Moi j’ai eu mon bac en 2017, et j’ai été orienté en Histoire et Archéologie à l’Université Joseph Ki-Zerbo. Je suis arrivé trouver que mes grands frères qui m’ont devancé au campus font ce métier de gardiennage. 

Et j’ai trouvé que c’est utile et j’ai emboité le pas. Au début, la société qui m’a recruté me payait 30.000 FCFA, et au fur et à mesure que les mois passent, ça augmentait. Aujourd’hui je gagne 50.000 FCFA. Avec ça j’arrive à subvenir à mes besoins. Ce que j’ai pu économiser, plus mon FONER, cela m’a permis de payer une moto Sirius originale en 2022 à 700.000 FCFA », se réjouit S B, étudiant en année de Licence.

Pour P.M (sigle fictif), des sociétés de gardiennage « exploitent » les agents en particulier les étudiants dans le traitement des salaires. Non seulement, déplore-t-il, certaines sociétés ne payent pas bien, à temps, et l’agent doit acquitter de son salaire pour dédommagement en cas de faute grave.

« Une faute, on te fait moins 5.000 FCFA dans ton salaire. Et si par exemple, tu travailles pour toucher 35000 ou 40000. Et au cours du mois si par malheur tu fais sept (07) ou huit (08) fautes graves, tout ton salaire est parti. Pourtant quand on calcule, la majorité des sociétés payent 1000 F par nuit. Ça c’est quoi si ce n’est pas de l’exploitation. Il faut voir le risque qu’il y a dans ce travail. Mais on est dedans, on n’a pas le choix… Même si tu connais quelque chose, il faut accepter l’exploitation de quelqu’un. Là ça devient une leçon pour toi », déplore un autre, H.K, étudiant en deuxième année de Sociologie

A écouter certains étudiants, la plupart des sociétés effectuent les virements des salaires une semaine à dix (10) jours après le début du mois en cours. Et que si tu es un nouveau, tu ne peux pas toucher la totalité du salaire à la fin du mois même si tu as commencé le 1er du mois.

Pour les promoteurs des sociétés de sécurité, le retard des paiements de salaire est dû à un retard qui remonte au plus haut niveau en particulier des structures contractantes. Ces structures ne sont autres que des structures publiques et privées ; qui connaissent souvent des retards liés au virement des budgets alloués à la sécurité des personnes et des biens. Ces avis ne se sont pas partagés par certains étudiants.

« Certes je reconnais la présence des étudiants dans ma société. Je peux même dire qu’ils sont nombreux. Pour moi, avoir des étudiants dans ma société ne me dérange pas, pourvu qu’ils fassent bien le travail. Parlant de retard de paiement, c’est vrai, c’est une réalité et nous, les promoteurs, nous cherchons à juguler le problème mais hélas. 

Parce que, si une société signe un contrat avec une structure et cette structure a du mal à honorer le contrat, automatiquement ça devient compliqué pour le responsable de payer les salaires des agents à temps. Par exemple, j’ai un marché avec une structure publique de la place, dans laquelle j’ai mis environ 100 agents à leurs dispositions. J’ai assuré le salaire des agents pendant 6 mois avant que la structure ne me remette le chèque. Vous voyez qu’avec une telle situation si vous n’êtes pas forts, c’est compliqué d’assurer », se défend le promoteur d’une société de sécurité privée de la place.

Étudiants VDP : Un choix, un courage, mais surtout un véritable amour pour son pays

Depuis la promulgation de la loi 032 du 14 mai 2003, relative à la sécurité intérieure au Burkina Faso, l’Etat peut concéder à des sociétés privées des activités de sécurité. Depuis lors, l’on assiste à une naissance grandissante de sociétés privées de sécurité au Burkina Faso.

Selon une étude, plus de cinq cent (500) sociétés de sécurité privées sont reparties dans les différentes villes du pays. Ce secteur est régi par le décret N°343 du 25 mai 2009 ; portant règlementation des activités des sociétés privées de gardiennage.

Malgré tout, beaucoup d’étudiants font de ce métier leur gagne-pain pour subvenir à leurs besoins. Défiant les risques, ils ne baissent pas les bras, s’engagent et espèrent un lendemain meilleur. Le recrutement des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) a été, par ailleurs, une occasion pour bon nombre d’étudiants exerçant dans le domaine de s’engager pour la défense patriotique. Un choix, un courage, mais surtout un véritable amour pour son pays…

Amidou OUEDRAOGO (Stagiaire) 

Burkina 24 

Écouter l’article
❤️ Invitation

Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Burkina 24 Suivre la chaine


Restez connectés pour toutes les dernières informations !

publicite


publicite

Rédaction B24

L'actualité du Burkina 24h/24.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
×