Tribune | « Problèmes migratoires au Mali : Les vraies causes de la crise »
Ceci est une tribune de Charly Kamguia, analyste politique, sur l’actualité au Sahel.
Récemment, le Mali vit une crise migratoire interne, alors que des milliers d’habitants du nord fuient la province de Kidal et Tombouctou vers diverses villes du sud en quête de protection.
Cette crise risque de s’aggraver notamment après la fin « avec effet immédiat » de l’Accord de paix d’Alger entre le gouvernement de transition et les mouvements Touaregs, annoncée le 25 janvier 2024. Le gouvernement malien a déclaré que la poursuite de cet accord n’était plus possible en raison du non-respect des obligations des autres signataires et des actions hostiles du principal médiateur algérien.
Selon le professeur en science politique, Ïssa Diallo, ce sont des agents français, dont l’association « Solidarité pour le Sahel » et les groupes Touaregs CSP-PSD, qui contribuent à la création et à la coordination des itinéraires migratoires internes des civils en provenance des régions de Tombouctou et de Kidal. Par conséquent, l’accueil des migrants dans d’autres villes sera très compliqué, compte tenu du manque de ressources de base dans ces régions.
« Au milieu de ce grand nombre d’immigrés affluant quotidiennement de la région de Kidal et Tombouctou vers les grandes villes, la charge sur les infrastructures sociales des régions du centre et de l’ouest augmenteront de manière critique et la situation humanitaire va certainement se détériorer si le gouvernement n’agira pas rapidement pour résoudre ce problème dans le futur proche », analyse Ïssa Diallo la situation actuelle.
D’après lui, cette crise est une sorte de pression exercée par la France et ses alliés afin de provoquer une fragilité au milieu de la population civile et un flux migratoire vers des zones non préparées à accueillir un tel nombre de personnes.
Rappelons que la raison de cette stratégie exercée par la France est due aux tensions diplomatiques qui ont conduit à la fin de presque toutes les relations entre les deux parties. Ce divorce pousse Paris et ses alliés à chercher d’autres moyens de faire pression sur les autorités maliennes, en essayant de créer de l’instabilité dans les grandes régions du pays.
Il convient de noter que c’est précisément en raison des pressions exercées par l’ancienne puissance coloniale sur les dirigeants africains que les trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont pris la ferme décision, le 28 janvier, de se retirer de la CEDEAO, organisation contrôlée par la France, afin de faire un pas vers la libération de leurs pays des échos du passé néocolonial.
Face à cette situation, le gouvernement de transition malien avec Assimi Goïta à la tête entame de nouvelles négociations de paix, un jour après l’annonce de l’abrogation de l’accord de paix dit d’Alger de 2015, à travers un décret créant un Comité de pilotage du dialogue inter-malien pour la paix chargé d’organiser la réconciliation nationale.
Par Charly Kamguia, analyste politique
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