Tribune | « Deuxième Lettre d’un Français amoureux du pays des Hommes intègres à ses amis du Burkina Faso »

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Ceci est une lettre de Luc GAILLARD intitulée « Deuxième Lettre d’un Français amoureux du pays des Hommes intègres à ses amis du Burkina Faso ». 

Mes amis, et j’aimerais pouvoir dire aussi, mes frères, il y a tout juste un an le site Burkina 24 m’a fait l’honneur de bien vouloir publier ma première lettre intitulée « Lettre d’un Français amoureux du pays des Hommes intègres à ses amis Burkinabè ».

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Je souhaitais alors exprimer le soutien, qu’à mon modeste niveau, je voulais apporter au gouvernement du Président TRAORE et la compréhension de sa volonté d’émancipation sans complexe d’une forme de tutelle économique, politique et militaire française.

Et il me paraît toujours nécessaire de soutenir l’action du gouvernement actuel dans sa détermination à lutter contre l’ennemi de l’intérieur, djihadistes et autre brigands. Comme sa détermination à relancer un vrai Panafricanisme. Et, sous réserve de ne pas tomber dans une autre forme de dépendance, il n’y a pas lieu de critiquer le soutien réclamé auprès d’autres pays que la France, peu importe qu’il s’agisse de l’Inde, de l’Iran, de  la Russie. C’est nécessaire et légitime.  

Comme nécessaires et légitimes sont les efforts économiques et financiers demandés à la population pour soutenir les besoins de cette guerre. Pour mener une telle politique, un gouvernement fort est sans doute le vecteur le plus efficace.

Mais, si cela demande aux Dirigeants beaucoup de détermination, cela implique aussi beaucoup de clairvoyance, de prudence et de pondération. Et le chemin est étroit entre le juste et le nécessaire. Dès le XVe siècle Blaise Pascal a rappelé à cet effet que « La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique. »

Le Président TRAORE peut s’enorgueillir d’être à l’image des Grands Anciens qui l’ont précédé dans le monde. À l’instar d’un NAPOLEON BONAPARTE, il a pris le pouvoir en tant que jeune militaire  à l’issue d’un coup d’Etat sans effusion de sang. Très vite, comme DE GAULLE l’avait fait vis-à-vis des Etats Unis, il a su fermement prier la France d’évacuer ses troupes et ses camps militaires.

Et ce n’est pas un hasard si la comparaison avec THOMAS SANKARA s’est rapidement imposée à l’occasion de la mise en place d’un nouveau contrat social. Reprenant les idéaux de KWAME NKRUMAH du GHANA ou SYLVANUS OLYMPIO du TOGO, l’affirmation d’une redéfinition du Panafricanisme est revendiquée à juste raison.

On pourrait continuer longtemps les comparaisons avec les grands chefs d’Etat Africains. Mais il ne faut pas avoir une mémoire sélective et ne retenir de ces grands anciens que les faits positivement remarquables. NAPOLEON, défenseur ardent de la patrie « France » qui était alors, un peu comme le Burkina, menacée à la fois de l’intérieur et de l’extérieur, lorsqu’il est devenu empereur, s’est peu à peu érigé en un dirigeant sans contrôle et tout-puissant.

KWAME NKRUMAH du GHANA, ou SYLVANUS OLYMPIO du TOGO, accrochés au pouvoir sont malheureusement devenus des tyrans mettant en place des régimes autocratiques ou à parti unique. Le phénomène est connu depuis l’Antiquité, « Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre » disaient les  Romains pour mettre en garde leurs dirigeants quand les attributs du pouvoir les amenaient à commettre des excès.

Et ils utilisaient l’expression « la roche Tarpéienne est près du Capitole », rappelant ainsi que le siège du pouvoir, le Capitole, était sur la même colline que le lieu dénommé roche Tarpéienne où les condamnés purgeaient leur peine. Le président TRAORE a redonné de la dignité et l’espoir d’une vie meilleure au Burkina Faso.

Il convient donc de soutenir cette démarche et, en même temps, comme le ferait un vrai ami, il faut attirer son attention sur des comportements qui, dans un excès de zèle d’efficacité, viendraient abolir ou sanctionner le droit de penser individuellement, et plus encore, le droit d’exprimer individuellement un désaccord respectueux.

Il est sans doute nécessaire de faire du tri et de remettre à plat certaines pratiques héritées de la colonisation, certains usages contraires à l’Esprit du pays, nécessaire aussi de dépoussiérer certains principes pour mieux s’approprier ou se réapproprier les règles de fonctionnement de la société BURKINABE.

Comme il est nécessaire même de discuter les règles de fonctionnement ou les décisions prises par les institutions panafricaines existantes. Mais ,que cela soit prétexte à la remise en cause des principes universels posés depuis des siècles dans le monde entier, que sont la liberté de penser, la liberté d’aller et venir, la liberté d’expression, la liberté d’exister en tant qu’individu, alors cela procèderait d’une autre dimension, d’un autre objectif.

Nul ne peut avoir l’ambition de formater un peuple en lui supprimant son âme ou ses droits élémentaires. Surtout dans un pays comme le BURKINA FASO où la conscience politique des populations est vive, la structuration des sociétés civiles importantes et ses avis ou suggestions respectables, un pays qui, avec le balai citoyen notamment, a su donner au Monde l’exemple d’une révolution maîtrisée et responsable.

Que cela nous plaise ou non, nous vivons une mondialisation de plus en plus accrue qui va nécessiter, non l’enfermement et le repli sur soi, mais l’ouverture sur l’Autre, sur la base de règles équitables et  évolutives bien définies.

Le BURKINA FASO est nécessaire à l’AFRIQUE et au-delà au MONDE entier, mais le MONDE entier et l’Afrique sont aussi nécessaires au BURKINA FASO. Je suis convaincu que le président TRAORE saura trouver, sur le chemin difficile qu’il est contraint d’emprunter, un équilibre suffisant et saura corriger les déséquilibres constatés, voire même les excès de cette politique volontariste. 

Si cette lettre est publiée, certains d’entre vous vont peut-être s’interroger sur la légitimité d’un Français inconnu pour s’autoriser une quelconque appréciation sur le pays et son Dirigeant. De la légitimité je n’en ai aucune, de l’affection j’en ai beaucoup.

Je crois émettre un point de vue avec admiration, respect et déférence. Mais j’aime trop et depuis trop longtemps ce pays qu’une amie BURKINABE décédée il y a tout juste un an, m’a permis de connaître dans les tous premiers jours de la révolution Sankariste, pour ne pas exprimer à son endroit mes peurs et mes espoirs.

Il est vrai que je ne suis « personne » en particulier, que je suis en fait comme « tout le monde » et pourtant je suis « quelqu’un » d’unique, comme chacun de nous sur cette terre. C’est la magie de l’unité dans la diversité mais aussi de la diversité dans l’unité. C’est en fait l’image du BURKINA FASO composé de tant d’ethnies différentes et pourtant unies sous un même drapeau.

Un tel pays ne saurait être tenté par le repli, il est fait pour s’enrichir en partageant ses richesses et  sa culture dans le cadre de relations nationales respectueuses de tous et de relation internationales enfin équilibrées. C’est le seul vœu qu’un Français forme fraternellement à l’adresse de tout un peuple et,  confraternellement, à l’adresse de toute une profession qui se reconnaîtra.

Luc GAILLARD

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4 commentaires

  1. A WILLAV,
    Tu devrais savoir que La France n’aide pas les Africains au travers des ONG. En fait ce que fait la France, c’est de preter l’argent des Africains aux Africains avec des taux d’interet prohibitifs. Je voudrai que tu ecoutes la video d’un de tes compatriotes Francais du nom de Francois Mattei pour comprendre comment ton pays nous a systematiquement pilles et continue de le faire envers d’autres pays Africains francophones qui sont encore victime de la Mafia FrancaFricaine.
    Si ton pays qui se nourrit du sang et de la sueur des Africains veut vraiment nous aider, il doit cesser de nous spolier au travers du FCFA, des contrats leoniens et plein d’autres.

  2. Vue par un Français, la lettre de Luc GAILLARD est très belle, et la remarque de Mercure610 est pertinente.
    Dommage que les courriers des Français lus par des agents de la Russie, ne sont pas compris.
    DOMMAGE pour le Burkina Faso et son peuple.
    Alors que de nombreux Français, comme moi, aimons beaucoup le Burkina (où je suis venu 7 fois) et son peuple, .
    Ceci dit, sans AUCUN intérêt personnel. alors que je paie les études d’un jeune Burkinabé depuis 8 ans.
    Que j’ai offert personnellement des Motos-Pompes pour les maraichages d’un village,
    tout cela avec l’aide de l’état Français qui prend en charge les 2/3 des dépenses engagées via des associations reconnues comme ONG au Burkina.
    Sans compter que j’ai envoyé de l’argent à un ami Burkinabé pour qu’il puisse reconstruire sa maison en banco qui s’était effondrée, suite à un orage. Comme celle de sa maman, aussi…
    N’oubliez pas que de nombreuses associations (ou ONG) françaises, paient les études de jeunes.
    Améliorent le confort des écoles Burkinabé.
    Bien amicalement au peuple Burkinabé et en espérant qu’il se débarrasse du terrorisme.

  3. Mercure610
    toujours le coté donneur de leçons.. sous couvert de conseils..
    le peuple burkinabé est assez mature pour savoir quels sont ses intérêts ..
    merci et aurevoir

  4. Très belle lettre pleine de respect et d’amitié.
    De conseils aussi : ne vous coupez pas du monde et ne tombez pas dans les filets de nations opportunistes, qui sous prétexte d’aider, ne songent qu’à s’approprier vos richesses
    L’homme est ainsi fait, il n’agit que très rarement par altruisme, sans avoir une idée derrière la tête et ne qui songe, en vous aidant à vous embrigader voire vous exploiter..
    Soyez sages et laissez chacun exprimer ses avis, qu’ils aillent ou non dans le sens qu’à choisi le pouvoir.
    UNe amoureuse du Burkina et de son peuple.

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