Université Joseph Ki-Zerbo : À la rencontre de ces braves jeunes dames qui concilient leur vie d’étudiante et celle de mère

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Nombre d’étudiantes tombent enceintes et deviennent des mères durant leur parcours universitaire. Entretenir un bébé et poursuivre ses études n’est pas chose aisée. Mais comment ces jeunes dames arrivent-elles à concilier leur vie d’étudiante et celle de mère ou de femme au foyer ? Pour répondre à cette question, nous sommes allés à la rencontre de quelques-unes de ces amazones. Leurs réponses dans les lignes qui suivent. 

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Nous sommes lundi 18 novembre 2024. Il est 10h00 quand nous franchissons l’entrée Nord de l’Université Joseph Ki-Zerbo. C’est l’heure de la pause ici. Devant nous, on a une cinquantaine d’étudiants qui se dirigent vers le restaurant universitaire couramment appelé RU.

Un, deux, trois pas… Nous prenons la direction de l’amphi D. Derrière ce bâtiment peint en jaune, nous rencontrons un groupe d’étudiantes assises sous les neemiers. Ça bavarde et ça rit aux éclats. Mais également des pleurs d’enfants qui parfois s’en mêlent.

Parmi elles, il y a Pascaline Bouda (nom d’emprunt), une jeune dame de taille moyenne, teint clair, âgée de 24 ans assise avec un enfant sur ses pieds. On se rend compte que c’est son enfant. Il commence à faire chaud. Il pleure. Sa mère essaie de le calmer en vain.

Elle est mariée, mère d’un enfant de 4 ans : Guélor comme cela que se nomme son fils qui a fini par cesser de pleurer. Pascaline est inscrite en troisième année de licence d’anglais. Elle nous confie que la naissance de son fils a impacté ses études. Car précise-t-elle, Guélor est né alors qu’elle était en pleine composition, ce qui l’a empêché de composer tous les devoirs.

« La naissance de mon fils a beaucoup joué sur mes études. Son arrivée a coïncidé avec la composition des devoirs ce qui a fait que je n’ai pas pu faire tous les devoirs », nous informe-t-elle. Conséquence, Pascaline n’a pas composé la session normale. Elle a dû composer la session de rattrapage pour valider son semestre et même pour le semestre suivant.

« J’étais obligée de composer la session de rattrapage en même temps que les devoirs du second semestre. Cela m’a beaucoup pénalisé parce qu’il n’est pas facile de composer les devoirs de deux semestres en même temps », poursuit-elle.

« Vouloir c’est pouvoir » dit-on. Pascaline en est la preuve vivante de cette assertion. Malgré les nuits blanches, les pleurs incessants de son enfant et le regard de la société, Pascaline n’a jamais abdiqué. Son objectif, c’est d’obtenir au moins la licence, nous dit-elle avec détermination.

Cette étudiante-mère invite les autorités politiques et académiques à jeter un regard sur le cas des étudiantes mères qui sont souvent expulsées des cours par certains enseignants même lorsque l’enfant ne dérange pas.

« Je voudrais demander aux autorités d’avoir un regard sur les mamans qui ont le courage d’étudier malgré leurs situations. Certains professeurs refusent que les mamans suivent les cours même si l’enfant ne dérange pas », lance Pascaline.

Il est 10h30, fin de la pause. Pascaline avait mis à profit cette pause pour s’entretenir avec nous. Elle nous fait savoir gentiment que ‘time is up’ comme le disent les Anglais. Elle ne pouvait que nous le dire en Anglais puisque c’est une étudiante en études anglophones. Avec son enfant, elle regagne la salle de cours.

Nous continuons notre randonnée, dans ce temple du savoir.  Nous nous dirigeons cette fois-ci vers l’école doctorale. A peine trente mètres de nous, nous apercevons la silhouette d’une jeune dame de teint noir, habillée en complet pagne avec une fillette d’au moins 5 ans.

Nous engageons un entretien avec elle. Inès Kambiré, se nomme t-elle.  Elle vient de franchir le premier quart de siècle. Elle est mariée et mère d’une petite fille de 5 ans : Rahamatou (nom d’emprunt).

En plus d’être mère et femme au foyer, Inès est étudiante en deuxième année de licence en sociologie. Elle est de la promotion 2019. Par la force des choses notamment avec l’arrivée de sa princesse Rahamatou, elle doit reprendre le semestre 4 avec la promotion 2020. « Je suis de la promotion 2019. J’ai accouché entre-temps et j’ai dû reprendre le Semestre 4 avec la promotion 2020 », nous informe-t-elle.

Pour son enfant, la jeune dame se réjouit et se dit chanceuse, car appuie-t-elle, la grâce d’être une mère n’est pas donnée à tout le monde « Je suis contente d’être mère. Je ne le regrette pas. Cette grâce n’est pas faite à toutes les femmes. Je suis vraiment reconnaissante à Dieu », s’en réjouit-elle.

Tout comme Pascaline, Inès est déterminée à finir avec minimum une licence en sociologie nonobstant les difficultés. « Je suis déterminée pour cela, il me faut au moins une licence quelles qu’en soient les difficultés. Je veux atteindre mon objectif qui est pour le moment la licence », soutient-elle.

Se servant de son vécu entre études et vie de mère, elle conseille ses jeunes sœurs de finir leurs études avant d’envisager la vie de femme au foyer ou d’avoir un enfant. « Je pense que c’est mieux de finir la licence avant de s’engager dans un foyer. S’il n’y a pas quelqu’un pour t’aider à s’occuper de l’enfant, c’est la croix et la bannière », prévient-elle.

Ines exhorte également les autorités universitaires à accélérer les travaux de construction de la crèche lancés depuis avril 2023. « Nous demandons vraiment aux autorités académiques d’accélérer les travaux de construction de la crèche ; c’est compliqué pour les mères étudiantes d’avoir des nourrices », lance-t-elle.

Elles sont nombreuses ces filles qui, au cours de leur cursus universitaire se marient ou tombent enceintes voyant ainsi leurs études impactées. Si certaines redoublent, au pire d’autres rompent carrément avec leurs études.

Et celles qui arrivent à poursuivre leurs études malgré les vicissitudes de leur nouvelle vie de mère et parfois d’épouse font preuve de courage et de détermination…

Soumaïla MALO (stagiaire) 

Burkina 24 

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