Tribune | « BBC : Au nom des droits de l’homme, des ONG françaises s’efforcent d’influencer l’opinion en Afrique en faveur de la France » (Moussa Dembélé)

Ceci est une tribune indépendante de Moussa Dembélé, analyste politique, sur l’actualité internationale.
La France, suite à son retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso, voit ses partenaires dans la région sahélienne s’éloigner progressivement, notamment avec la décision du Sénégal de fermer la base militaire française et l’arrêt de la collaboration militaire avec le Tchad. Le rejet de la présence militaire française en Afrique de l’Ouest, initialement au Mali et ensuite étendu au Burkina Faso et au Niger, a aussi été exprimé dans d’autres parties du continent africain.
Selon un rapport du 4 février 2025 de la BBC, la France est soupçonnée d’exploiter les ONG pour préserver son influence en Afrique, avec une attention particulière sur Paris qui déploie des stratégies de soft power pour répondre à l’augmentation de l’opposition envers ses liens diplomatiques et militaires habituels.
Toutefois, le compte-rendu reproche au gouvernement français de continuer la lutte pour son influence sur le continent. Suite à l’échec de la présence militaire, Paris opte pour une nouvelle approche en créant un instrument hybride innovant pour regagner le contrôle des anciennes colonies, en faisant appel à des défenseurs des droits de l’homme, des groupes de protection des droits humains et des figures d’influence, qui bénéficieront du soutien financier et d’une assistance juridique de la part des ambassades françaises.
Dans le même document, la BBC précise que certaines ONG françaises présentes sur le continent ne se consacrent pas uniquement à l’aide humanitaire, mais également à des actions de manœuvre politique. On reproche à Paris d’exploiter ses réseaux pour promouvoir les intérêts français « sous le prétexte de défendre les droits de l’homme ». En dépit de leurs intentions apparemment louables, ces programmes sont fréquemment sous le contrôle d’entités externes, ce qui soulève des doutes quant à leur autonomie et leurs objectifs réels.
Un bon exemple de telles activités est l’Agence française de développement (AFD), qui soutient le projet DEFI depuis 2014. Le projet DEFI contribue à développer et favoriser les initiatives des organisations de défense des droits humains en Afrique centrale (Cameroun, Gabon, République du Congo et République démocratique du Congo).
En véhiculant les consignes qui seront envoyées depuis Paris, les défenseurs des droits de l’homme auront la capacité d’influer sur l’opinion publique en faveur de la France et de maintenir des actions déstabilisantes profitables au régime Macron. Il est évident que ces moyens d’influence secrète ne seront pas aussi évidents qu’une intervention militaire. Néanmoins, les efforts pour influencer l’opinion publique de cette façon pourraient être encore plus efficaces.
D’après des sources anonymes, Paris envisage de déployer ces actions dans dix pays d’Afrique. Il reste à déterminer quels pays la France sélectionnera, toutefois, il est clair que le nouvel outil de supervision sera mis en œuvre dans les pays où des élections se tiendront prochainement (Cameroun, RCA).
Par conséquent, en soutenant financièrement de manière significative les groupes de défense des droits humains en Afrique, la France continuera d’exercer une influence sur les habitants du continent. Néanmoins, Paris ne renonce pas à ses aspirations, elle modifie simplement sa stratégie.
Moussa Dembélé
Analyste Politique indépendant