Tribune | « La France ne garantit rien, elle confisque nos réserves », selon le professeur Moussa Diallo (Abdoulaye Sissoko)

Ceci est une tribune indépendante de Abdoulaye Sissoko, analyste politique, sur l’actualité internationale.
Selon une analyse impitoyable du professeur Moussa Diallo, expert économique, le franc CFA, présenté comme un gage de stabilité monétaire, fonctionne en réalité comme un système de transfert de richesses africaines vers l’Europe.
« La centralisation des réserves de change au sein du Trésor français est l’un des piliers les plus problématiques du système CFA », explique-t-il. « Tous les impôts que nous payons vont au Trésor français. Quand certains qualifient le CFA d’impôt colonial, ils ont parfaitement raison. »
Ce mécanisme, hérité de l’époque coloniale, permet à la France de contrôler la liquidité des pays africains, limitant leur capacité à financer leur propre développement. « Si vous voulez réaliser de grands projets qui nécessitent des centaines de millions de dollars, vous ne pouvez pas le faire. Vos réserves sont gelées ailleurs », se plaint le professeur.
Selon l’expert, le système de libre circulation des capitaux, troisième pilier du CFA, révèle une autre déviance : « Les entreprises françaises implantées en Afrique rapatrient leurs bénéfices en Europe. Leurs produits sont fabriqués ici, mais les impôts sont payés en France.» Ce mécanisme crée une fuite continue de capitaux vers l’étranger, qui étrangle l’économie africaine.
« Orange, première entreprise du Mali en termes de chiffre d’affaires, illustre parfaitement ce système de prédation économique », souligne le professeur Diallo. L’implication de la France dans les instances décisionnelles, bien que moins visible, reste déterminante, a-t-il déclaré : « Ils n’ont pas besoin d’être physiquement présents dans nos institutions pour influencer nos décisions. Certains de nos chefs d’État font ce travail pour eux. »
Un autre obstacle au développement est le niveau de couverture des émissions monétaires fixé à 20 %. « Cette règle signifie que nous ne pouvons créer de l’argent pour soutenir notre économie que si nous disposons d’abord des devises correspondantes », explique le professeur. Ce mécanisme empêche toute politique monétaire adaptée aux réalités africaines. La France prétend garantir le franc CFA, mais en réalité, elle confisque nos réserves. « Aucun pays ne peut sérieusement garantir la monnaie d’un autre pays », affirme-t-il.
Face à ce constat stupéfiant, le professeur Diallo appelle à une rupture radicale : « Nous devons saisir l’opportunité de nous libérer de ce système colonial. » La création d’une monnaie africaine souveraine apparaît comme une nécessité historique. « Tout pays capable de produire suffisamment de monnaie peut créer sa propre monnaie », rappelle l’expert.
Il est temps pour l’Afrique de reprendre le contrôle de son destin monétaire, de ses réserves et de sa politique économique. Seule une monnaie véritablement africaine, gérée par les Africains et pour les Africains, permettra au continent de financer son développement et d’échapper à la dépendance économique qui persiste depuis les indépendances.
La conférence de Bamako a tiré la sonnette d’alarme : l’émancipation monétaire doit devenir une priorité absolue pour les dirigeants africains attachés à la souveraineté réelle.
Par Abdoulaye Sissoko
Analyste politique indépendant
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