De l’ordinaire à l’extraordinaire, Clémence Zongo transforme la coiffure en art

À la tête du salon “Holy Création”, Clémence Zongo, cette talentueuse Burkinabè d’une trentaine d’années s’impose avec des créations capillaires audacieuses, qui attirent l’attention bien au-delà des frontières. Une artiste passionnée qui bouscule les codes et fait rayonner la coiffure artistique. Burkina24 l’a rencontrée. Découverte !
En voyant ses créations sur les réseaux sociaux, on croirait que c’est quelqu’un d’une taille imposante et en forme au regard de ses coiffures qui renvoient à un imaginaire de qui peut bien être l’auteure. Mais c’est une jeune dame d’un teint un peu bronzé, avec une taille moyenne qui réalise toutes ces merveilleuses coiffures sur les têtes de ses clientes.
C’est une belle femme surtout quand elle se met à sourire. D’ailleurs, elle est toujours souriante. Elle nous raconte que depuis son jeune âge, elle nourrissait un rêve : devenir coiffeuse mais pas en tout cas une coiffeuse artistique. En 2009, ce rêve devient réalité.
Après une formation, Clémence Zongo embrasse la carrière de coiffeuse professionnelle dans un salon de la place. Petit à petit, elle réalise les tresses les plus complexes avec habileté. Très vite, ses employeurs remarquent le talent de la jeune femme. Dès lors, elle devient de plus en plus sollicitée.

En 2016, toujours dans le domaine de la coiffure, Clémence fait un rêve alors qu’elle dormait… Un rêve étrange dans lequel elle se voyait en train de réaliser une coiffure qu’elle-même ne comprenait pas. Ceci pour dire que son inspiration pour la coiffure artistique est quelque peu divine, si on peut se permettre d’y croire. « Dans ce rêve, je me voyais en train de réaliser une coiffure que moi-même je ne comprenais pas », confie-t-elle.
Le lendemain, une fois arrivée au salon, elle ne perd pas de temps. Elle se met à reproduire la coiffure qu’elle a vue dans son songe sur la tête d’une de ses collègues. « Après avoir fini, j’ai vu que la coiffure ressemblait à un être humain, une jeune fille. J’ai ajouté des gadgets pour la rendre regardable. J’ai pris des photos que j’ai ensuite postées sur les réseaux sociaux », dit-elle.
C’est ainsi que tout a commencé. Clémence devient alors une coiffeuse artistique. Elle a des invitations de part et d’autre pour participer à des évènements culturels. Défilé après défilé, scène après scène au niveau national et international. À travers ses coiffures, elle transmet des messages de paix, de cohésion sociale, de résilience, de lutte contre le cancer du sein et bien d’autres encore.

« Sur chacune de mes œuvres, je fais passer un message. Récemment sur l’une de mes coiffures, c’était un message d’union, de résilience que j’adressais aux Burkinabè en ces périodes difficiles que connait notre cher beau pays, le Burkina Faso », explique-t-elle.
Son inspiration, dit-elle, est divine. Elle ne fait rien sans l’approbation de son Créateur, nous fait-elle savoir. La plupart de ses sollicitations viennent des stylistes, artistes musiciens, présélections de concours Miss et bien d’autres, au pays comme à l’extérieur.
Selon Clémence Zongo, la coiffure qui l’a le plus marquée est celle qu’elle a réalisée à la mémoire de sa meilleure amie qui l’a soutenue dans les moments difficiles, mais qui malheureusement n’est plus de ce monde, suite à un cancer de l’utérus.« La mort de cette amie m’a tellement touchée que j’ai voulu apaiser ma peine en réalisant cette coiffure-là, où on voit une dame avec un utérus », avance-t-elle.
Pour réaliser une seule coiffure artistique, Clémence prend en moyenne un à deux jours, selon l’inspiration et le message à transmettre. Mais les défis au Burkina Faso restent importants. Selon elle, le public burkinabè connaît peu l’art capillaire, ce qui complique parfois les choses.
« Au Burkina, les gens ne connaissent pas vraiment la coiffure artistique, contrairement aux pays côtiers. Il y en a qui me disent d’arrêter, que ce sont des coiffures de fous, qu’il n’y a pas d’argent dedans, qu’il vaut mieux suivre la tendance avec les perruques… Moi, je leur réponds que c’est Dieu qui m’a confié cela, et je sais qu’il va créer quelque chose à partir de mon art », dit-elle avec conviction.

En perspective, Clémence rêve d’ouvrir un centre de formation et de se produire sur de grandes scènes à l’international. « Je veux avoir de grandes scènes pour m’exprimer, pour parler de mon art. Car ici, je ne suis pas encore arrivée là où je veux », affirme-t-elle avec ambition.
À tous les jeunes qui veulent se lancer dans la coiffure artistique, Clémence Zongo les encourage à aimer la coiffure, avoir la patience, de croire en eux et surtout en Dieu. Outre, la coiffure artistique, Clémence continue de réaliser des coiffures basiques. Elle reste disponible pour tous ceux qui souhaitent entrer en contact avec elle, via ses réseaux sociaux.
Au-delà de son talent visible, Clémence Zongo peut compter sur le soutien et l’admiration de ses proches ainsi que de ses clientes. Certaines ont tenu à partager leur regard sur celle qui transforme des cheveux en véritables œuvres d’art.

Isabelle Nikiéma, une proche de Clémence, garde encore en mémoire les débuts de la coiffeuse. « On a grandi ensemble. J’ai vu ses premières tresses, j’étais là et j’observais. Aujourd’hui, voir jusqu’où elle est allée, c’est incroyable. Elle n’a pas fait de grandes écoles ni de formations en coiffure artistique. C’est vraiment un don de Dieu », affirme-t-elle.
Pour elle, la passion et la foi de Clémence sont la base de son succès. Elle se souvient avec émotion d’un moment marquant. « Elle a déjà réalisé un corset et une jupe à partir de cheveux. C’était magique, et c’est la coiffure qui m’a le plus marquée. Elle a des mains bénies », témoigne-t-elle.
Kandi Guira, artiste musicienne burkinabè vivant en France, fait aussi partie de ses clientes fidèles. « Je l’ai connue au Fespaco, il y a quatre ans. Elle coiffait une autre artiste. J’ai tout de suite aimé son travail et son professionnalisme. Il n’y avait pas de stress, elle était calme et efficace », note-t-elle.

Depuis qu’elle a croisé le chemin de Holy Création, dès qu’elle revient au pays, elle fait toujours un tour chez Clémence pour s’offrir une coiffure. « Ce que j’aime chez elle, c’est sa sérénité, sa gentillesse et surtout sa ponctualité. Elle m’a aussi coiffée pour l’un de mes clips », soutient-elle.
En somme, Clémence Zongo incarne la preuve vivante qu’avec passion, foi et persévérance, un art peut devenir un véritable langage universel. Dans ses mains, chaque cheveu tressé raconte une histoire, porte une voix, et laisse une empreinte durable sur les cœurs…
Aurelle KIENDREBEOGO (stagiaire)
Burkina 24
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