Balguissou Konkobo, une étudiante entrepreneure

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Dans les rues animées de Kalgondé, au cœur de Ouagadougou, une jeune femme attire l’attention par sa dextérité et son énergie débordante. Entre deux clientes, elle ajuste un foulard, lance une blague, puis reprend, concentrée, la confection minutieuse d’une coiffure. Elle, c’est Balguissou Konkobo. C’est une étudiante, entrepreneuse, et porte en elle, le courage d’une génération qui refuse de baisser les bras face aux épreuves de la vie. Une équipe de Burkina 24 est allée dénicher cette amazone pour vous. Portrait ! 

Née en Côte d’Ivoire, au bord de la lagune Ébrié, Balguissou Konkobo fait ses premiers pas à l’école dans ce pays d’accueil. Mais à l’âge de dix ans, ses parents décident de revenir au pays de leurs ancêtres, le Burkina Faso, leur terre d’origine.

Elle s’installe d’abord avec sa grand-mère dans un petit village dans la région des Hauts-Bassins. Puis, elle rejoint Bobo-Dioulasso, chef-lieu de la région où elle poursuit ses études primaires et secondaires, et décroche brillamment son baccalauréat.

Depuis son jeune âge, un don rare l’habite : la coiffure. Elle ne l’a pas apprise auprès d’un professionnel, ni dans un centre de formation. Elle l’a dans les mains, un don du ciel, peut-on le dire. « La coiffure, c’est venu toute seule. Je tressais déjà les filles du quartier quand j’étais toute petite, surtout pendant les fêtes. C’était instinctif », nous explique-t-elle tout en esquissant un sourire.

Très tôt, ses proches perçoivent son habileté, mais ce n’était qu’un passe-temps pour elle à l’époque. Un jeu d’enfant. Personne ne s’imaginait alors que ce don qu’ils négligeaient allait prendre le dessus et devenir le gagne-pain de Balguissou.

Après le Bac, elle est affectée à Gaoua pour poursuivre ses études universitaires. Mais un de ses oncles paternels, résidant à Ouagadougou, lui propose de venir vivre avec lui pour s’inscrire dans une université privée. L’opportunité est belle. Balguissou accepte toute suite sans hésiter. Elle arrive dans la capitale pleine de rêves dans la tête, confiante en l’avenir.

Chose dite, chose faite, son oncle l’inscrit dans une université privée de la place. Elle fait le choix de la filière marketing et communication. Mais très vite, le choc de la réalité s’impose. La vie à Ouagadougou est loin de ce qu’elle pouvait s’imaginer. Surtout pour une étudiante sans revenu et sans FONER. Même si son oncle prend en charge les frais scolaires, elle comprend rapidement que cela ne suffit pas.

Sa famille d’accueil est éloignée de son école. Pour se rapprocher de l’université, elle déménage chez une tante à Nagrin, un quartier situé à la sortie Sud de Ouaga. Bien qu’elle soit maintenant proche de son école, Balguissou ne veut pas tout attendre de sa famille.

Dès lors, elle prend l’initiative de faire quelque chose de ses doigts pour ne pas être là à dépendre de sa famille. « Je ne voulais plus être un fardeau. Mon oncle faisait déjà l’effort de payer mes études, et ma tante m’avait accueillie. J’ai compris que je devais me débrouiller », avance-t-elle.

 C’est en ce moment-là que Balguissou se rend compte qu’elle a un talent qui peut lui faire de petits sous et lui permettre ainsi de gérer ses besoins élémentaires. Mais un obstacle s’érige. Elle n’a ni salon, ni matériel professionnel et n’en parlons même pas de clientèle. Comment s’y faire ? Balguissou n’a que ses mains, sa volonté, son courage et son talent. Elle commence alors à proposer ses services à ses camarades étudiantes. Elle fait le tour des classes, ose se présenter, négocie des prix accessibles.

« J’abordais les étudiants, je parlais de mes prestations, je baissais les tarifs pour que ça marche. Les débuts n’étaient pas faciles, mais je voulais juste une chance », soutient-elle. Petit à petit, la mayonnaise commence à prendre. Une cliente en parle à une autre, puis une autre. Les petites coiffures se multiplient. Mais ce n’est qu’un début. 

Pendant les vacances de 2022, une amie lui décroche un job de vacances dans un salon spécialisé dans les dreadlocks. Elle nous raconte qu’elle n’a jamais réalisé ce type de coiffure auparavant. Mais elle s’y engage quand même. En trois jours, elle commence à maîtriser les bases de cette coiffure. Le quatrième, nous fait-elle savoir, son patron la met à l’épreuve : réaliser une coiffure dreadlocks. Un défi qu’elle réussit brillamment, à l’en croire.

« Quand il m’a dit de faire une tête toute seule, j’étais choquée. Mais je l’ai fait. Et c’était réussi. Je me suis dit : Oui, je peux le faire », s’encourage-t-elle. Malheureusement pour elle, les choses ne se passent pas bien avec son patron. Elle quitte le salon, mais quelque chose a changé en elle. Elle a découvert un potentiel. Elle décide alors de voler de ses propres ailes. Elle coiffe une amie, filme le résultat et publie la vidéo sur TikTok. C’est la coiffure à la mode, et les vues explosent.

« Je ne m’attendais pas à autant de réactions. Les appels venaient de partout. Des gens voulaient que je les coiffe. C’est là que tout a commencé », affirme-t-elle. Sans un salon fixe, Balguissou se déplace dans toute la ville, parfois même dans d’autres villes. Elle jongle entre les cours, les rendez-vous, les stages et la fatigue. Elle ne se plaint pas. Elle avance.

En dernière année de licence, elle doit rédiger son mémoire, suivre un stage obligatoire et continuer à gagner sa vie. Elle planifie ses journées au millimètre. Elle coiffe la journée, écrit la nuit, et travaille en stage trois fois par semaine.

« Quand j’avais mes deux jours libres pour rédiger, je les utilisais pour mes clientes. Et la nuit, je travaillais sur mon mémoire. Parfois jusqu’à deux heures du matin. Le lendemain, j’étais au stage. »

À quelques jours de sa soutenance, elle faisait passer ses clientes pour les membres du jury lui permettant ainsi de réviser. Le jour de la soutenance, elle brille. Elle obtient une note exceptionnelle de 17,5/20. Un soulagement, un accomplissement, une victoire, à l’écouter. « Certains me disaient d’arrêter la coiffure pour me concentrer. Mais moi, j’ai tenu bon. J’ai réussi les deux. Et aujourd’hui, je suis fière de ce que j’ai accompli », soutient-elle.

Aujourd’hui, Balguissou est en Master 1 en Master of Business Administration. Elle suit les cours du soir et continue de développer “Baly Coiffure”, son salon de coiffure. « Quand j’ai cours, je quitte tôt le salon. Et souvent, les cours sont en ligne, ça me facilite la tâche. Je m’organise », dit-elle

Par jour, elle coiffe entre trois à cinq personnes, parfois plus. Les tarifs varient entre 20 000 et 70 000 francs CFA. Elle propose également des formations à la confection des dreadlocks. « Je suis ouverte à toutes les filles qui veulent apprendre. La vie est dure, mais il faut apprendre à se débrouiller. Vaut mieux compter sur soi-même que d’attendre les autres », indique-t-elle.

Balguissou ne compte pas s’arrêter de si bon chemin. Son rêve est de devenir une grande marketeuse, ouvrir un grand salon, former d’autres jeunes filles, et prouver que rien n’est impossible quand on y croit vraiment, nous fait-elle savoir.

Si Balguissou Konkombo avance aujourd’hui avec pleins de rêves, c’est aussi grâce au soutien de sa famille. Hébergée par son oncle paternel puis sa tante paternelle à Ouagadougou, elle a su faire face à la dure réalité de la vie, sans jamais baisser les bras.

«Balguissou a toujours été une fille courageuse, sa tante paternelle. Quand elle est venue vivre chez moi, je voyais qu’elle ne voulait pas être un poids. Elle se débrouillait seule, coiffait jusqu’à tard dans la nuit tout en poursuivant ses études. Elle ne demandait presque rien, elle voulait juste réussir par ses propres moyens. Je suis très fière d’elle, car elle n’a jamais choisi la facilité », témoigne Kadidiatou Konkobo, la tante paternelle de Balguissou.

L’une des clientes de Balguissou qui a requis l’anonymat dit l’avoir connu sur les réseaux sociaux. « Je l’ai découverte sur TikTok. J’ai été tout de suite impressionnée par son travail. Quand je l’ai rencontrée, j’ai compris que c’était une vraie bosseuse. Elle est respectueuse, professionnelle et surtout honnête. Ce que j’admire chez elle, c’est qu’elle aurait pu chercher l’argent facile comme beaucoup de jeunes, mais elle a préféré faire fructifier son talent », salue-t-elle son courage.

Le parcours de Balguissou Konkombo est bien plus qu’un simple récit d’une jeune fille passionnée. C’est une leçon de dignité et de persévérance. Dans un contexte où beaucoup sont tentés par l’argent facile, elle a choisi un autre chemin : celui de l’effort, de l’apprentissage et de l’honnêteté…

Aurelle KIENDREBEOGO (Stagiaire)

Burkina 24 

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