La tension monte entre la Thaïlande et le Cambodge : Risque de « guerre » et réunion d’urgence à l’ONU

La Thaïlande a mis en garde vendredi contre une possible « guerre » avec le Cambodge, alors que les affrontements frontaliers meurtriers entre les deux pays d’Asie du Sud-Est atteignent un niveau de violence inédit depuis 2011. Ces combats ont déjà provoqué l’évacuation de près de 140 000 Thaïlandais et entraîné des pertes humaines des deux côtés.
Le différend, centré autour d’une zone frontalière contestée surnommée le « Triangle d’émeraude », s’est intensifié après la mort d’un soldat cambodgien fin mai. Les récents combats impliquent désormais des avions de combat, des tanks, des troupes au sol et des tirs d’artillerie lourde. La Thaïlande déplore 15 morts, tandis que le Cambodge fait état d’un mort, bien que des journalistes aient observé plusieurs soldats et civils cambodgiens blessés.
Loi martiale et appels à la négociation
La situation est si critique que la loi martiale a été décrétée dans huit districts frontaliers thaïlandais. Le Premier ministre thaïlandais, Phumtham Wechayachai, a averti que l’escalade pourrait mener à une « guerre ». « Nous avons essayé de trouver un compromis parce que nous sommes voisins, mais nous avons donné l’instruction à l’armée thaïlandaise d’agir immédiatement en cas d’urgence », a-t-il déclaré.
Parallèlement, Bangkok se dit « prêt » à négocier une sortie de crise, que ce soit par la voie diplomatique directe ou par l’entremise de la Malaisie, qui assure la présidence tournante de l’ASEAN, dont les deux pays sont membres.
Réaction internationale et contexte historique
À la demande du Premier ministre cambodgien Hun Manet, le Conseil de sécurité des Nations unies doit tenir une réunion d’urgence à New York ce vendredi. Les États-Unis, la France, l’Union européenne et la Chine ont tous appelé au dialogue et à la fin du conflit.
Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a qualifié les affrontements de « déchirants et inquiétants », attribuant le problème aux « séquelles des colonisateurs occidentaux » et appelant à une gestion calme et appropriée.
Le litige frontalier remonte au tracé défini durant l’Indochine française. Le précédent épisode le plus violent lié à ce différend remonte à des affrontements autour du temple de Preah Vihear entre 2008 et 2011, qui avaient fait au moins 28 morts et des dizaines de milliers de déplacés.
Les relations diplomatiques sont au plus bas depuis des décennies, Bangkok ayant rappelé son ambassadeur et expulsé l’ambassadeur cambodgien, Phnom Penh ripostant en retirant son personnel diplomatique de Bangkok. Les combats ont repris vendredi matin, les deux camps s’accusant mutuellement d’avoir ouvert le feu en premier et de cibler des infrastructures civiles. La Thaïlande a même déployé des avions de combat F-16.
La violence a poussé de nombreux civils à fuir, comme Salou Chan, 36 ans, réfugié dans un temple bouddhique avec ses enfants : « Je suis inquiet pour mes enfants. Ils ont pris peur quand ils ont entendu le bruit des fusillades. Je ne sais pas quand on pourra rentrer chez nous ».
Source : La presse Ca




