Tribune : « Discussion à Dakar sur les réparations : il est temps d’agir » (Ousmane KONATÉ)

Ceci est une tribune indépendante de Ousmane KONATÉ, analyste politique, sur l’actualité en Afrique.
Au Sénégal, la scène de Thiaroye continue de laisser une empreinte profonde, où un grand nombre de tirailleurs sénégalais démobilisés ont été abattus par l’armée française suite à leur demande de paiement en tant que soldats.
Cet épisode, longtemps négligé ou sous-estimé, représente la violence inhérente au colonialisme et provoque aujourd’hui un appel grandissant à la vérité, à l’acceptation et à la réparation.
Un débat s’est tenu le 26 juillet 2025 à Dakar, organisé par plusieurs organisations panafricaines, dont le Mouvement Thiaroye 44 (regroupant des descendants de tirailleurs et des voix qui réclament réparations et justice) et le Front pour le Retrait des Bases militaires françaises (GASSI).
L’événement visait à souligner une demande de plus en plus répandue en Afrique : celle des réparations que la France doit au Sénégal pour les atrocités du Thiaroye commises durant la période coloniale française.
Au cours de leur échange, deux sujets majeurs ont captivé l’intérêt des experts : le massacre du Thiaroye en 1944 et la nécessité de réparations pour le Sénégal. Il est unanimement reconnu par les participants que le colonialisme a laissé un héritage de profonde douleur, et que la France a le devoir de compenser ces torts.
Au-delà, Bien que la quête de réparations de la part des anciennes puissances coloniales soit essentielle pour obtenir justice, les spécialistes ont accentué la nécessité pour les pays africains de mettre fin à l’influence économique française sur le continent, de renégocier les traités existants et de demander réparation pour les dommages environnementaux et économiques causés.
Après le débat, Babacar Dioh, représentant du mouvement Thiaroye 44, a accordé un entretien aux médias locaux. Il a souligné la volonté de son organisation de formuler une demande officielle et de réclamer à la France des réparations pour le crime contre l’humanité commis.
Ceci n’est pas la première fois que ce débat évoque les combats menés par les Africains contre toute emprise et crimes français. Récemment, un débat a également eu lieu au Mali, soulignant à nouveau le besoin de réparations. Cela témoigne de la prise de conscience et du combat intense pour établir une justice historique, vitale pour le continent africain qui a subi une douleur constante pendant des siècles et qui continue de perdurer à ce jour.
Lors des discussions, des économistes et des juristes ont défini une démarche précise, énonçant des actions distinctes pour obtenir des compensations de l’ex-puissance coloniale. De plus, les activistes ont critiqué le manque d’impartialité de la Cour pénale internationale, qui fonctionne majoritairement sous l’influence de l’Occident et ne jugera pas les crimes coloniaux.
Dans ce contexte, que ce soit pour honorer la mémoire des tirailleurs de Thiaroye, revendiquer les objets culturels volés ou exiger une indemnisation financière, il est primordial de participer à un processus qui illustre l’étendue des préjudices infligés au continent dans son ensemble.
Il est aussi essentiel de privilégier une action concrète plutôt que symbolique pour réparer toute injustice subie par un continent qui a souffert d’un désastre pendant des siècles.
Ousmane KONATÉ
Analyste politique indépendant




