De la panne de réseau à la fracture sociale : Le pylône de la discorde à Bassinko !
L’installation d’une antenne par un opérateur téléphonique à la Cité de la Solidarité de Bassinko à Ouagadougou est au cœur d’une vive controverse. Des habitants, voisins immédiats du site, sont montés au créneau le mardi 18 novembre 2025 pour dénoncer l’implantation d’un pylône qu’ils jugent illégale et potentiellement dangereuse pour la santé, exigeant son démantèlement pur et simple. Pourtant, certaines personnes, notamment le président du cadre de concertation des associations de Bassinko, ne sont pas de cet avis. Lisez !
La principale accusation des riverains porte sur ce qu’ils qualifient de « violation flagrante » du Code de l’environnement. Selon leur déclaration, les travaux auraient débuté dès juin 2023 sans la validation préalable de la Notice d’impact environnemental et social (NIES) par l’Agence nationale des évaluations environnementales (ANEVE).
Ce manquement serait, selon eux, contraire à l’article 25 du Code de l’environnement, qui soumet les activités à incidence significative à l’avis préalable du ministre chargé de l’environnement.
« Au moment de l’entame des travaux, le ministre n’avait pas donné son quitus à l’exécution du projet. Pour nous, il apparaît clairement que l’entreprise a anticipé un éventuel accord du ministre », ont-ils affirmé dans leur déclaration face à la presse.
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Les habitants déclarent également n’avoir jamais été consultés et accusent l’opérateur d’avoir agi “en catimini” et de procéder à un “passage en force” sur une parcelle à usage d’habitation. Outre les manquements procéduraux, les riverains invoquent l’article 9 du même Code, relatif au principe de précaution.
Ils estiment que ce principe doit s’appliquer aux antennes situées en milieu résidentiel en raison de la «controverse scientifique» persistante sur l’impact des ondes électromagnétiques sur la santé. Pour appuyer leur position, ils citent une jurisprudence de 2015 du TGI de Bobo-Dioulasso, qui avait ordonné le démantèlement d’une antenne en vertu de ce principe.

Leur méfiance s’est accentuée avec la découverte d’un arrêté ministériel daté du 10 janvier 2025, qui accorderait un avis favorable à l’implantation. Les habitants soulignent une contradiction dans cet arrêté, celui-ci faisant référence à un site intitulé « Bassinko Complexe scolaire Song Taaba », alors que l’installation se trouve sur une parcelle à usage d’habitation de 204 m2.
Malgré une audience avec le Ministre de l’Environnement le 17 février les ayant invités à la concertation, les riverains maintiennent une position inchangée car l’antenne doit être démantelée et déplacée sur un site approprié, hors des zones d’habitation, insistant sur le fait que leur opposition est une nécessité vitale face au non-respect de la loi et aux risques multiformes, notamment sécuritaires.
Dans le souci d’équilibrer l’information, nos équipes ont joint Khalifa Diallo, président du cadre de concertation des associations de Bassinko. En contrepoint de cette plainte, Khalifa Diallo, a exprimé une position divergente, soulignant la nécessité vitale de l’infrastructure pour la population.
« À Bassinko, nous n’avons pas de connectivité pour les réseaux. Il faut se déplacer sur des kilomètres pour avoir de la connexion internet. Quand vous ne voulez pas qu’on implante les pylônes, c’est plutôt nous-mêmes les habitants qui en payons le prix », a-t-il déclaré.
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Il a même rapporté des incidents graves, citant le cas de femmes qui ont accouché dans les rues, car elles n’arrivaient pas à appeler les ambulances, faute de réseau.
“Il faut noter que nous sommes allés vers la médiation avec les leaders religieux. Nous sommes allés vers l’Arcep qui ont acceptés de revenir vers nous pour communiquer sur les rayonnements non ionisants car nous estimons que c’est par ignorance que nous nous opposons à cette implantation.
Il a été relevé au cours de cette séance que l’installation des pylônes ne nuisent pas à notre santé mais le manque de pylône fait ramer le téléphone. Et c’est dans cette optique que nous avons décidé à l’unanimité qu’il fallait implanter le pylône car il n’y avait pas d’opposition ce jour-là », a expliqué Khalifa Diallo, président du cadre de concertation des associations de Bassinko.
Qu’à cela ne tienne, en conclusion de leur prise de parole, les riverains opposés au pylône ont appelé les autorités compétentes à se pencher urgemment sur cette question, car selon eux, ce pylône est en train de mettre à mal la cohésion sociale et de semer la zizanie à Bassinko.
Flora KARAMBIRI
Burkina 24





