Corruption au Burkina : L’ASCE sur deux dossiers
Les moteurs de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) tournent actuellement à plein régime. Les contrôleurs de l’institution sont actuellement sur plusieurs dossiers, dont les plus célèbres sont celui de l’affaire des tablettes Huawei offertes aux députés et un marché public de l’Institut national de la statistique et de la démographie (ISND) dans lequel l’honneur de la ministre en charge des finances est en jeu.
L’affaire des tablettes offertes aux députés par le gouvernement, notamment le ministère de l’économie numérique, a plus que défrayer la chronique. Certains observateurs ont vu là une possible violation des textes régissant la lutte contre la corruption. Le Réseau national de lutte anti-corruption (RENLAC) a été formel là-dessus.
Les regards sont désormais tournés vers l’institution chargée de matérialiser le combat contre la corruption. Contacté par Burkina24 ce 19 novembre 2016, le président de l’ASCE-LC, Pr Luc Marius Ibriga, a confirmé que son institution a décidé d’y voir clair.
« Nous avons écrit à madame la ministre de l’économie numérique pour qu’elle nous situe sur les conditions de ce partenariat« , a indiqué le premier responsable de l’institution. Mais il se garde pour le moment d’émettre tout avis sur la violation ou non de la loi anti-corruption. C’est sur la base des réponses que fournira la ministre que l’ASCE-LC pourra se prononcer. « Pour l’instant, nous investiguons« , a répondu Luc Marius Ibriga.
L’honneur d’Hadizatou Sori/Coulibaly
Un autre dossier pour lequel l’Autorité a été saisie est celui de bruits pas très nets sur la passation d’un marché public (portant sur deux lots) à l’INSD. Ce sont nos confrères de L’Observateur Paalga qui ont été précis sur le sujet.
Depuis 2014, l’INSD devrait acquérir du matériel informatique dans le cadre du recensement général de la population. Mais la crise a occasionné un retard dans l’acquisition de cet équipement. Pour rattraper le temps perdu, la procédure de gré à gré a été choisie, avec la société Samsung comme adjudicataire après avoir réussi à un test.
La ministre des finances, Hadizatou Sori/Coulibaly, consultée, a relevé que cette procédure ne respectait pas les normes, mais, selon L’Observateur Paalga, citant la ministre, « compte tenu de l’importance de l’activité et des contraintes de calendrier (Ndlr : crise politique de 2014), je marque à titre exceptionnel mon accord pour le recours à la procédure sollicitée« . Le contrat est signé avec Samsung.
Mais le Premier ministre Paul Kaba Thiéba remet tout en cause, notamment eu égard au montant du marché, qui équivaut à au moins une dizaine de milliards de F CFA. Le chef du gouvernement demande à ce qu’il soit soumis à une procédure ouverte. Le marché est donc soumis à un appel d’offres. C’est alors que des choses louches se seraient passées.
L’ASCE attendue
Selon L’Observateur Paalga, des acteurs des marchés publics auraient demandé à Samsung de verser 50 millions de F CFA pour pouvoir rester en possession du marché. D’autres sociétés auraient également été approchées. Cette requête serait venue de la ministre des finances elle-même, selon les « démarcheurs« . Samsung refuse. Le marché est finalement attribué à Sofnet, partenaire de Huawei, la société donatrice des tablettes à polémique citée plus haut.
Mais l’affaire parvient aux oreilles de Hadizata Sori/Coulibaly, qui a fini par saisir l’ASCE-LC afin d’y voir clair. Cette information a été confirmée à Burkina24 par le Pr Luc Marius Ibriga.
« Nous avons été saisis. Elle (le ministre Coulibaly, NDLR) nous a désignés pour statuer là-dessus. Nous avons trois contrôleurs qui sont commis à la tâche. Nous attendons leur rapport« , a-t-il dit.
Abdou ZOURE
Burkina24
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