Médias et Justice : Projecteurs sur ces difficiles rapports
« Médias et justice » est le thème de la 25e Journée internationale de la liberté de la presse au Burkina Faso ce 3 mai 2018 à Ouagadougou. Il se veut un projecteur sur les rapports souvent difficiles qu’entretient le pouvoir judiciaire avec les médias burkinabè. Cette année, c’est une double commémoration d’autant plus qu’elle coïncide avec la vingtième année du Centre National de Presse Norbert Zongo.
Médias et justice. Convaincu que ce sont les deux faces d’une même pièce (l’Etat de droit démocratique), Boureima Ouédraogo, président du pilotage du Centre de presse Norbert Zongo, souligne les rapports conflictuels qui les opposent. Le choix du thème national n’est donc pas fortuit.
«Beaucoup de médias sont aujourd’hui attraits devant les tribunaux, et souvent par les hommes de loi », a-t-il dénoncé. Pis, «le déroulement de ce genre de procès et surtout les décisions qui en résultent, laissent penser à des sentences plutôt de vengeance que de justice ».
Le centre de presse, dont l’un des objectifs principaux est la promotion de la liberté de la presse au Burkina, a marqué une halte pour analyser le parcours déjà réalisé mais aussi et surtout les enjeux et défis qui se posent à la presse burkinabè de nos jours.
Menaces
La liberté de la presse qui s’acquiert au fil des années au prix des luttes des organisations et des acteurs « semble inscrite dans une dynamique irréversible ». En effet, le Burkina Faso est classé 41e en 2017 sur 180 pays contre 42e en 2016 au plan mondial en matière de liberté de presse. Le pays est 5e en Afrique et 1er en Afrique francophone. Ce classement est preuve de la vitalité de la presse burkinabè dans son ensemble et la qualité de travail abattu par les hommes de médias.
Toutefois, pour les acteurs, cette avancée ne devrait pas obstruer les menaces diverses dans l’exercice du journalisme, qui, entre autres, sont la non application de la loi sur l’accès à l’information publique et aux documents administratifs, la subsistance de dispositions liberticides dans les lois régissant la presse au Burkina Faso et un environnement économique précaire et la vulnérabilité des entreprises de presse et des professionnels des médias.
Sur ce point, le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, Rémis Dandjinou, réaffirme la disponibilité de son gouvernement à accompagner les initiatives des médias. Dans les rapports avec la justice, il reconnait les difficultés soulignées par les acteurs.
Il reconnait qu’il y a également des difficultés pour l’opérationnalisation du Fonds d’appui à la presse privée mais rassure que des solutions sont en passe d’être trouvées avec le ministère des finances.
Bon classement
« On ne peut pas, explique le ministre, prêter aux médias comme on le fait pour les entreprises qui font de l’import -export. Les conditions ne sont pas les mêmes. Si on veut que la presse joue son rôle de 4e pouvoir, d’élément essentiel de l’éducation des populations, de participation à l’information qui est un droit essentiel, il faut accompagner la presse ».
Quant à la loi sur l’accès aux documents administratifs si cher aux journalistes, le ministre reconnaît qu’il n’existe toujours pas de décret d’application mais il convient, a-t-il laissé entendre, que le journaliste fasse toujours son travail dans le respect de la loi.
Respecter la loi
«Effectivement, nous risquons de tomber sous le coup de la loi parce qu’autant nous voulons être des acteurs privilégiés de la démocratie, autant nous devons savoir que les textes de la démocratie s’appliquent également à nous, commente-t-il. Il faut à mon humble avis avoir un dépassement de soi. Le journaliste ne doit pas se voir comme un héros ou un acteur particulier. Donc vouloir faire du journalisme pour en faire de la star mania au risque de violer les règles du métier peut poser de problème aux journalistes ».
La cérémonie a été ponctuée par le lancement du prix de la meilleure journaliste qui note quelques innovations tels des prix dans les différentes catégories, puis un panel portant sur les 20 ans du Centre National de presse Norbert Zongo.
En rappel, « Médias, justice et état de droit : les contrepoids du pouvoir » est le thème au niveau mondial.
Revelyn SOME
Burkina24
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