Inégalités : Le cri d’alarme d’Oxfam
L’urgence de rétablir la justice sociale pour plus d’équité et d’égalité des chances pour tous s’impose d’elle-même au regard du fossé existant entre les minorités extrêmement riches et les masses populaires qui s’appauvrissent de jour en jour de partout dans le monde entier.
Lundi 21 janvier 2019, Davos. La directrice d’Oxfam International, Winnie Byanyima s’y est déplacée pour les « avertir que les inégalités hors de contrôle sapent la démocratie ». En marge de ce sommet annuel, Oxfam Burkina Faso, fort de son programme Citoyenneté active et réduction des inégalités, a convié des organisations de la société civile burkinabè. Ensemble, avec des spécialistes des questions financières, budgétaires, les participants ont cherché à répondre à l’interrogation « quelle contribution des services publics pour combattre les inégalités et vaincre la pauvreté entre les cibles (hommes/femmes, riches/pauvres, rural/urbain) ? »
Abdoulaye Tall du Centre d’études et de recherche appliquée en finances publiques (CERA-FP) et Jonas Hien de l’Organisation pour le Renforcement des Capacités de Développement (ORCADE) ont entretenu la trentaine de participants sur les allocations budgétaires dédiées aux secteurs sociaux de base et les mécanismes par lesquels le budget de l’Etat peut contribuer à réduire les inégalités et la pauvreté. Le tout n’est pas d’allouer tel ou tel pourcentage à ce secteur ou à l’autre selon les deux conférenciers.
« Les inégalités prennent leur source dans la manière d’allouer les ressources au niveau des différents secteurs. Est-ce que les allocations budgétaires sont suffisantes dans le domaine des investissements ? C’est en cela qu’il y a beaucoup d’insuffisances. On utilise beaucoup d’argent dans les domaines de fonctionnement et très peu dans les domaines des investissements, déplore Jonas Hien. Or un pays qui n’investit pas ne réalise pas de grands projets structurants, ne peut pas améliorer les conditions de vie de ses populations », souligne le chargé des programmes d’ORCADE.
Abdoulaye Tall a, de son côté, insisté sur la nécessité à faire débourser plus dans l’investissement que d’injecter les fonds dans le fonctionnement ou les dépenses courantes. « C’est l’investissement qui peut permettre qu’il y ait une plus grande redistribution des fruits de ces croissances à toute la population burkinabè pour qu’on puisse avoir la réduction de la pauvreté et des inégalités », dit-il. Et pas uniquement. De l’avis de ce responsable syndical du ministère de l’économie et des finances et du développement, « les grands ne supportent pas » l’impôt contrairement aux « faibles ».
Un constat que partage Abdoulaye Tall qui incite à « revoir les politiques fiscales » en allant « plutôt vers les impôts directs » pour ainsi permettre que chaque individu paye en fonction de son revenu. «On voit qu’il y a une forte pression sur les moins riches et ça, ce n’est pas intéressant. On dit trop d’impôts tuent l’impôt, rappelle-t-il. Et cela peut amener à ce qu’on ne puisse pas avoir assez de ressources pour l’investissement ».
Au regard du contexte international « difficile » qui ne favorise pas la mobilisation de ressources financières auprès des partenaires financiers « comme avant », Jonas Hien ne voit plus qu’une seule alternative. « Chaque pays doit avoir maintenant ses intelligences pour pouvoir mobiliser ses propres ressources intérieures pour réaliser ses projets de développement ».
Sa structure qui a fait de la vulgarisation du nouveau code minier auprès des élus locaux, a un œil focalisé sur ce secteur « au sein duquel le Burkina Faso peut mobiliser les ressources intérieures ». Secteur qui a relegué le coton au rang de deuxième produit d’exportation derrière l’or. Il faut pour cela, oriente-t-il, « veiller sur le paiement juste des impôts, des taxes » par la mise en place d’«instruments pertinents qui permettent de lutter efficacement contre tout ce qui peut s’apparenter à des fraudes, des flux financiers illicites ».
Oumsaoré Annonciata Thiombiano est membre de l’Association des femmes du secteur minier du Burkina (AFEMIB). Les inégalités, elle les perçoit lors des sorties terrain de son association sur les sites artisanaux que « les femmes sont les premières à découvrir » avant d’être plus tard dépossédées par les hommes, qui s’empresseront de se procurer une autorisation d’exploitation aurifère (AEA).
« Au départ les femmes commencent à balayer, à vanner. C’est un petit travail artisanal qu’elles commencent à faire et ça lance le flair au niveau des hommes qui viennent. Ils vont courir aller prendre rapidement des papiers pour le périmètre. Ils viennent maintenant pour exploiter. Ces femmes sont plus ou moins délaissées », dénonce Annonciata Thiombiano.
Pour inverser la tendance, l’AFEMIB incite depuis lors les femmes à s’organiser en groupement, ensuite à aller faire les formalités pour demander l’AEA afin de pouvoir continuer l’exploitation du gisement qu’elles auront découvert.
« On souhaitera que si elles sont à l’origine de la découverte d’un site qu’elles puissent être détentrices de ce site et bénéficier de ses retombées », se projette-elle.
Oui Koueta
Burkina24
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