Procès putsch : Quand Fayçal Nanéma fait sursauter le Général Diendéré
Le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Eddie Komboigo, a comparu en qualité de témoin ce mardi 5 février 2019 à la barre du Tribunal militaire. Mais, bien avant la déposition de l’expert-comptable, le témoignage de Mohamed Rachid Ilboudo dit « Le Baron » s’est poursuivi. Au cours de l’audience du jour, un geste du Général Gilbert Diendéré, anodin ou pas, aura attiré l’attention de plus d’un.
Le procès du putsch de septembre 2015 a repris ce mardi 5 février 2019 avec toujours Mohamed Rachid Ilboudo à la barre. Lors de la déposition de ce jeune homme âgé de 25 ans, les accusés Fayçal Nanéma et Abdoul Karim Bagagnan dit « Lota » ont été rappelés à la barre.
« Je n’ai jamais dit que c’est Mohamed Rachid Ilboudo qui m’a vendu une statuette. Monsieur le Président, j’ai dit devant votre barre que c’est un rastaman qui me l’a vendue. Dans mes procès-verbaux, je n’ai jamais dit que c’est Mohamed Rachid Ilboudo », a tenu à clarifier Fayçal Nanéma sous le regard clair de son avocate, Me Aouba.
Et au témoin de réagir : « Maître, votre client joue au malin. Il fait comme s’il n’est pas normal. C’est faux, Fayçal est bel et bien normal. Il connaît ce qu’il fait ». Fayçal Nanéma, dans ses tergiversations sans fin, informera qu’à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA), le Général Gilbert Diendéré lui a un jour demandé le numéro de Mohamed Rachid Ilboudo dit « Le Baron » et d’aller chercher une carte mémoire avec ce dernier pour lui.
« Diendéré me déçoit vraiment »
Dès que son nom a été prononcé, le Général Diendéré a sursauté depuis le box des accusés, puis s’est levé, avant de lâcher : « Tu mens !». Ses voisins coaccusés le tirent des mains comme pour le supplier de se rasseoir. Le Président du Tribunal l’invite à se calmer et rappelle qu’il peut demander la parole pour réagir.
« Si aujourd’hui, le Général dit qu’il ne m’a pas envoyé chez Mohamed Rachid Ilboudo, je suis désolé. J’avais même dit au Général que la carte mémoire est perdue, mais, ce n’était pas vrai, la carte mémoire est toujours là », Fayçal Nanéma enfonce le clou, même si « Le Baron » avoue n’avoir jamais eu une quelconque relation avec le Général Diendéré.
Pour le témoin à la barre, ces révélations sont plus ou moins tendancieuses. « Le Général ne l’a jamais envoyé chez moi. Fayçal croit qu’il peut dire ça pour me nuire », estime-t-il. Le Parquet, citant les dispositions de l’Article 118 du Code de Justice militaire, requiert que l’accusé mette à la disposition du Tribunal cette « fameuse » carte mémoire pour la manifestation de la vérité. « Que contient cette carte mémoire ? », finit par demander le Président du Tribunal.
« La carte mémoire contient des films et des musiques. Elle n’a aucun rapport avec les évènements. Mais, le Général ne reconnaît pas aujourd’hui m’avoir dit d’aller voir Mohamed Rachid Ilboudo. Le Général me déçoit vraiment », déplore Fayçal Nanéma.
Eddie Komboigo comparaît avec un léger retard
Le Général Diendéré, qui n’avait pas souhaité prendre la parole au début du « déballage » de Fayçal Nanéma, est appelé à la barre. « Non, Monsieur le Président. Je ne l’ai jamais envoyé voir Mohamed Rachid Ilboudo que je ne connaissais d’ailleurs pas auparavant », coupe court l’ancien patron des renseignements burkinabè. Le Président du Tribunal invite alors Fayçal Nanéma à verser, s’il le voudrait bien, cette carte mémoire au dossier.
A la suite de ce débat froufroutant, le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Eddie Komboigo, est appelé à témoigner. Comparu avec un léger retard, l’homme politique dit s’en tenir à ses déclarations antérieures contenues dans ses PV d’audition puisque préalablement inculpé dans cette affaire puis blanchi.
L’expert-comptable de 55 ans avoue avoir convoqué une rencontre dans la matinée du 16 septembre 2015 qui a porté sur les listes électorales. Il n’a aucune idée sur une quelconque réunion tenue dans la soirée du 16 septembre. Les réponses d’Eddie Komboigo aux différentes questions du Parquet restent brèves, notamment sur l’éventuel soutien des militants du CDP aux putschistes : « Non ! ».
L’audience du jour a été suspendue vers 12h. Pour cause, l’un des Juges assesseurs, Robert Guiguemdé, a perdu son frère. Le procès se poursuit demain 6 février 2019 à 9h.
Noufou KINDO
Burkina 24
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