Burkina : « Pluriels avec différents noms mais uniques parce que nous sommes parentés »
Après avoir réussi l’inscription sur la liste des quinze langues de l’Académie africaine des langues (ACALAN), place aux activités entrant dans le cadre du partage autour de l’histoire, la sociologie, l’anthropologie et la géographie de la communauté songhaï à l’origine de la création de l’empire du même nom qui a existé entre le XVI et le XVIIe siècle à partir du royaume de Gao (VII-XIII).
La semaine du songhaï (lire sonraï) du Burkina est prévue se tenir du 25 au 29 mars prochain avec à la clé une exposition et des expressions artistiques et culturelles et des journées scientifiques du 27 au 29. Pourquoi les Songhaïs ?
C’était l’une des questions posées par les journalistes. Parmi les présents à la conférence de presse, certains n’ont pas manqué de faire part de leur étonnement de savoir qu’il y avait des citoyens burkinabè membres de cette communauté.
« Au ministère de la culture, depuis un certain temps, nous organisons de grandes rencontres comme celles-là et nous donnons l’occasion aux communautés de s’exprimer. On en a eu pour les Haussa l’an passé. On en a eu pour les Peuls, les Lobis-Dagara. C’est dans cette dynamique », a indiqué le directeur général du patrimoine culturel le Dr Vincent Sedogo.
L’idée est inscrite en lettres d’or dans les documents de politique du ministère de la culture. Il s’agit selon le chercheur de « puiser dans le fonds culturel traditionnel de nos sociétés tous les éléments nécessaires pour éclairer les décisions en matière de développement pour les besoins des générations actuelles et futures ».
La conférence de presse de l’annonce a été l’occasion pour ce maitre de recherche en histoire africaine à l’institut des sciences des sociétés (INSS) au Centre national de recherche scientifique et technologique (CNRST) de s’appesantir sur l’histoire du Songhaï qui a eu « plusieurs tentatives de rapprochements soit à travers les guerres, les mariages, le voisinage » avec les Gourmantchés, les Mosse, les Peuls.
« Cette variété, cette richesse culturelle, mais aussi identitaire et sociale qui est également un modèle d’intégration, de réussite en matière de coopération entre différents groupes, de parenté que cette activité scientifique et culturelle voudrait montrer à travers le monde comme un modèle qui pourrait inspirer dans la prise de décisions et dans l’organisation ». C’est en cela que tient l’autre justification avancée par le directeur général du patrimoine culturel.
Comme pour anticiper et éviter l’amalgame, le Dr Alain Ouédraogo, chargé des questions politiques dans la commission Songhaï de l’ACALAN, sans que la question ne soit posée, s’est empressé de dire que « ce n’est pas parce que le ministre de l’enseignement supérieur est Maiga qu’on fait un festival des Songhaï ». Avant de raconter l’histoire derrière la semaine dédiée à cette communauté.
Le chercheur a indiqué avoir été « contacté par l’Académie africaine des langues (ACALAN) » qui envisageait l’ajout de trois autres langues (Ewe, Soninké et Songhaï) à la liste des douze déjà existantes. C’était courant mars 2018. Sont attendus au Burkina pour l’occasion, un millier de participants à la semaine du Songhaï en provenance de l’Algérie, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Mali, du Niger, du Nigéria et du Sénégal.
Au volet scientifique de la semaine seront greffées des compétitions sportives. « Un accent sera mis sur la parenté à plaisanterie », annonce Dr Alain Ouédraogo, spécialiste du Songhaï. Ainsi, un match de football opposera les Songhaïs aux Gurunsi sur le terrain de l’Institut des sciences des sociétés (INESS) du CNRST. Les Gourmantché eux sont invités à affronter au jeu de tir. Les Yarsé et les Dogon sont aussi attendus. « La culture peut être un tremplin pour nous amener à réaliser qui nous sommes », interpelle le chargé des questions politiques dans la commission Songhaï de l’ACALAN.
Ce n’est pas le directeur du patrimoine culturel qui dira le contraire. Selon le Dr Sedogo, les Songhaïs gardent en eux tout un modèle de référence. Le maître de recherche en histoire africaine voit dans ce modèle, un prototype qui peut servir de « modèle et de source pour le Burkina Faso, actuellement empêtré dans ce contexte d’insécurité, pour dire que nous sommes pluriels avec différents noms mais nous sommes en même temps uniques parce que nous sommes parentés, nous sommes unis. L’histoire le démontre si bien ».
Oui Koueta
Burkina24
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