« La hiérarchie savait que ce coup d’Etat ne pouvait pas prospérer » (Témoin)
La « parade judiciaire » des hauts gradés de l’armée burkinabè se poursuit devant le Tribunal militaire délocalisé à la Salle des Banquets de Ouaga 2000. Mais, c’est dans une salle d’audience relativement froide que les débats contradictoires sur le putsch avorté de septembre 2015 ont été menés ce mardi 19 février 2019.
L’audience du jour a débuté avec toujours au prétoire les Colonels-Majors Léonard Gambo et Boureima Kéré, l’un témoin et l’autre accusé, et le Général Gilbert Diendéré. Le présumé cerveau du putsch déplore le fait que le Ministère public s’agiterait en faveur de la hiérarchie militaire.
Me Ali Néya, avocat des Parties civiles, saisit la balle au bond. Il tente de prendre le contrepied de l’argument de « Golf ». Selon lui, il faut arriver à identifier et clarifier la complicité supposée des Chefs militaires individuellement, le terme « hiérarchie » étant très vague.
« Dans un procès pénal, la vérité n’est pas unique. Il y a la vérité du Parquet, la vérité des avocats des Parties civiles, la vérité des avocats de la Défense, la vérité des accusés, la vérité du Tribunal et même la vérité de la presse. Ce n’est pas parce que tout le monde a dit la même chose que c’est vrai », réagit Me Olivier Yelkouni, l’un des avocats du Général Diendéré, avant la brève suspension décidée par le Président du Tribunal.
Lors de cette courte pause, des avocats de la Défense et des Parties civiles sont aperçus en train de deviser entre confrères, comme pour montrer que les débats contradictoires ne riment pas forcément avec guéguerre. Mais, l’autre fait le plus marquant est qu’il y avait moins de « robes noires » dans la salle. L’on pouvait distinguer au total huit avocats durant toute l’audience du jour. Ce manque d’affluence se fait ressentir également du côté de l’assistance et même de la presse.
« Même si j’avais pris du Tramadol, … »
A la reprise de l’audience, c’est un autre témoin qui est appelé à la barre. Et pas des moindres. Il s’agit de l’ancien Chef d’Etat-Major de l’armée de terre (CEMAT), le Colonel-Major Raboyinga Kaboré. Son témoignage ne diffère pas de celui de ses prédécesseurs et se veut on ne peut plus clair.
« Le Commandement a refusé d’accompagner le mouvement. C’est ce qui faisait que les rencontres duraient à longueur de journée. Pendant le bombardement, le camp Naaba Koom n’était pas vide. Certains militaires du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) sortaient même du camp avec des tricycles », révèle le membre statutaire de la Commission de réflexion et d’aide aux décisions (CRAD)
Poursuivant sa déposition, le patron de l’institution militaire qui chapeautait le RSP déclare qu’il aura fallu « manœuvrer » pour que le rapport de force bascule du côté de l’armée « régulière ». Les Capitaines Zoumbri et Dao, le Commandant Korogo, le Colonel-Major Kéré et le Général Diendéré sont invités à opiner sur les déclarations du témoin. Les quatre premiers accusés cités n’ont pas réagi longuement sur les propos du CEMAT à l’époque.
Mais, le Général Diendéré viendra balayer du revers de la main la plupart des affirmations de ce dernier. « Je n’ai jamais dit que si le coup d’Etat échouait, ce serait la honte de toute l’armée. Jamais. Même si j’avais pris du Tramadol, je ne saurais faire de telles affirmations. D’ailleurs, la hiérarchie savait que ce coup d’Etat ne pouvait pas prospérer », persiste et signe pourtant le témoin.
L’audition du Colonel-Major Raboyinga Kaboré prend fin aux environs de 16h30. L’audience se poursuit demain 20 février 2019 avec un autre témoin cité par le Parquet au prétoire.
Noufou KINDO
Burkina 24
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