Putsch : Le colonel-major Kéré, « innocent comme le général Zagré »
A la reprise de l’audience du Procès du Coup d’Etat de septembre 2015, le mercredi 10 juillet 2019, les conseillers du colonel-major Boureima Kéré ont tenu le crachoir plusieurs heures durant pour soigner les intérêts de l’accusé. Sur leur client, à écouter les avocats, « le parquet a expliqué les faits avec des demi-vérités ».
Me Dieudonné Bonkoungou et Me Mireille Barry ont longuement défendu le colonel-major Boureima Kéré, accusé dans le cadre du procès de meurtre, coups et blessures volontaires et complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat. Tenant le micro, selon Me Bonkoungou qui s’est attardé sur les faits induisant l’infraction de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, la présence de son client au Camp Naaba Koom II lors des réunions avec les médiateurs « n’est pas infractionnelle ».
A l’écouter, « le Parquet nie la qualité de membre du CRAD (Cadre de réflexion et d’aide à la décision, ndlr) au colonel-major Kéré. Il était bel et bien membre du CRAD et sa présence lors des réunions était légitime ». Pour Me Bonkoungou, le Parquet n’a apporté aucun élément infractionnel pour prouver la complicité d’attentat. L’avocat tire ainsi la conclusion que « le colonel-major Boureima Kéré est tout simplement innocent comme le général (Pingrénoma) Zagré ».
« Ayons le courage de mentionner la violence de la foule »
Pour les autres faits de meurtre et coups et blessures volontaires, selon Me Bonkoungou, « aucun acte n’a démontré une volonté de tuer (…) Aucune expertise balistique n’a conclu à des tirs avec une volonté de tuer ». Aussi, poursuit l’avocat, « le soldat qui est mort à Yimdi est même mis dans le lot des crimes du RSP (Régiment de sécurité présidentielle, ndlr). Ce mort-là même qui était l’un des leurs est mis à leur charge ».
Dans cette lancée, concernant l’infraction de meurtre et coups et blessures volontaires, l’avocat a demandé au Tribunal de ne pas oublier « la violence des victimes ». « La foule n’était pas toujours mains nues et pacifique (…). Ayons le courage de mentionner la violence de la foule », explique Me Bonkoungou qui a tenu à préciser que « la foule » ne concerne pas « les personnes qui étaient à la maison et qui ont reçu des balles ».
Me Mireille Barry a, quant à elle, demandé au Tribunal de tenir compte des circonstances qui ont conduit aux événements du 16-Septembre. Pour elle, depuis les auditions, il n’y a eu aucun acte rattachant l’accusé aux faits de meurtre et coups et blessures volontaires. Le colonel-major Boureima Kéré « n’est pas un meurtrier », insiste-t-elle tout en jugeant les réquisitions du Parquet, cinq ans avec sursis contre l’accusé, « sévères et non soutenues ».
« … que l’armée n’intervienne plus jamais dans la gestion des affaires de l’Etat »
Selon l’avocate, si cette réquisition venait à être appliquée, ce serait « la radiation » pour le colonel-major Boureima Kéré. Dans l’armée, explique Me Barry, une condamnation à 3 mois ferme ou à 18 mois avec sursis induit la radiation des rangs des Forces armées nationales. « Il a 38 ans de service et à deux ans de la retraite et aucun élément matériel ni moral ne le rattache aux événements du 16 septembre », rappelle Me Barry qui demande « l’acquittement » pour son client.
Appelé à la barre pour s’exprimer, le colonel-major Boureima Kéré a rappelé ses mots tenus le 3 octobre 2015 à la gendarmerie, dit-il. « C’est regrettable ce qui est arrivé. Je déplore les morts (…) Je souhaite que l’armée n’intervienne plus jamais dans la gestion des affaires de l’Etat », a réitéré l’accusé.
L’audience se poursuit le vendredi 12 juillet 2019.
Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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