COVID-19 au Burkina Faso : Premier week-end sans couvre-feu à Ouagadougou

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Les mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre le COVID-19 ont été allégées. Depuis le mercredi 3 juin 2020, le couvre-feu instauré le 21 mars a été levé. Mais la prudence demeure toujours au sein d’une bonne partie de la population à Ouagadougou. C’est le constat que nous avons fait au cours de ce premier week-end célébré sans couvre-feu.

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Samedi 6 juin 2020 ! C’est le premier week-end après la levée du couvre-feu instauré à cause du COVID-19. Il est 20h à la cité An III de Ouagadougou. A quelques encablures du ciné Neerwaya, sous une tente de fortune, une odeur d’épices et de viande crée un attroupement.

L’odeur se mêle à un fumet de poisson frit. L’arôme de poulet grillé et assaisonné d’ail effleure les narines des cinéphiles. C’est plus fort que certains ! Beaucoup sont ainsi « traînés » vers la grillade du célèbre « Boucher » du coin, « Koassa » en langue Mooré.

« C’est sûr que lui là, il détourne les clients du ciné », lâche d’un air souriant, un homme frisant la quarantaine à son accompagnante. Ce fils du quartier, parlant du boucher, se frotte les mains depuis la levée du couvre-feu, au point de ravir la vedette au ciné Neerwaya. En effet, la grande salle couverte qui, d’habitude, refuse du monde semble aujourd’hui souffrir du COVID-19.

La salle de ciné attend toujours les premiers clients.

Dès notre arrivée dans cet espace dédié notamment aux projections cinématographiques, le constat est étonnant. L’ambiance n’est pas au rendez-vous comme avant le COVID-19. Certains, sortis pour faire plaisir à leurs yeux, se posent des questions : Est-ce bien le ciné Neerwaya ?

« C’est rare de voir un samedi comme ça »

Ils trouvent vite la réponse à leur question grâce à des écriteaux affichés çà et là. Le dispositif sanitaire montre également qu’il s’agit bien d’un lieu public. Port du cache-nez, lavage des mains au savon ou au gel hydroalcoolique, prise de température corporelle, distanciation physique. Telles sont notamment les premières conditions à réunir pour accéder dans la salle de ciné où des centaines de places sont encore inoccupées.

Un homme accusé de détourner la clientèle du ciné Neerwaya.

20h 30.  Quelques cinéphiles continuent d’avancer au compte-gouttes vers le guichet. « C’est rare de voir un samedi comme ça, où il n’y a pas beaucoup de monde ici. Mais aujourd’hui, malgré la levée du couvre-feu, vous constatez qu’il y a peu de monde », affirme Franck Alain Kaboré, le responsable du ciné Neerwaya.

Du côté des cinéphiles, à en croire certains témoignages, beaucoup ont d’abord hésité, mais l’envie de quitter la maison en ce premier week-end après le couvre-feu est plus grande. En couple ou seul, l’objectif reste le même : sortir et souffler le bel air suspendu depuis le 21 mars 2020.

« Nous sommes très contents de nous retrouver ici »

« On a décidé de passer cette soirée du samedi dans une salle de ciné. Parce qu’on n’en pouvait plus de voir nos déplacements aussi limités, sans aucune possibilité de nous amuser. Nous sommes très contents de nous retrouver ici, malgré la faible affluence », confie Lydie Tiendrébéogo, bras dessous bras dessus avec son compagnon. La jeune étudiante, âgée d’environ 25 ans, passe la majeure partie de ces temps libres devant l’écran.


COVID-19 au Burkina Faso : Premier week-end sans couvre-feu au Ciné Neerwaya de Ouagadougou

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Contrairement à elle, certains jeunes préfèrent l’ambiance dans les maquis. Nous décidons de faire un tour dans des débits de boisson.

Il est 21h. Nous parquons notre engin devant le maquis « Cabaret bleu » situé dans le quartier Tanghin. L’engouement se fait également désirer dans ce lieu où le son de la musique interfère dans les conversations humaines. Le cabaret n’arrête de chanter !

Les mesures barrières peinent cependant à être respectées. Le port de masque, le lavage des mains, ainsi que la distanciation physique semblent laisser à la guise des clients.

Certains se demandent comment survivre après cette pandémie…

Nous y prenons place quand même. Les serveuses accourent pour assurer leur rôle. Plusieurs tables vides étalées le long de l’auvent en disent long sur l’état d’esprit des clients. Le COVID-19 est présent dans les esprits. Les quelques rares clients ayant décidé d’y passer la soirée se montrent réticents à danser, disent-ils, par crainte de contracter le virus en se frottant aux autres.

Au loin, dans un endroit spécial, Oumarou Kouanda, gérant du maquis, s’attèle à comptabiliser ses revenus du jour. « Cette crise nous a fait renvoyer du personnel et les ventes ont considérablement baissé. Les recettes sont médiocres. Habituellement les samedis, nous pouvons écouler 40 à 50 caisses de boisson. Mais aujourd’hui, nous ne pouvons même pas écouler 10 caisses. Je me demande comment nous allons nous en sortir à long terme. On espère que ça va aller, comme c’est le premier week-end », marmonne-t-il, assis, le regard pensif.

Pour d’autres, motivés par l’envie de se défouler, même si l’ambiance générale n’est pas au rendez-vous, le simple fait de pouvoir se sentir libre n’a pas de prix. « On attendait impatiemment la levée du couvre-feu. J’ai décidé aujourd’hui de sortir prendre un verre. Parce qu’on n’est plus contraint de rentrer tôt et on est libre de nos mouvements », se réjouit Franck Ismaël Okoko, un habitué du maquis « Cabaret bleu » de Tanghin.

L’ambiance reprend peu à peu…

Par ailleurs, l’affluence dans les maquis diffère d’un endroit à un autre. Dimanche 7 juin 2020. Dans le quartier Gounghin, au maquis « Sport Bar », par exemple, de nombreux clients se défoulent au rythme de la musique afro-urbaine. Là-bas, le train-train quotidien a repris et la piste de danse est pleine.

Tout porte à croire que le COVID-19 n’existe plus au « Pays des Hommes intègres ». Aucun geste barrière n’est en effet respecté, même si des clients confient avoir leurs cache-nez et du gel hydroalcoolique dans leurs poches.

L’ambiance règne au « Cabaret bleu ».

Pour sa part, le DJ, principal animateur de la soirée, ne se fait pas prier pour« ambiancer le coin ». Les tables sont pleines de boissons et des groupes d’amis se forment au fur et à mesure. « Moi je suis un habitué de ce maquis. Je viens ici régulièrement les weekend. Je suis très content d’y revenir enfin. Vivement, que Dieu boute le COVID-19 hors des frontières du Burkina et d’Afrique », prie Eric Maré, assis au milieu de ses amis, des verres pleins de bière posés sur la table. 

Pour Ali Tapsoba, gérant de ce maquis où plusieurs artistes célèbres prestent d’habitude, la pandémie a affecté leurs économies. « Cependant, dit-il, nous retrouvons progressivement l’ambiance qui a toujours régné ». « Nos ventes ont baissé. Mais on rend grâce à Dieu. Comme le couvre-feu a été levé, nous espérons que les activités vont reprendre », s’exprime-t-il, laissant un brin d’espoir se dessiner sur son visage.

Corine GUISSOU (Stagiaire)

Burkina 24

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