Interview exclusive de Smarty sur l’Odyssée : «Une bonne dédicace est dédiée aux journalistes»
Avec aisance, il manie la langue de Molière. Cela se lit à travers ses textes pleins de sens. A la faveur de chaque sortie, il fait couler beaucoup d’encre et de salive. R.A.P (Rien A Prouver) est l’un de ses derniers titres par excellence. Smarty, puisque c’est de lui qu’il s’agit, Louis Salif Kiékiéta à l’état civil, n’est plus un visage à présenter dans la sphère musicale nationale et même internationale. Après neuf années, pas trop proche des projecteurs, il revient avec un album baptisé Odyssée. Dans cette interview exclusive sur Burkina 24, « l’ex-membre » du groupe Yeleen s’ouvre davantage à ses fans et à l’opinion publique…
Burkina 24 : Neuf ans sans faire sortir un album, qu’est-ce qui a valu ce silence ?
Smarty : Ce silence, c’est simplement dû à la recherche de certains objectifs que je m’étais fixés. Parce que vous savez que quand j’ai sorti l’album Afrikan Kouleurs, j’ai été lauréat du Prix Découverte RFI. Moi je suis un gars, je suis un peu fou…
Donc, pour moi l’objectif, c’était de passer un autre cap, c’est-à-dire, éventuellement, signer avec une maison de disque, arriver véritablement à étendre ma carrière à un certain niveau. Cela a pris du temps, ça pris des démarches, tout et tout, donc je n’étais pas très focus sur la sortie d’un album.
Pour ceux qui me suivent savent que ça n’a pas été neuf ans de silence. Il y a eu quand même de temps à temps des petits signaux en terme de titre et tout, des singles qu’on a pu laisser çà et là. Voilà, j’ai été là, sans être là. Je ne sais pas si c’est une prouesse. Mais je remercie tous ceux qui de près ou de loin m’ont permis de n’avoir pas été longtemps sous silence.
Burkina 24 : Aujourd’hui, Smarty a signé son retour avec l’album Odyssée, pourquoi avoir choisi de baptiser l’album ainsi ?
Smarty : Odyssée, parce que c’est la somme de toutes mes expériences. Parce qu’à chaque fois, il y a des années qui s’ajoutent à notre âge. On acquiert de nouvelles expériences, on va dans des pays, on côtoie certaines personnes et tout.
Donc, c’est un voyage déjà, culturellement pour moi, c’est-à-dire essayer de mettre en valeur tout ce que j’ai pu voir, j’ai pu rencontrer, j’ai pu frotter. J’ai eu des personnes qui étaient proches de moi, qui m’ont influencé. Donc, ces neuf ans dans ce silence, tous les endroits que j’ai pu visiter, c’est un condensé de tout ça qui se retrouve dans cet album.
Burkina 24 : Quelles sont les thématiques abordées dans l’album Odyssée ?
Smarty : Ceux qui me connaissent savent que c’est très social ; des choses que j’ai vécues, des choses que j’ai vues. C’est des choses qui concernent le continent africain, des thèmes de société, c’est-à-dire ce qu’on vit au jour le jour. Je pense que tous les thèmes ont été chantés par tous les artistes.
Mais je pense qu’on essaie de raconter notre petite histoire, à notre manière, avec nos mots, avec nos émotions. Donc les thèmes qui sont dedans, je parle de la vie, je parle de mes expériences. Ce qui va bien ou va mal dans ce monde. C’est ma petite vision, j’essaie comme ça d’apaiser les cœurs, d’apporter quelque chose de positif dans ce monde qui, au fur et à mesure, va dans un sens assez compliqué.
Burkina 24 : R.A.P est un titre de l’album Odyssée qui a fait beaucoup de tapages dès sa sortie. En résumé, quel est le message qui se cache derrière ce titre ?
Smarty : Il n’y a rien qui se cache derrière ce titre. Ce titre, c’est juste un single. C’était juste une manière pour moi de refermer le passé, et tout ce que j’ai pu vivre, tout et tout. Je pense que c’est un parcours. C’est des choses qui m’ont marqué, et pour moi, je pense que l’artiste le plus vrai, c’est aussi un être humain. C’est un homme qui transmet ses émotions, qui est l’expression de ce qu’il ressent.
Il y a des gens qui ont la capacité de porter leur vécu sur des titres, il y a des gens qui n’ont pas cette capacité-là. Moi j’ai cette capacité de le faire, surtout d’être sincère avec moi-même. Donc je ne mens pas quand je raconte des parties de ma vie, quand je raconte ce qui m’a touché, ce qui m’a choqué. Je le partage pour que certaines personnes puissent se dire ‘Ah bon, si lui il est passé par là, et qu’il a pu s’en sortir, c’est que pour moi aussi c’est possible’. Tout le temps ne disant pas que j’ai le monopole de celui qui a le plus souffert, non.
On ne cesse jamais de traverser des difficultés mais pour moi, les difficultés sont des expériences qui sont faites pour qu’on en parle, pour qu’on partage. Et je pense que quand on partage, les uns et les autres comprennent qu’on vit les mêmes choses. Donc il n’y a rien qui se cache derrière cette chanson, c’est juste un titre. Je me suis vidé.
Je ne m’attendais pas à cette réaction, mais bon, elle a été positive. Elle a été peut6être négative pour la compréhension de certaines personnes, mais ça reste une chanson. Et une chanson quand on l’écrit, on l’apporte aux gens et on laisse aux gens la latitude d’apprécier.
Burkina 24 : « Allons échouer au stade », pourquoi un tel concept pour accompagner un concert ? La réponse ici 👇🏿👇🏿👇🏿
Burkina 24 : De façon habituelle, les artistes annoncent la sortie de leur album à travers une dédicace. Mais Smarty a plutôt fait le lancement de la vente des CD avant même le lancement officiel de l’album. Pourquoi ce choix ?
Smarty : J’ai voulu innover. Personnellement, j’ai voulu innover et casser un peu avec les habitudes. Il y a des familles où l’enfant nait, on fait le baptême le septième jour. Il y a des familles où je ne sais pas si c’est le même jour.
Il y a des familles où l’enfant a pratiquement l’âge de l’adolescence, on va faire son baptême. Pour moi, la meilleure des dédicaces, c’est celle qu’on a dans le cœur de nos fans, parce que quand ils sont au courant qu’il y a un projet qui sort et qu’ils sont présents, et qu’ils achètent nos CD, qu’ils sont à nos concerts, c’est la meilleure des dédicaces.
Après j’ai voulu aussi avec le staff et toute l’équipe qui m’accompagnent innover, parce qu’à chaque fois qu’on fait des choses, on les concentre uniquement dans la capitale. Aujourd’hui, le Burkina traverse des moments tellement difficiles qu’on se dit qu’il y a aussi d’autres régions qui ont besoin qu’on jette un écran sur eux. Bobo-Dioulasso, on a choisie avec le staff de faire la sortie de l’album officielle là-bas, mais pour moi, le concert de Ouaga sera passé, qu’est-ce qu’on dira ?
On dira peut-être qu’on n’a pas accordé de l’importance au concert de Ouaga. Tout peut se dire, mais en réalité vous voyez que tout est dans le cœur des gens. Tout est à l’importance qu’on accorde à chaque évènement. Mais j’ai tenu véritablement à décentraliser cette dédicace pour qu’au moins, on donne la valeur aussi à certaines régions, à certaines villes. Voilà, il y a une petite tournée autour de l’évènement que l’UNICEF organise, qu’on appelle Caravane Faso Jeunes d’ailleurs qui démarre à Kaya.
Il y a Kaya, Bobo-Dioulasso. Donc vous voyez, c’est vraiment d’essayer d’innover, essayer de casser avec les habitudes, parce que, pour moi, c’est toujours la routine. Sortie d’album, dédicace… Mais souvent les dédicaces ne sont même pas des dédicaces. Une bonne dédicace est dédiée aux journalistes, c’est eux qui portent le message au public. Mais la plupart du temps, c’est devenu beaucoup plus un show qu’une dédicace, en réalité.
Donc j’ai voulu vraiment garder un caractère privé, un caractère simple, ça va se faire à Bobo, ça va se faire avec les journalistes, ils auront eu la chance d’écouter l’album et viendront en terrain connu parce qu’ils ont écouté l’album. Ils savent sur quel terrain ils viennent, ils savent quelle critique apporter et tout, et en même temps, ils sauront nous donner des conseils pour qu’on puisse avancer.
Burkina 24 : En moins d’un mois du concert à Ouagadougou, quel est l’état des lieux ?
Smarty : Je suis tellement dedans que moi je ne sais même pas si ça avance ou pas. Tout ce que je sais, c’est que chaque matin quand je me lève, je fais des efforts pour que le message puisse passer. Je suis un peu en dehors, donc je n’ai même pas une idée de l’impact qu’a la communication, de l’impact qu’a notre démarche, de l’impact qu’a la sortie de l’album. Parce qu’on est tellement à fond dedans, on est tellement dans les démarches, on court un peu de gauche à droite.
L’impression que j’aie, c’est qu’il y a beaucoup d’énergie positive ; ça s’annonce assez bien. Je tiens à préciser aussi que l’important pour moi et pour toute l’équipe ce n’est pas uniquement envoyer des gens dans un stade. Ce n’est pas uniquement faire le plein du stade. Mais l’angoisse, c’est de présenter un bon spectacle.
Parce que j’ai promis de faire deux heures de show. C’est un challenge aussi à ce niveau ; pouvoir garder une équipe qui ne va pas s’ennuyer pendant deux heures, qui suit un concert pendant deux heures, qui va faire la fête, mais ne pas sentir que deux heures sont passées,… C’est ça le challenge.
L’objectif, ce n’est pas de sortir le nommé ‘oui j’ai fait le plein d’un stade ou que beaucoup de monde est venu. L’objectif, c’est que le public qui sort ce jour-là puisse dire : ‘j’étais à un concert, j’ai vécu un show, c’était inoubliable. Tel son m’a marqué, telle partie du spectacle m’a marqué’. Je pense que c’est ça notre objectif.
Burkina 24 : Quelle sera la particularité de ce concert ?
Smarty : Est-ce qu’on peut parler de particularité ? Je pense que les gens me connaissent. Ils savent qu’on bosse en live, qu’on est en train de préparer quelque chose qui puisse les respecter. Donc la particularité déjà, c’est de se retrouver dans un stade, ça c’est particulier.
Il faut que les gens viennent ! Le reste ça ne va être que des surprises ; et ça ne va pas être un spectacle uniquement de Smarty. C’est un spectacle de Smarty avec le public. Ça va être le partage, ça va être la fête ; ça va être presque la même vision en fait. Je l’espère, ça va être un spectacle sécurisé, tranquille. Les gens viendront et repartiront dans la bonne santé mais qui retiendront assez de positivités de ce spectacle.
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Burkina 24 : Un dernier mot ?
Smarty : Le dernier mot, c’est de dire merci à Burkina 24. C’est ma première interview. Et c’est le début de la campagne presse et radio. Je vous remercie. Merci à toute la presse du Burkina Faso. Rendez-vous le 20 novembre !
Interview réalisée par Sié Frédéric KAMBOU et Willy SAGBE
Burkina 24
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