Une femme dans un monde d’hommes : Prisca Daria Nikiéma, la virtuose de la coiffure au masculin
Derrière le sourire rayonnant et la douceur apparente de Prisca Daria Nikiéma, se cache une femme d’affaires redoutable. Promotrice de « Darli Barbershop », un salon de coiffure, elle incarne la résilience, la persévérance et la foi. Des qualités essentielles pour naviguer dans les eaux souvent tumultueuses de l’entrepreneuriat au Burkina Faso. Mais qui est vraiment cette jeune dame qui a su allier ambition professionnelle et dévouement familial ? Allons à la rencontre d’une femme battante !
Prisca Daria Nikiéma, la vingtaine révolue, a la fièvre de l’entrepreneuriat dans les veines. Elle brave les stéréotypes de l’industrie de la coiffure pour hommes. C’est dans le quartier Kolog-Naaba (Ouidi) dans l’arrondissement N°2 de la ville de Ouagadougou qu’elle décide de suivre sa passion en ouvrant son propre salon de coiffure pour hommes, défiant ainsi tous les préjugés dans un domaine perçu, pendant de longues décennies, comme exclusivement masculin.
Elle est la promotrice « Darli Barbershop », un salon de coiffure moderne pour hommes. Son salon est équipé d’un Wi-Fi gratuit pour les clients qui patientent, des tondeuses sans fils, etc. Des secrétaires comptables ajoutent foi à l’initiative de Prisca… Si aujourd’hui, la passion de l’entrepreneuriat semble prendre le dessus sur la carrière professionnelle de cette jeune dame, elle demeure promise à un avenir reluisant.
En effet, c’est en maîtrisant les chiffres que Prisca Daria Nikiéma a d’abord su se distinguer. Elle est titulaire d’un Master en audit et contrôle de gestion. Dès sa deuxième année d’études universitaires, elle s’est rapidement fait remarquer pour ses compétences exceptionnelles, au point d’être recommandée pour un entretien d’embauche. « Je crois que c’est parce que j’étais parmi les meilleurs étudiants. Disciplinée et respectueuse que j’ai été proposée pour mon premier emploi », confie-t-elle.
Cette expérience n’est que le début d’une carrière qui l’amènera à travailler en tant que consultante pour des entreprises étrangères notamment espagnoles et ivoiriennes. Malgré une carrière prometteuse, Prisca nourrit en secret un rêve : celui de l’entrepreneuriat. Ce rêve, elle le mûrit patiemment bien qu’elle soit consciente des défis qui l’attendent.
…Entreprendre ne signifie pas renoncer à ses ambitions professionnelles…
« J’ai fait une pause dans l’entreprise dans laquelle je travaillais pour pouvoir lancer mes activités. Mais cela ne signifie pas que je mets ma carrière de côté » explique-t-elle. Pour Prisca, entreprendre ne signifie pas renoncer à ses ambitions professionnelles, mais plutôt les réorienter. « Cela me permet de consacrer du temps à mon entreprise tout en gardant un pied dans le monde de la consultation », précise-t-elle.
C’est ainsi que « Darli Services », son premier projet entrepreneurial, voit le jour. Ses prestations, tournent alors à la location de chaises, de tentes, de bâches, la vente de fournitures de bureau et de matériels informatiques. Petit à petit l’oiseau fait son nid, dit-on ! Entre courage et détermination, « Darli Barbershop » nait par la suite.
« Le salon de coiffure est un projet que j’ai depuis plus de trois ans », révèle Prisca. Notre entrepreneure chevronnée informe que Darli Barbershop a connu beaucoup d’embûches avant d’être une réalité aujourd’hui. « Je cherchais un local adéquat, mais avec la construction de l’échangeur (ndlr : du Nord), c’était compliqué. J’étais en train de toujours réfléchir et je me demandais si je n’allais pas changer de quartier. C’est seulement en juillet 2023 que l’opportunité d’acquérir un espace dans le quartier Kolog-Naaba s’est présentée. Et je me suis lancée », se souvient-elle.
Avec beaucoup d’incertitudes, de difficultés financières, mais avec la foi et la discipline, Daria raconte avoir mis sur pied son salon de coiffure uniquement sur fonds propres. « Il fallait se priver du salaire, se priver de certaines choses, comme les sorties, pour pouvoir faire des économies, afin d’assembler trois, voire quatre millions de francs CFA pour financer le projet », soutient-elle.
Je me demandais si c’était la peine de continuer…
Le 12 juin 2024, Darli Barbershop ouvre officiellement ses portes à la clientèle. Mais un incident a failli rendre cette ouverture impossible. Elle explique qu’à la veille de l’inauguration programmée du salon, son coiffeur titulaire lui fait faux bond. « J’avais un coiffeur. Tout était prêt et à la veille de l’ouverture, j’ai eu une mauvaise surprise.
Mon coiffeur avait disparu. Il ne répondait plus à mes appels. Je me demandais si c’était la peine de continuer et quel est le message que Dieu voulait me faire comprendre par cela. C’était un peu difficile à avaler. Je suis rentrée, j’en ai parlé avec mon frère qui m’a dit de rendre grâce à Dieu car je ne sais pas ce qu’il y avait », raconte-t-elle.
Et c’est quelques jours plus tard qu’elle trouve finalement le bon candidat nommé Jacques, venant d’un pays voisin, avec qui la collaboration va bon train. Concentré, barbe bien rangée, Jacques manie habilement les ciseaux affûtés à la perfection pour garantir une coupe précise. Tondeuse à la main, il rend beau ses clients.
« Je suis content de travailler ici à Darli Barbershop. Je ne savais pas que je pouvais travailler dans un salon comme cela au Burkina Faso. Depuis que je suis là, je travaille sans problème, dans la bonne ambiance. Il y a déjà une amitié qui s’est créée et cela contribue à améliorer le travail », nous souffle Jacques, coiffeur attitré de Darli Barbershop.
En deux mois de service avec des prestations de coiffure masculine, dreads, manicure, pédicure, gommage, teinture, etc., Prisca est plus que fière de son accomplissement. Les mineurs y sont coiffés à partir de 500 F CFA et les plus grands à partir de 1.500 francs, en fonction des modèles de coiffure et des services supplémentaires.
Avec un démarrage prometteur, Prisca Nikiéma ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « Pourquoi pas ouvrir une autre représentation de Darli Barbershop dans un autre quartier et garantir Darli Services tout en restant concentrée sur ma carrière ? », envisage-t-elle tout en rappelant qu’elle va bientôt se lancer dans l’expertise.
Loin de se contenter de son succès actuel, elle voit grand, tout en ayant les pieds sur terre. « Peu importe ce que l’on va dire, quand tu as confiance en toi, tu persévères doucement. Tu finis par y arriver », conseille-t-elle.
De plus, Prisca Daria Nikiéma ne manque jamais une occasion de rappeler que le chemin vers le succès est parsemé d’embûches. « L’entrepreneuriat, tout le monde le sait, ce n’est pas facile. Tu peux abandonner même à mi-chemin», affirme-t-elle.
Pour elle, la clé réside dans la foi, le soutien d’un noyau familial solide et la capacité de persévérer, même lorsque tout semble aller de travers. Si Prisca avance avec assurance dans son parcours entrepreneurial, c’est aussi grâce au soutien de sa famille.
Boris Yaméogo, son cousin, parle d’elle avec admiration. « Nous essayons d’être toujours là pour elle. Par rapport à ses activités, la première des choses c’est d’abord un soutien moral, essayer d’être là pour elle parce qu’on sait que l’entreprenariat n’est vraiment pas évident.
Si elle s’occupe de ses affaires, qu’elle rentre à la maison et qu’elle trouve des situations compliquées, ce n’est vraiment pas intéressant. Donc, ce que nous nous faisons en fait au niveau de la famille, on essaie de lui faciliter vraiment la tâche à ce niveau. Essayer d’être à son écoute, essayer de lui donner des conseils, chacun dans son domaine particulier », relève-t-il. Il insiste sur l’importance de ce soutien, essentiel pour que Prisca puisse se concentrer sur ses affaires sans se soucier des tracas du quotidien.
Prisca est considérée par bon nombre de ses amis comme une jeune dame battante. « C’est une grande sœur qui force l’admiration », ajoute son cousin Boris. Pour Mireille Lompo, une amie proche de Prisca, elle est un modèle. « C’est une grande dame. Elle est vraiment battante. Elle a toujours le sourire aux lèvres. Toujours là pour réconforter les gens. Elle est très dynamique et elle a un grand cœur. Elle est très croyante également » s’est-elle exprimée.
Pour Georges Alfred Kaboré, ami et ancien encadreur de Prisca à la chorale catholique dans les années 2011-2012, elle peut se révéler être une personne directe qui ne manque surtout pas d’exprimer sa position quand elle n’est pas d’accord sur un point.
« C’est une fille qui est très directe. Au départ, j’ai trouvé qu’elle était un peu effrontée parce qu’elle n’a pas cette barrière pour dire ce qu’elle pense. Quand elle n’est pas d’accord, elle te le dit en même temps », notifie-t-il.
Alfred dit ne pas s’étonner si ces affaires prospèrent. C’est d’ailleurs tout le mal qu’il lui souhaite. « Que le salon grandisse et peut-être d’ici quelques mois que l’on assiste à l’ouverture d’autres salons un peu à Ouaga et pourquoi pas ailleurs au Burkina Faso », émet-il comme prière.
Cet amour inconditionnel, ce réseau de soutien, sont autant de forces qui permettent à Prisca de persévérer, malgré les obstacles. Au-delà de ses réalisations professionnelles, Prisca Daria Nikiéma souhaite laisser un héritage d’inspiration pour la jeunesse burkinabè, et surtout pour les jeunes femmes qui aspirent entreprendre.
« Oser et surtout rêver grand », et son message est « qu’elles soient persévérantes, qu’elles croient en leurs rêves et qu’elles s’entourent surtout de personnes qui conseillent, qui soutiennent vraiment et qui apportent des ondes positives »…
Femme capable👉🏿Ici Au Faso | Aïchatou Ali Oumarou, amazone des mastodontes !
Wendnekôta Gédéon SANGO
Pour Burkina 24
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