Retrait des forces françaises du Tchad : Le regard de Erick Telimsein
Erick Telimsein explique l’impact du retrait des forces françaises du Tchad. Il est macroéconomiste de formation, certifié par l’université de Leiden au Pays-Bas sur l’analyse du terrorisme, expert sur le projet de la BAD dénommé BAD NMI au Burkina et président du Réseau africain des jeunes chercheurs, délégation du Burkina (RAJEC-Burkina).
Burkina 24 (B24) : A la suite de la demande du retrait des forces françaises du Tchad, quelles peuvent être les répercussions sur le plan économique ?
Erick Telimsein (ET) : La présence des forces françaises implique généralement des dépenses locales, comme l’achat de biens et services, la location d’infrastructures, et le paiement de personnels locaux. Leur retrait entraînerait une baisse de ces flux financiers. Les aides bilatérales pourraient également être affectées, car les liens militaires influencent souvent les relations économiques.
La répercussion sur l’emploi, avec la démobilisation des emplois directement ou indirectement liés à la présence militaire française pourrait augmenter le chômage, en particulier dans les zones proches des bases militaires.
Egalement, le retrait pourrait être perçu comme un signal d’instabilité par les investisseurs étrangers. Si la sécurité nationale se dégrade ou que des tensions régionales augmentent, cela pourrait dissuader les investissements dans les secteurs clés comme l’énergie ou l’agriculture.
B24 : Et sur le plan social ?
Le retrait pourrait renforcer le sentiment de souveraineté nationale, en particulier parmi les populations critiques de l’influence française. Cela pourrait favoriser une certaine cohésion sociale, mais aussi exacerber les tensions entre partisans et opposants de cette évolution.
Sur le plan sécuritaire, si le départ des forces françaises entraîne un vide sécuritaire, les groupes armés pourraient en profiter pour intensifier leurs activités, provoquant des déplacements de populations et une aggravation des conditions de vie. Les tensions avec les pays voisins, notamment en cas de débordements des conflits, pourraient également affecter la sécurité régionale.
Sur la coopération internationale, le Tchad pourrait se tourner vers d’autres partenaires (Russie, Chine, Turquie, etc.) pour combler le vide laissé par la France. Ces changements d’alliances pourraient redéfinir les dynamiques sociales et politiques internes.
B24 : A l’issue du retrait, quelles peuvent être les opportunités et les défis pour le Tchad ?
ET : Le retrait peut encourager le gouvernement tchadien à renforcer ses propres capacités militaires et économiques, réduisant ainsi sa dépendance extérieure. Une diversification des partenariats internationaux pourrait ouvrir de nouvelles opportunités économiques et stratégiques.
Comme défis, le maintien de la stabilité politique et sécuritaire reste un enjeu majeur. Si les forces tchadiennes ne parviennent pas à contenir les menaces internes et externes, les populations pourraient en souffrir davantage. La défiance envers les anciennes alliances pourrait isoler le Tchad sur la scène internationale.
En termes d’opportunités de développement économique interne avec les fonds autrefois orientés vers des collaborations militaires avec la France pourraient être investis dans le développement des capacités militaires nationales ou dans des secteurs prioritaires comme l’éducation, la santé, et les infrastructures.
Aussi, en cas de réorientation vers une production militaire nationale (équipements, logistique), cela pourrait stimuler la création d’emplois et le développement d’une industrie locale de défense. Le retrait des forces étrangères peut encourager le Tchad à investir davantage dans la formation et l’équipement de ses forces armées, renforçant ainsi leur professionnalisme et leur autonomie.
Lire également 👉100 jours de Damiba : Le bilan économique, selon Erick Telimsein, macroéconomiste en formation
Le défi de combler le vide laissé par les forces françaises peut motiver une réforme des institutions sécuritaires, améliorant leur efficacité sur le long terme.
En plus, le retrait peut contribuer à la réduction des tensions politiques internes car une partie de la population tchadienne considère la présence française comme une forme de néocolonialisme. Son retrait peut apaiser certaines tensions sociales et politiques, en réduisant les critiques liées à l’influence étrangère.
Une gestion réussie de la transition post-retrait peut renforcer la légitimité des autorités tchadiennes auprès de la population. En assumant pleinement la gestion de sa sécurité, le Tchad peut devenir un acteur clé dans la lutte contre le terrorisme et les défis sécuritaires régionaux, sans être perçu comme un relais des intérêts français.
Le retrait offre l’occasion au Tchad de redéfinir son rôle dans les organisations régionales comme le G5 Sahel ou l’Union africaine, en consolidant une position indépendante.
Le retrait des forces françaises peut offrir des avantages économiques en stimulant l’autonomie financière, en favorisant la diversification des partenaires et en renforçant les industries locales. Cependant, ces avantages nécessitent une gouvernance efficace et une vision stratégique claire pour éviter que les défis sécuritaires n’annulent les gains potentiels.
Propos recueillis Jules César KABORE
Burkina 24
Écouter l’article
|
Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Suivre la chaine
Restez connectés pour toutes les dernières informations !
Restez connectés pour toutes les dernières informations !
Oui et???? à part ces évidences, quelles conclusions tirer de cet inventaire à la Prévert?