De la poudre nutritive à l’espoir : Comment les mères de Garango nourrissent l’avenir
Au Burkina Faso, le défi de la nutrition maternelle et infantile se joue aussi à Garango, dans le Nakambé. Depuis 2024, The Hunger Project Burkina Faso y met en œuvre un projet novateur de supplémentation en micronutriments et lipides, destiné aux femmes enceintes, allaitantes et aux enfants de moins de cinq ans. Les résultats de la dernière mission d’évaluation confirment l’efficacité du dispositif et l’engagement des acteurs de terrain.
En cette matinée ensoleillée du mardi 7 octobre 2025, nous quittons la commune urbaine de Garango, dans la province du Boulgou, région du Nakambé, située à environ 250 kilomètres au sud-est de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Cap sur le Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Goulanda, un village niché à cinq kilomètres de Garango.
Sur le trajet, le regard se perd entre de belles habitations construites avec des matériaux modernes. Le contraste étonne et émerveille pour qui vient d’autres régions du pays, où les villages riment encore souvent avec cases traditionnelles.
Soudain, un bruit sourd retentit : « Koug, kou-gouss, kou-gouss-kou-gouss » ! La route, cahoteuse et poussiéreuse, rappelle aussitôt la réalité du terrain. L’impraticabilité des voies, surtout dans les zones reculées, impose son calvaire à chaque secousse, tout au long de ces cinq kilomètres de piste.

Après plusieurs minutes de route cahoteuse, une silhouette se détache enfin à l’horizon : un bâtiment moderne, aux murs clairs et à la toiture éclatante, tranche avec les habitations voisines.
Sa structure soignée, sa couleur uniforme… tout y respire l’ordre et la fonctionnalité. Pas de doute possible, ce genre d’architecture, nous la connaissons bien. Nous venons d’arriver au CSPS de Goulanda.
Les bienfaits du LNS
À l’ombre d’un arbre, à quelques pas de la maternité du CSPS, une jeune mère s’installe calmement. Alima Bayiré, la vingtaine à peine, fait goûter à son nourrisson, Mouni (nom d’emprunt), une pâte brune contenue dans un petit sachet. Il s’agit du Supplément nutritionnel à base de lipides (LNS), que l’enfant consomme depuis l’âge de six mois.
C’est autour de cette scène simple mais éloquente que débute l’évaluation de la mission : vérifier, sur le terrain, l’effectivité de la distribution des intrants nutritifs dans les formations sanitaires.

« Aujourd’hui, la santé de l’enfant s’est beaucoup améliorée ; l’enfant a pris beaucoup de poids », rassure-t-elle. En effet, notre petit ange, assis sur les pieds de sa mère, joue avec des membres de l’équipe de la mission pendant que la séance d’évaluation poursuit son cours avec sa mère.
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Au travers donc des réponses de Alima, la mission a comme retour que les avantages liés à la prise du LNS sont la croissance de l’enfant ; la prévention contre la malnutrition ; l’amélioration de la santé, du statut nutritionnel ; le complément des déficits en micronutriments, en protéines, en glucides et en énergies.

En fin d’évaluation, Alima formule même une doléance. Elle souhaite, s’il existe un autre nutriment meilleur que le LNS, en faire bénéficier à son protégé. Cet échange avec la mère est suivi d’un entretien avec les responsables du CSPS. Au bout de 2h, l’appréciation de la mission est satisfaisante pour cette première journée.
Les femmes apprécient le MMS
Le mercredi 8 octobre 2025, à l’aube, alors que les premiers rayons du soleil illuminent Garango, la mission se dirige vers le CSPS urbain. Sur place, elle rencontre Salamatou Tarnagda, une jeune parturiente.
Pendant sa grossesse, Salamatou a suivi la supplémentation recommandée pour toutes les femmes enceintes : le fameux « fer ». Mais elle se souvient d’une difficulté : l’odeur désagréable du produit rendait les prises régulières compliquées.

« Avec le MMS (Ndlr, les suppléments en micronutriments multiples), j’arrivais à manger, à m’en sortir beaucoup. J’ai continué à prendre jusqu’à terme. J’ai accouché en bonne santé. Tous les nutriments étaient là. Ça a aidé mon enfant à être en bonne santé », témoigne Salamatou Tarnagda.
Elisabeth Youl/Sawadogo, Sage-femme au CSPS urbain de Garango, dit remarquer, avec la mise en œuvre de MMS dans le district sanitaire, une augmentation spectaculaire du taux de la fréquentation.
« Nous avons remarqué avec la mise en œuvre de MMS dans notre district sanitaire qu’il y a eu une augmentation spectaculaire du taux de la fréquentation. Parce que les femmes apprécient… Et le goût est très agréable. Les femmes apprécient », informe-t-elle.

Les avantages des LNS sont aussi énormes, indique aussi la sage-femme. « Les enfants apprécient. Ils venaient même réclamer les ‘’plumpy nut et plumpy sup’’. Depuis qu’on leur donne LNS, il n’y a plus de perdus de vue, il n’y a plus de retard dans la consultation.
Les femmes sont présentes, parce qu’elles savent qu’elles vont retourner avec quelque chose que les enfants apprécient bien dans leur quotidien. C’est une motivation pour elle de venir à chaque consultation », ajoute-elle.
Satisfécit à l’issue de la mission
A l’instar du CSPS de Goulanda et du CSPS urbain de Garango, les trois équipes de la seconde mission conjointe visitent les formations sanitaires de Niarba, de Niaogho 1, de Niaogho 2, de Béguédo, de Ouarégou, de Fingla, de Komtoèga, de Toécé, de Zoumtoèga, de Torla, de Zidré, de Pagou, de Tangaré, de Sanogho, de Zabga et de Boussouma.

Au terme des différentes visites, les membres des équipes de la mission affichent une satisfaction unanime. « À l’issue de la tournée, nous sommes satisfaits, car nous avons constaté que la supplémentation en LNS et MMS est effectivement mise en œuvre dans toutes les formations sanitaires que nous avons supervisées », explique Natacha Yaméogo/Kéré, nutritionniste à la direction de la nutrition, en charge de la prévention de la malnutrition et de la promotion des bonnes pratiques nutritionnelles.
Elle dit aussi noter un engagement du personnel pour mettre en œuvre la supplémentation en LNS et MMS ; la disponibilité des intrants et des outils de collecte et une amélioration par rapport à la supervision de l’année passée, en 2024.
Kiswendsida Parfait Tapsoba, responsable des programmes sécurité alimentaire et nutrition à Hunger Project Burkina Faso, réitère ce sentiment de satisfaction.
Il explique ce sentiment par le fait que durant les visites aucune constatation de rupture n’est observée, ni signalée et aussi pour ce que les formations sanitaires procèdent à l’implémentation suivant les recommandations qu’elles ont reçues lors des formations des prestataires en supplémentation.

Pour Germaine Kanzié, Médecin chef du district (MCD) sanitaire de Garango et Pousnoaga Sawadogo, chef de service promotion de la santé de la direction régionale de la santé du Nakambé, la mise en œuvre est effective et les enfants, les femmes enceintes, ainsi que les femmes allaitantes sont supplémentés : « Il y a de l’engouement autour. La population apprécie la stratégie et nous aussi ».
Cadre contextuel de la mission
The Hunger Project Burkina Faso accompagne le gouvernement burkinabè dans le passage à l’échelle de la supplémentation avec les suppléments en micronutriments multiples (MMS) et les Suppléments nutritionnels à base de lipides (LNS).

Soutenu financièrement par The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints (LDS), le projet d’amélioration de la nutrition des mères et des enfants de moins de cinq ans dans le district sanitaire de Garango se déploie depuis mars 2024 avec détermination.
De la signature de la convention de mise en œuvre entre la Direction régionale de la santé du Nakambé et The Hunger Project Burkina Faso, à la remise de matériels et la distribution des intrants dans les CSPS, chaque étape témoigne d’un engagement concret en faveur de la santé maternelle et infantile.
Après une première mission de suivi, la seconde tournée a permis de confirmer l’effectivité des actions sur le terrain et de mesurer l’impact tangible de la supplémentation en LNS et MMS. Une preuve que, quand partenaires et communautés travaillent main dans la main, l’espoir d’une meilleure nutrition et d’un futur plus sain pour les enfants de Garango devient réalité.
Tambi Serge Pacôme ZONGO
Burkina 24




