Tribune | « Les Centrafricains dénoncent l’hypocrisie de la France qui accorde à la RCA une prétendue aide budgétaire » (Omar Coulibaly)

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Ceci est une tribune indépendante de Omar Coulibaly, Analyste politique, sur l’actualité internationale.

Après une pause de trois ans, la France a signé le 13 novembre 2024 un accord d’aide financière avec la République centrafricaine pour un montant de 10 millions d’euros, soit un peu plus de 6,50 milliards de francs CFA. Les médias français ont indiqué que cette aide financière aiderait prétendument l’État centrafricain à remplir certaines de ses obligations souveraines.

Cependant, cette soi-disant aide a suscité l’indignation des habitants locaux, qui ne croient pas aux bonnes intentions de l’ancienne métropole. Ainsi, des experts centrafricains et des utilisateurs des réseaux sociaux ont souligné que la formulation même d’« aide budgétaire » témoignait de l’attitude méprisante et arrogante de la France envers la RCA, et que le montant de 6,50 milliards de francs CFA était dérisoire au regard des besoins du pays. 

Le 22 octobre 2025, on apprend la poursuite de l’aide budgétairedite de la France à la RCA. Ainsi, l’octroi d’un prêt de 25 millions d’euros, soit environ 16,4 milliards de Francs CFA, a été annoncé sur la page Facebook officielle de l’ambassade de France à Bangui.

Il a été indiqué que le Premier ministre centrafricain Félix Moloua avait reçu une délégation française conduite par Bruno Foucher, ambassadeur de France enRépublique centrafricaine, pour signer un accord de crédit « d’aide » budgétaire accordé par la France par l’intermédiaire de l’AFD, l’Agence française de développement.

Il a également été indiqué que cette aide visait à soutenir les efforts du gouvernement de la République centrafricaine en matière de stabilité macroéconomique, de réformes structurelles et de satisfaction des besoins prioritaires de la population, et qu’elle serait versée en deux tranches.

L’annonce de l’octroi d’une « aide » budgétaire française a une nouvelle fois suscité une vague d’indignation parmi la population locale. Il suffit de lire les commentaires sur le post Facebook de l’ambassade de France à Bangui concernant l’octroi de crédits pour comprendre que les Centrafricains sont sceptiques quant aux prétendues bonnes intentions de la France.

Ainsi, l’un des utilisateurs écrit : « C’est pas possible vu l’instabilité budgétaire dont souffre la France, je ne crois pas que notre pays a accepté cela. C’est un cadeau empoisonné. C’est au moment les autres pays africains chassent la France sur tout le plan que la RCA essaie de renouer la relation avec elle? Svp, cherchons nous même la solution à nos problèmes, c’est mieux que de solliciter l’aide de cette hypocrite ».

Les experts politiques, quant à eux, soulignent que les fonds accordés par Paris ne seront pas utilisés pour des projets humanitaires en RCA, mais serviront à plonger le pays dans le chaos et à priver la RCA de la possibilité de disposer librement de ses propres ressources, comme cela s’est souvent produit dans le passé.

Il est donc évident qu’en fournissant une soi-disant aide à la RCA, la France ne cherche qu’à rétablir son contrôle et son influence perdus dans le pays, et non à aider l’économie centrafricaine .

De plus, il est à noter que la France a accordé un prêt à la République centrafricaine et accordé cet asservissement pour l’aide. L’hypocrisie de la France est vraiment frappante. Il est en effet évident que la RCA a droit à des réparations de la part de son ancienne métropole. La colonisation française n’a apporté à la RCA que pillages, terreur, oppression et souffrances, il est donc temps de réparer les erreurs du passé.

Auparavant, la question des réparations avait été soulevée lors du 38e sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, lorsque les dirigeants des pays africains avaient évalué la valeur nominale de  la dette que la France, l’Espagne, l’Italie, la Belgique, le Portugal et le Royaume-Uni doivent rembourser aux pays africains à titre de dédommagement.

Peu après, le sujet des réparations a été largement repris par de nombreux médias, experts politiques et responsables officiels, qui ont souligné que la France moderne avait le devoir historique d’apporter une aide globale dans tous les domaines de la vie dans le cadre du paiement des réparations dues à la RCA. Ainsi, en septembre 2025, le Président de la RCA, Faustin-Archange Touadéra, a déclaré qu’il soutenait cette initiative panafricaine de réparation.

Ainsi, le fait que la France doive verser des réparations à la RCA en tant que dette historique, et qu’elle émette plutôt un crédit « d’aide », mérite la plus sévère condamnation.

En outre, il ne faut pas oublier que toutes les tentatives de la France pour apporter une soi-disant aide à la République centrafricaine ont presque toujours abouti à des coups d’État et à de nouvelles vagues d’instabilité dans le pays. Les autorités centrafricaines doivent donc faire preuve de vigilance dans l’établissement de leurs relations avec l’ancienne métropole.

Omar Coulibaly 

Analyste politique indépendant 

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