Salifou Guigma, journaliste à Horizon FM, à propos du CHAN : « S’il fallait reprendre, Brama n’accepterait pas cette situation »

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Salifou Guigma, journaliste à la  Horizon FM a assisté à la 3ème édition du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) 2014. Dans cet entretien, il revient sur le parcours calamiteux des Étalons, la mauvaise gestion de l’équipe au niveau de l’encadrement, propose des solutions pour éviter des déconvenues comme celles constatées pendant le CHAN. Salifou Guigma est aussi revenu sur la participation des clubs burkinabè en campagne africaine à savoir l’ASFA Yennenga en Ligue des Champions d’Afrique et l’AS SONABEL en Coupe de la Confédération.

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Salifou Guigma, journaliste à la radio Horizon FM critique la mauvaise organisation à la tête de l'encadrement technique des Étalons locaux
Salifou Guigma, journaliste à la radio Horizon FM critique la mauvaise organisation à la tête de l’encadrement technique des Étalons locaux

Burkina 24 (B24): Vous venez de suivre la finale de la première édition de la Coupe de la ligue du centre de football (ndlr le dimanche 2 janvier 2014). Quelle analyse faîtes-vous de cette rencontre remportée par l’AS SONABEL devant le Santos FC sur la marque de 3 à 1 ?

Salifou Guigma (SG): A mon avis, c’est une finale avec un niveau moyen. On s’est rendu compte que les deux formations avaient aligné leurs équipes B.

Il y avait peut-être de la place pour ces joueurs qui sont sur le banc de touche de montrer ce qu’ils  savent faire. C’est une occasion, pour eux, de montrer ce dont ils sont capables.

Ce qui explique qu’on a pas vu une très grande finale. Cependant, quatre buts en une finale, il faut prendre cela positivement.

L’AS SONABEL a pu faire une revue de troupe. Cela lui permettra de mieux préparer l’expédition d’Al Jadida. C’est une finale moyenne qui reflète le niveau du football local.

L’AS SONABEL a la chance de jouer le match retour à la maison

B24: Est-ce que la prestation de l’AS SONABEL vous rassure avant son match contre Al Jadida ?

SG: Rassurer, c’est trop dire. La grosse inconnue ici, c’est l’équipe marocaine. Ce qu’on sait, c’est qu’il s’agit d’une équipe expérimentée.

La moyenne d’âge des joueurs tourne autour de 26 ans. Ce qui signifie qu’ils sont ensemble depuis longtemps. Vous connaissez bien le football marocain qui est technique tandis que celui du Burkina est plus athlétique.

Nous jouons plus avec le cœur (rires). Ce sera difficile pour l’AS SONABEL au Maroc. Cette équipe n’a pas d’expérience africaine, jusqu’à son entraîneur. Il faut donc s’attendre à un match difficile à l’aller. Mais, un match de football se joue sur les détails.

Gageons que l’AS SONABEL sera solide défensivement et essayer de faire le résultat au match retour. L’AS SONABEL a la chance de jouer le match retour à la maison, peut-être qu’elle saura limiter les dégâts et se qualifier à la maison.

L'AS SONABEL et l'ASFA Yennenga doivent cette fois ci franchir la phase de poule des compétitions africaines
L’AS SONABEL et l’ASFA Yennenga doivent cette fois ci franchir la phase de poule des compétitions africaines

B24: Vous avez parlé d’Al Jadida qui n’est pas très connu sur la scène continentale mais l’ASFA Yennenga en Ligue des Champions sera face à Diambar du Sénégal, un club pas assez connu sur le continent aussi.

SG: Oui. C’est une équipe qu’on ne connaît pas très bien mais n’oubliez que c’est un centre académique. C’est une formation pétrie de talents.

C’est un centre avec des joueurs qui ont grandi ensemble en franchissant les différentes catégories. Si cette équipe joue la Ligue des Champions, c’est qu’elle s’est bien positionnée dans le championnat sénégalais (ndlr, Diambars est champion du Sénégal après sa montée en D1) qui a un statut semi-professionnel.

A mon sens, l’ASFA Yennenga est plus expérimentée et je pense qu’elle devrait montrer un bon visage. Il y a des joueurs qui ont l’expérience de la haute compétition comme le tournoi de l’UEMOA, l’UFOA et le CHAN.

Ils devraient être capables de faire un résultat à Dakar. L’ASFA Yennenga a mon avis part favorite par rapport à l’AS SONABEL même si c’est face à un centre académique.

Des joueurs incapables d’élever leur niveau

B24: A une semaine de ce voyage, l’équipe est sans entraîneur.

SG: C’est vrai que la personne physique du coach Cheick Omar Koné ne sera pas là mais son travail reste. Je pense que l’ASFA Yennenga va bien jouer parce que c’est un travail que Cheick Omar Koné  a déjà réalisé.

Peut-être que cela va jouer dans le long terme. Ce n’est pas facile quand on perd son entraîneur ainsi à la veille d’une compétition. Sinon sur ce match aller et au retour on ne sentira pas trop son absence.

Cependant, il faut déplorer cela. Au niveau de l’ASFA Yennenga on ne devrait pas en être là : perdre son entraîneur à une semaine d’une compétition.

Je suis très étonné. Même s’il y avait une porte de sortie dans le contrat il fallait une clause pour éviter ces genres de situations. Cela vient dénoter de l’amateurisme de notre football.

Ce n’est pas un secret, l’entraîneur n’avait plus de contrat avec l’ASFA Yennenga. C’est cela la vraie raison. Il était susceptible à tout moment de partir. (…) Il faut tirer les leçons.

On constate qu’il ne s’agit plus de jouer sur le rectangle vert mais savoir aussi comment ficeler le contrat d’un entraîneur, comment préparer une équipe qui va au CHAN … c’est un ensemble. Le football est avant tout administratif, lobbying. Pour être professionnel, il faut passer par toutes ces étapes.

Paul Put (…) a dirigé la séance d’entraînement

B24: Pour certains analystes, le football produit par les Etalons locaux lors du CHAN reflète le niveau du championnat burkinabè. Partagez-vous cet avis ?

SG: Moi je partage cet avis. Le football produit par les Etalons locaux en Afrique du Sud reflète le niveau de notre championnat local.

Le football qu’on a produit en Afrique du Sud lors de la CAN, n’est pas celui du Burkina mais celui de l’étranger, des footballeurs professionnels. Ils étaient tous des pros et ils étaient à la CAN avec ce qu’ils ont appris en Europe.

Le CHAN est bienvenu parce qu’il va nous permettre de comprendre qu’on n’a pas encore le niveau et qu’on devrait chercher à se professionnaliser au lieu de rester dans ces tares là. Vous avez vu des joueurs incapables d’élever leur niveau, une sélection sur laquelle on pouvait retrouver à redire.

Après la défaite contre l’Ouganda, pour nous qui y étions, on a vu Paul Put qui est allé assister Brama, il a dirigé la séance d’entraînement, il  a fait des ateliers, des plans tactiques… On est surpris de voir Brama Traoré coacher l’équipe sur le banc de touche.

B24: L’objectif était d’apporter du renfort à l’encadrement technique

SG: Nous de l’extérieur, on ne peut dire que c’était une aberration que Paul Put assiste Brama Traoré. Il appartenait plutôt au concerné, à Brama de savoir ce qu’il fait.

Il veut que Paul Put l’assiste, OK ! Si vous décidez de laisser le plan tactique du travail à Paul Put alors vous le laissez  terminer. Il devient le coach et vous devenez l’adjoint. Si vous voulez rester en tête, dites à votre supérieur que vous avez réalisé des résultats avec l’équipe laissez-moi y aller. En ce moment, j’assume.

Voilà aujourd’hui, il y a problème.  Nous ne sommes pas de grands techniciens, mais nous suivons le football, nous savons ce que c’est. On ne peut pas se retrouver à une compétition de la trempe du CHAN avec deux entraîneurs.

L’un qui fait un travail tactique (ndlr,pendant l’entraînement) et un autre qui coache (ndlr, sur le banc de touche) qui fait les remplacements… C’est l’entraîneur, qui, au préalable établit le plan tactique du jeu.

S’il est établi par un autre et toi tu viens coacher l’équipe en plein match… c’est pour cela que je dis qu’il faut  analyser jusqu’à l’implication de Paul Put dans son staff.

Les Étalons ont déçu pendant le CHAN 2014 en Afrique du Sud
Les Étalons ont déçu pendant le CHAN 2014 en Afrique du Sud

B24: Ce n’est pas au niveau seulement de la tête seulement. Au niveau de l’encadrement technique, il y a le kiné et l’entraîneur des gardiens de l’équipe A qui sont venus en renfort.

SG: Le problème n’est pas à ce niveau. L’entraînement des  gardiens, c’est plus un travail individuel. Le gardien dans toutes les sélections a son entraîneur.

Mais tout le collectif doit revenir à une personne. Je ne pense pas que s’il fallait reprendre, Brama accepterait cette situation. Voilà que c’est gâté. On a attendu que tout se gâte avant de faire sortir tout cela.

Brama Traoré est un grand technicien. Il devait savoir ce que cela poserait un problème.

B24: Il n’y a aucun joueur dans l’équipe type du CHAN mais est ce qu’il y a un joueur burkinabè qui vous a marqué durant la compétition ?

SG: J’ai été, pas ébloui ou surpris, mais impressionné par le travail individuel fait par Issoufou Dayo. On me dira qu’il a occasionné un but.

Mais quel joueur qui a mal du mental pour se reprendre… En tant que défenseur, il a fini comme joueur ayant occasionné le plus d’occasions de but.

Il a confirmé ce que je pensais de lui. J’ai apprécié la volonté de certains joueurs, pas leur niveau technique, je veux parler de Saïdou Simporé que j’ai vu sur le premier match que j’ai apprécié.

Je n’ai pas compris pourquoi on n’a pas mis le titulaire en concurrence. Il y a aussi Cyrille Bayala qui a su faire une bonne entrée contre l’Ouganda qui est entrée et  a marqué un but. Ce sont des jeunes qui ont joué avec leur volonté mais qui se sont heurtés à leur limite tactique.

B24: Pour les prochaines fois, quels conseils donnerez-vous à l’encadrement technique, aux autorités pour réaliser un bon CHAN ?

SG: Les grandes compétions se préparent en amont et sur le long terme. En amont, cela veut dire qu’administrativement, on s’y prend tôt pour savoir exactement ce qu’on a comme plan de travail.

Ensuite, il faut qu’on se dise qu’aujourd’hui, nous sommes regardés avec le résultat que le Burkina a fait lors de la CAN 2013. Je me rappelle que les Etalons étaient logés dans l’hôtel qui a hébergé les champions du Monde 2010, l’Espagne.  

Quand ils sont arrivés, ils ont été accueillis par des « waoo ! » « waou ! ». Je pense que les joueurs ont la chair de poule à ce moment parce  qu’ils étaient très attendus. 

Voilà que nous passons à côté. Ce n’est pas normal.

On doit être mieux organisé et on doit s’y prendre tôt. Le coach Brama Traoré a rectifié à tout moment pour dire qu’il ne fait pas de matches amicaux mais qu’il faisait des matches d’entraînements pour aller au CHAN.

Quand on fait des matches amicaux contre le Santos et l’USFA pour aller au CHAN, on ne peut faire qu’une piètre prestation. Il faut des matches amicaux grandeur nature.

Au regard du climat changeant de l’Afrique du Sud notamment à Cap Town, le matin il fait chaud et le soir vous avez un vent glacial, il faut s’acclimater. Il faut aller très tôt.

Le planning de l’encadrement qui avait  prévu une semaine d’acclimatation au Bostwana aurait aidé l’équipe. Cela n’a pas été fait.  On a voulu pointer sur le politique pour dire qu’il y avait un match contre le Congo qui ne s’est pas joué. C’est parce qu’on ne s’est pas bien organisé.

Quand on fait des matches amicaux contre le Santos et l’USFA pour aller au CHAN, on ne peut faire qu’une piètre prestation.

L’équipe A qui a montré un bon niveau de jeu lors de la CAN est allée s’acclimater avant d’affronter la compétition. Les petites erreurs ne pardonnent pas. Il faut qu’on s’organise au niveau des staffs techniques pour savoir ce qu’on fait.

Il ne faut pas qu’on impose quelqu’un à qui que ce soit. Il faut qu’on les laisse travailler avec les coudées franches. Comment peut-on aller à une compétition en titularisant des joueurs qui n’ont qu’une année de championnat ? C’est compliqué.

On peut les amener pour les stimuler en les gardant d’abord sur le banc. Il y a des joueurs plus aguerris, qui peuvent affronter la compétition et laisser ces jeunes encore naïfs rentrer doucement dans la compétition

. Francis Kaboré par exemple, s’il prend un coup, c’est difficile.  Il ne faut pas les jeter à l’abattoir. Je ne l’ai pas reconnu ce soir lors du match Santos # Sonabel. On est obligé de rester dans la dynamique de la CAN 2013.

Tout ce qu’on fera comme résultat chez les locaux va compter. Par rapport au classement FIFA, on recule. Plus on va reculer au classement FIFA, plus on ne comptera plus sur nous.

Entretien réalisé par Boukari OUEDRAOGO

Pour Burkina 24 

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2 commentaires

  1. Et sachez que seuls les joueurs sont sur le terrain et on a pa mieux que ca, accuser l’encadrement technique est blasphematoire monsieur le journaliste…

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