Les partis politiques complices d’un coup d’Etat risquent la dissolution, selon Me Guy Hervé Kam
Les appels à la mobilisation et à la résistance du mouvement dont il est le porte-parole ont été déterminants lors de la révolution d’octobre 2014 et tout récemment lors du putsch avorté du général Diendéré. Lui, c’est Me Hervé Kam, porte-parole du mouvement Le Balai Citoyen. Il nous a accordé une interview ce mardi 6 octobre 2015. Il a livré les raisons de son engagement au côté du mouvement, se définirait volontiers comme défenseur de ‘’semeurs de troubles’’ si c’est ce que signifie défendre l’idéal démocratique auquel aspire le peuple burkinabè.
Burkina24 : Tout d’abord, dites-nous d’où vous est venue l’idée de défendre les intérêts et l’idéologie du mouvement le Balai Citoyen en acceptant d’être son porte-parole ?
Me Guy Hervé Kam (GHK) : D’abord, il faut distinguer entre faire partie du mouvement Le Balai Citoyen et en être le porte-parole. Déjà pour faire partie du mouvement, il faut partager l’idéologie du mouvement, les valeurs et les principes. Ce qui était mon cas. Quant à devenir le porte-parole, cela est une décision de l’assemblée générale du mouvement.
B24 : Vous considérez-vous comme un avocat des causes perdues en défendant Le Balai Citoyen ?
GHK : Je ne peux pas le répondre dans la mesure où dans l’exercice de ma profession d’avocat, je n’ai pas que des causes perdues. Nous avons des clients institutionnels qui sont des entreprises, souvent des grandes entreprises.
A côté de cela, je suis aussi de ceux qui pensent que l’avocat a un rôle social. Et dans le cas du rôle social de l’avocat, il nous arrive effectivement de défendre des causes que l’on peut considérer comme perdues ou alors de défendre ceux que l’on peut considérer comme des personnes démunies (veuve et orphelin).
En ce qui me concerne, je pense que dans l’exercice de la profession, la seule limite, c’est la nature de la cause que tu défends. Bien entendu, il ne s’agira pas de défendre des choses qui sont contraires à tes principes de vie. Mais en dehors de cela, l’avocat est fait pour défendre. La défense de l’avocat ne voulant pas dire qu’il épouse la cause de la personne qu’il défend.
L’avocat veille à ce que toute personne poursuivie ait droit à un procès équitable. De ce point de vue-là, chaque fois que nous sommes sollicités, nous regardons s’il y a lieu d’apporter notre concours d’avocat, nous le faisons. On ne peut pas dire que Me Kam est l’avocat des causes perdues. C’est un avocat qui essaye de faire son travail dans le respect des règles professionnelles.
B24 : Les avocats qui défendent les causes des opposants ou des mouvements de la société civile en Afrique sont souvent la cible des partis politiques au pouvoir. Est-ce qu’à un certain moment vous en tant qu’avocat, vous avez été intimidé par rapport à votre poste de porte-parole du Balai Citoyen ?
GHK : Je dois dire en ce qui me concerne que vu la création récente du Balai Citoyen, mon engagement dans ce mouvement par rapport au contexte peut présenter plus de risques. Mais, je dois dire que depuis plus de quinze (15) ans, je suis personnellement engagé dans ce que je fais.
Déjà quand j’étais magistrat au niveau du syndicat burkinabè de la magistrature et même avant, au niveau de l’université. Cela a toujours été des engagements sur des questions de principe, même si ce n’est pas de façon organisationnelle. A partir de ce moment, on apprend à vivre avec la question, les menaces et les intimidations de telle sorte que finalement, cela fait partie de la vie.
Donc ceux qui sont engagés pour des causes peuvent toujours avoir des intimidations. Mais ceux qui sont engagés pour des causes savent aussi les risques de leur engagement et doivent faire avec. Dieu merci. Dans notre pays, on peut dire grâce au sacrifice de Norbert Zongo, nous sommes arrivés à un moment où l’engagement était certes risqué mais moins risqué que dans les années qui ont précédé l’assassinat de Norbert Zongo.
B24 : Que répondez-vous à ceux qui peuvent vous considérer comme un défenseur de ‘’semeurs de troubles’’ ?
GHK : Si défendre un idéal de démocratie, si défendre l’Etat de droit, si défendre la justice, c’est être un défenseur de semeurs de troubles, je m’inscrirai bien volontiers dans cette définition de défenseur de semeurs de troubles. Mais pour moi en réalité, ceux qui sont les semeurs de trouble, c’est ceux qui mettent à mal la démocratie, la justice et l’Etat de droit, pas ceux qui se battent pour cela.
B24 : Quel sont le rôle et la place qu’un mouvement tel que Le Balai Citoyen peut occuper un pays qui est en quête d’un meilleur devenir ?
GHK : Ce que je peux dire, c’est qu’au niveau du Balai Citoyen, notre principal objectif, c’est de travailler à l’éveil des consciences des populations pour faire des populations des sentinelles de la démocratie, des citoyens engagés qui pourront mettre en œuvre les principes de bonne gouvernance, qui pourraient exiger de la redevabilité de la part des gouvernants. Donc à partir de ce moment, c’est un idéal qui est porté depuis le départ mais qui a été submergé par les questions cruciales de l’heure.
En réalité, quand on parle du Balai Citoyen, beaucoup de gens voient la lutte contre la modification de l’article 37, la résistance tout de suite au putsch du général Diendéré. Mais en réalité, notre mouvement va au-delà de cela. Notre mouvement n’a pas été créé uniquement contre la modification, pour les résistances.
Nous souhaitons d’ailleurs que très rapidement la situation politique de notre pays revienne à la normale pour que nous puissions continuer ce travail principal de sensibilisation des populations pour faire d’eux des acteurs de la démocratie et non des sujets de la démocratie.
B24 : En tant qu’homme de droit, des partis politiques et des personnes ont récemment été cités comme ayant soutenu le putsch. Quelles sont selon vous, les sanctions qui doivent être prises à leur encontre ?
GHK : Notre constitution prévoit que les partis politiques exercent leurs activités dans le respect de la constitution, de la démocratie et de l’Etat de droit. C’est un ensemble de valeurs. Cette même exigence est reprise dans la charte des partis politiques.
C’est pour dire que s’il était avéré que des partis politiques sont impliqués dans un coup d’Etat soit en tant que co-auteurs, soit en tant que complices, bien entendu, ces partis politiques d’office se disqualifient pour participer au jeu politique parce qu’ils auront violé non seulement la loi qui les régit, je veux parler de la charte mais aussi la constitution. En ce moment, en plus des sanctions pénales, ces partis risques des sanctions administratives qui peuvent aller jusqu’à la dissolution.
GHK : Dans quelques jours, nous serons le 15 octobre, date anniversaire de l’assassinat du président Thomas Sankara. Que prévoyez-vous en termes de célébration ?
GHK : Pour ce qui concerne le cas du capitaine Sankara, depuis longtemps d’ailleurs, la commémoration de l’assassinat a été faite dans un cadre unitaire qui regroupe les partis et les mouvements sankaristes.
Le premier 15 octobre qui sera fêté après la mise à l’écart des assassins de Thomas Sankara va être sans doute marqué par cet ensemble-là. Donc il appartient à cet ensemble de communiquer là-dessus dans la mesure où le Balai Citoyen n’est qu’un élément de l’ensemble des mouvements qui commémore l’assassinat du président Sankara.
Ceci étant, cette année on sent une difficulté dans la mesure où la plupart des manifestations se déroulaient au cimetière sur la tombe de Thomas Sankara. Avec l’exhumation et les analyses, ce lieu n’est plus fréquentable. De toute façon, les mesures vont être prises.
On sait que cet évènement se situe à deux semaines de l’insurrection qui a fait partir les assassins de Thomas Sankara mais qui a fait aussi des victimes. Tout cela est en train d’être vu. Nous allons ensemble communiquer là-dessus.
Propos recueillis par Oui Koueta
Burkina24
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« Pour qu’une infraction soit fond?e, il lui faut r?unir trois ?l?ments : un ?l?ment l?gal, c’est ? dire l’existence au moment des faits d’une loi la punissant, un ?l?ment mat?riel, qui est la mat?rialisation de l’infraction par un acte, autrement dit, il faut une infraction de commission. Un ?l?ment moral, qui est l’infraction de commission en toute connaissance de cause.
Je ne vois pas comment je pourrais r?unir sur ma t?te ces 3 ?l?ments constitutifs de l’infraction si je n’y ai pas pris part par fourniture de quelque moyen que ce soit.. Si je n’ai pas particip? ? des rencontres pour le mettre sur pied et si je n’?tais pas de volont? d?lib?r?e ? la man?uvre pour le r?aliser. »