Opinion – « Les « zig-zag » de Zida ! »

Ceci est un article d’opinion d’un lecteur qui donne sa lecture de la récente crise entre le Premier ministre Isaac Zida et le Régiment de sécurité présidentielle (RSP).

Transition…Mais qu’est-ce exactement ? Un intermède ? Un passage ?  Une évolution ? Rien de tout cela en fait…puisque la tête de proue a perdu de sa légitimité du fait de ses propres atermoiements.

Dans les Démocraties, et le Burkina Faso en était une, pour assurer continuité de l’Etat et stabilité, les transitions s’appuient toujours sur des « Constitutions », des lois fondamentales…Alors que s’est-il passé au Burkina Faso pour qu’on ait recours à un tel « bidouillage » non constitutionnel ?

Plus grave, pourquoi et comment les institutions internationales, régionales, les chancelleries, acceptent-elles de collaborer, voire de reconnaître ce non-Etat-de-droit qui s’appuie sur un texte rédigé à-la-va-vite, après dissolution arbitraire de tous les élus nationaux, régionaux, départementaux et locaux ?

Comment les Européens, toujours sourcilleux, à juste titre, dès lors qu’il s’agit de l’emploi abusif des finances publiques, vont-ils justifier des dons et prêts accordés à des entités qui n’ont aucune légitimité ?Pourquoi ridiculiser, par exemple, le sacre de l’Empereur Bokassa dans les années 70, alors que la transition burkinabè relève d’un processus tout aussi illégitime qu’ubuesque…

Pas étonnant dans de telles conditions que ce pauvre Burkina Faso soit tiré « à hue et à dia », comme le titrait si justement le site Internet Afrik.com, par des individus manifestement dépassés par les événements et otages des populistes aux théories qui vont à contre-courant de l’Histoire.Victime, consentante, de cette situation, jouet d’un destin qu’il ne maîtrise pas, pantin de ceux qui profitèrent abusivement du régime COMPAORE (et qui l’ont trahi pour en profiter plus encore…), ZIDA, le Premier ministre auto-proclamé en est la sinistre illustration.

Longtemps considéré comme le patron de la transition au Burkina Faso, Yacouba Isaac ZIDA, ex-numéro 2 du RSP et Premier Ministre auto-proclamé,(…)  apparaît désormais comme un homme affaibli.

Rappelé à l’ordre par ses pairs du RSP le 30 décembre 2014, pairs envers lesquels il avait pris  d’importants engagements, l’ex-numéro 2 du RSP, Premier Ministre auto-proclamé, s’est à nouveau retrouvé, mercredi 4 février 2015 face à ses compagnons d’armes du Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Ils lui ont rappelé la célèbre formule de Jean-Pierre Chevènement, adaptée aux circonstances, « un militaire ça tient sa parole ou… ça démissionne ».

Une démission clairement demandée le mercredi 4 février tôt le matin, avant la tenue du Conseil des Ministres. Se sachant attendu, celui dont les méthodes reposent sur le « terrorisme moral » a fait preuve d’un manque de courage inversement proportionnel à son ambition et à sa formation.

Après avoir sollicité la protection (alors qu’il n’était menacé que de tenir ses engagements) de plusieurs Chancelleries, il a négocié l’arbitrage conjoint de l’Empereur des Mosse le MoghoNaba et de l’ancien Président de la Haute-Volta Jean-Baptiste OUEDRAOGO. Après d’intenses tractations menées par Gilbert DIENDERE, patron incontesté du RSP, un compromis a été trouvé à l’issue d’une réunion des responsables de l’armée à la Présidence du Faso.

Au nom de l’intérêt général le RSP conscient de sa force, mais respectueux d’institutions pourtant fort peu légitimes, ZIDA a été maintenu à la tête du gouvernement, en échange de l’acceptation des revendications du RSP.

C’est ainsi qu’il a dû remplacer un de ses proches, Théophile NIKIEMA, par le Colonel-major Boureima KERE à l’État-major particulier de la présidence, et la nomination du Lieutenant-colonel Céleste COULIBALY, ancien aide de camp de Blaise COMPAORE, à la tête de la garde présidentielle. ZIDA a abandonné sa volonté de dissoudre le RSP et a accepté la mise en place d’une commission qui « se penchera sur le rôle futur et le fonctionnement » du régiment. Autrement dit la « Transition » ne touchera pas au RSP!

Le Premier ministre auto-proclamé a perdu l’avantage que certains lui prêtaient sur le « président » KAFANDO. Affecté par ce bras de fer avec le RSP, affaibli dans son autorité « militaire » au profit de KAFANDO, contesté par les institutions judiciaires qui défont systématiquement ses décisions arbitraires (nationalisations, blocages des comptes etc…) Yacouba Isaac ZIDA cherche des appuis auprès d’organisations de la société civile (OSC)…

Un soutien, compte tenu de l’antimilitarisme des OSC, qui ressemble beaucoup à celui d’une corde pour un pendu !

Signe de la lassitude des populations face à ces pathétiques pantalonnades, ZIDA, qui espérait un soutien de la rue le samedi 07 février 2015, a dû amèrement constater que seuls quelques mille à mille cinq-cents  manifestants parsemaient la Place de la Révolution de Ouagadougou.

Julien Kiemtarboum

Chroniqueur indépendant