» Si tu as mal, c’est que tu es encore en vie, les morts ne souffrent pas »
Il fallait être à L’Institut Français de Ouagadougou ce jeudi 16 juin 2011 sur le coup de 20h30 pour comprendre ce qu’il faut du courage et de force d’âme pour tenter cette aventure, à travers la superbe mise en scène de « Passe pas l’Homme » de Faustin Keoua LETURMY.
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» Si tu as mal, c’est que tu es encore en vie, les morts ne souffrent pas’’, tel est le message d’espoir entre Demba et Soul qui tentent au prix de leur vie le passage du détroit de Gibraltar. Qu’est ce qui pousse réellement l’individu à quitter sa patrie, la terre où l’on est né ; où l’on a grandi pour laisser derrière lui les espaces si familiers?
Ce qui est frappant dans le spectacle, c’est d’abord la profondeur de la thématique et l’énergie des tragédiens. De jeunes aventuriers qui savent plutôt bien ce qui les attend de l’autre côté de la mer « après la traversée, c’est le pèlerinage au calvaire » mais qui ont du mal à digérer les difficultés de la mère patrie auxquelles ils sont confrontés. « Plutôt souffrir ailleurs que chez soi». C’est ensuite la solidarité africaine malgré la rareté, c’est aussi la famille qui attend et espère. C’est encore la ‘‘ honte de revenir bredouille après tant d’années’’ (Demba); ‘‘ non ce n’est pas une honte, c’est une malédiction’’(Soul).
Très souvent, ‘’les requins blancs’’ incarnent une étiquette péjorative d’adeptes de la facilité et d’illusionnistes. Cette conception ne serait-elle pas hâtive et mal élucidée quand on sait qu’avant tout l’immigré est l’espoir de toute une famille et s’il est souvent triste au milieu des bals les plus joyeux, ce n’est pas parce qu’il est incapable, c’est parce qu’il a un objectif. ‘‘C’est vrai, j’ai le choix mais je ne peux pas choisir’’(Soul).
Toutefois s’il est vrai que l’Afrique n’accomplira pas sa renaissance en coupant les ailes de sa jeunesse mais qu’elle a d’abord besoin de produire pour se développer, le jeune africain doit-il à tout prix partir, défiant à loisir le droit et sa vie quand ici même dans nos contrées, il existe des exemples parfaits d’ardeur de travail et de négation de la fatalité. Si tel était l’objectif de jeter un regard et de susciter de vives interrogations sur l’immigration clandestine, le pari de l’émérite auteur et metteur en scène Faustin Keoua LETURMY a été largement atteint; en témoignent les houleux débats après le spectacle jusqu’aux parkings de l’Institut Français.
Assurément, Faustin Keoua LETURMY et son groupe démontrent par là que le théâtre africain peut sortir de son carcan et amorcer à l’instar des autres, un dynamisme réel afin de satisfaire les besoins que les spectateurs attendent de lui. Encore faudrait-il que les africains eux même plutôt que de courir après des modèles importés commencent déjà par croire qu’un autre théâtre est possible.
Reportage: Idrissa NCAMBO
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