Les sages-femmes qui sauvent les vies …
Aujourd’hui à Koupéla un petit miracle s’est produit. Une petite fille en bonne santé a vu le jour et a été remise dans les bras de sa mère marquant le début d’une vie nouvelle. Pour Bibata, cet instant où elle a tenu son premier enfant dans ses bras était particulièrement poignant. Dans sa joie, elle pensa à sa sœur qui était morte en couches il y a tout juste un an. La sœur de Bibata vivait dans le même village mais elle a accouché avant que Gisèle, une sage-femme qualifiée et d’expérience soit envoyée dans la région. La sœur de Bibata n’avait eu à ses côtés que sa belle-mère pour l’aider lorsque le travail a commencé. Lorsque le bébé est né, elle a commencé à saigner abondamment. Personne ne savait comment arrêter les saignements ou ne pouvait administrer les médicaments qui auraient pu lui sauver la vie. Bibata sait qu’elle doit peut-être la vie à Gisèle.
Gisèle n’est que l’une des sages-femmes qualifiées dont le rôle est de s’assurer que le potentiel de chaque vie nouvelle au Burkina Faso soit réalisé. Pour les mères, les bébés et les communautés qu’elle dessert, Gisèle sauve des vies.
Grâce aux efforts mondiaux mis en œuvre pour s’assurer qu’un plus grand nombre de femmes ait accès au type d’expertise offert par Gisèle, les chiffres de l’année dernière ont indiqué une baisse du nombre de décès liés à l’accouchement. Il est clair que notre travail et notre investissement pour former et soutenir des travailleurs de la santé portent leurs fruits. Cependant, d’autres engagements et investissements dans les systèmes de santé sont requis de toute urgence si nous voulons atteindre les objectifs du millénaire pour le développement pour la mortalité infantile et maternelle avant la date fixée de 2015.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes ; selon l’Annuaire Statistique 2009, ici au Burkina Faso 73,4 % des femmes accouchent en présence d’un personnel qualifié. Cela, contre 99% au Royaume-Uni. Et selon Trends in Maternal Mortality : 1990-2008, document publié par l’OMS en Septembre 2010, ici au Burkina Faso au cours de sa vie une femme a 1 chance sur 28 de mourir de complications liées à la grossesse contre 1 sur 4,700 au Royaume-Uni. Si vous demandiez à Gisèle ce qu’il reste à faire pour sauver des femmes et des bébés dans sa communauté, elle vous donnerait une liste très courte. Elle dirait que les femmes ont besoin d’avoir accès à des sages-femmes correctement formées, qui évoluent dans un environnement de travail approprié et qui bénéficient de la reconnaissance professionnelle nécessaire pour s’assurer que chaque naissance est sans risque. En cas de problème, les sages-femmes doivent pouvoir transférer les mères à une équipe de soins de santé plus large qui a les compétences nécessaires pour faire face aux urgences obstétricales. Elle vous dirait que les mères, les bébés et les familles s’épanouissent lorsque chaque naissance est souhaitée, ce qui nécessite de pouvoir accéder à des services de planning familial. Mais surtout, ajouterait-elle, nous devons aborder les besoins spécifiques des femmes plus pauvres qui continuent à payer le prix fort pour leur grossesse.
Nous pouvons être fiers des progrès que nous avons réalisés dans les soins de santé reproductive. Cependant, au fur et à mesure que nous progressons vers 2015, les objectifs du millénaire pour le développement 5 & 4 restent les plus en retard de tous les OMD. Et pourtant, chercher à résoudre le problème de la mortalité maternelle est fondamental pour nous permettre d’atteindre tous nos objectifs de développement globaux. Les enfants du Burkina Faso qui sont orphelins de mère irons moins souvent à l’école, seront moins souvent immunisés contre les maladies et auront davantage de problèmes de croissance que ceux dont les mères ont survécu. Gisèle ne calculerait sans doute pas les coûts financiers des pertes de vie humaines de mères et d’enfants dans son village qui sont morts pendant l’accouchement, mais nous savons que les décès maternels et néonataux se traduisent par des pertes de productivité potentielle dans le monde de 15,5 milliards de $US.
Les sages-femmes ne se contentent pas de sauver des vies. Parce qu’elles jouent un rôle important dans la réduction de la pauvreté, l’amélioration de l’éducation et la lutte contre la maladie, elles contribuent à faire que la vie vaut la peine d’être vécue.
Bientôt dans ce mois, les sages-femmes et décideurs du monde entier, y compris nombreux du Burkina Faso se réuniront au Congrès de la Confédération internationale des sages-femmes à Durban, en Afrique du Sud, pour participer au lancement d’un rapport marquant sur la situation de la pratique de sage-femme dans le monde. Ce document pivot, Delivering Health, Saving Lives (Offrir la santé, sauver des vies), attirera l’attention du monde sur le besoin d’avoir un accès à la fois meilleur et plus équitable aux services de pratique de sage-femme et donnera une nouvelle impulsion pour passer à la vitesse supérieure au niveau mondial et faire en sorte qu’un plus grand nombre de femmes bénéficient du soutien d’une sage-femme qualifiée. Delivering Health, Saving Lives est un rappel de ce qu’il reste à faire et un point de référence pour évaluer nos progrès. Nous savons ce qui marche et nous savons ce qu’il y a à faire. Maintenant que notre objectif est en vue, nous devons maintenir nos efforts nationaux et internationaux pour nous assurer que d’ici 2015 il y ait beaucoup plus de sages-femmes comme Gisèle et beaucoup plus de mères comme Bibata.
Drissa Ouédraogo, Maïeuticien d’Etat et Membre de l’Alliance du Ruban Blanc pour la Maternité à moindre Risque du Burkina Faso.
Mamadou Kanté, Représentant Pays du Fond des Nations Unies pour la Population l’UNFPA.
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Merci pour ce article porteur d’espoir mais aussi qui nous interpelle dans notre travail quotidien. Courage cher coll?ge,c’est un privil?ge d’?tre ? la porte m?nant ? la vie.Ne d?cevons pas l’humanit