Incendie chez Charlie Hebdo : D’un « forfait » à un autre ?

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Le monde de la presse s’est levé hier matin dans une totale consternation. A 1heures 20, heure de France ce mercredi, les locaux de la rédaction de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo  ont été en partie détruits par un incendie volontaire.

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Des témoins assuraient avoir vu deux individus prendre la fuite après avoir brisé des vitres, des « islamistes » selon plus d’un. L’annonce a fait l’effet d’une bombe et l’on se demandait bien ce qui a pu se passer pour qu’on en veuille au canard caricaturiste. Car il fallait être dans le secret de la rédaction du journal pour savoir avant date ce que Charlie Hebdo allait publier ce mercredi : un numéro surtitré « Charia hebdo » avec une caricature de « Mahomet, rédacteur en chef ». Ça n’a, semble-t-il, pas plu à certains. Dans la nuit du mardi déjà, des internautes postaient sur la page Facebook de Charlie Hebdo des commentaires appelant à la haine et à la censure du journal. L’hebdomadaire aurait-il oui ou non exagéré en caricaturant le prophète Mahomet? Tentons d’y apporter des réponses par deux façons de voir les choses.

Ce n’est pas Charlie qui exagère. C’est le fondamentalisme religieux qui pose problème.

On peut considérer que Charlie Hebdo a le crayon facile. Provocateur, il jouit pleinement de son droit de s’exprimer librement. Ça, c’est un fait. C’est un journal libre français sur le sol français, fonctionnant selon un code de l’information français. La Charia ne détermine pas pour un Français ce qu’il doit lire le matin et un caricaturiste français est libre de dessiner ce qu’il entend. De ce point de vue, on ne peut pas comprendre que certaines personnes osent critiquer les caricatures du canard jusqu’à mettre le feu dans ses locaux.

D’autre part, il n’y avait rien de plus que de l’humour dans le canard du mercredi. Pas une « provocation à la danoise » mais une satire soft, relative à l’application de la Charia comme loi fondamentale en Tunisie. On peut bien en rire une fois en passant non ? Par ailleurs, On ne peut pas s’empêcher de penser que ceux qui ont ainsi agit et cautionnent cet acte ignoble rament à contre courant de leur propre liberté. Depuis la nuit des temps, tout ce qui a pu enfreindre les libertés fondamentales humaines a été combattu par la volonté d’hommes et de femmes de conduire librement leur vie. Mais, force est de constater qu’il se trouve des gens de nos jours, qui rêvent de s’enfermer dans les geôles de la religion, s’empêchant toute réflexion critique, nous ramenant à des époques bien révolues. Ces derniers veulent aussi quitter leurs pré-carrés de croyances et de lois pour imposer au monde médiatique, et au monde en général, leur doctrine. C’est comme vouloir vider le « tonneau des danaïdes » ! C’est simplement impossible. Les journalistes sont attachés à la liberté, celle là même qui régit leur métier. Et il est vain d’imaginer ce métier plier l’échine devant de tels agissements. Pendant que nous écrivions ces lignes, on tenait l’information selon laquelle le site web de l’Hebdomadaire était victime de cyber attaques. Preuve que le monde libre est attaqué, que nombreux sont ceux qui ignorent ce qu’est le Droit à la différence.

Charlie Hebdo en fait trop

Le Droit à la différence, c’est ce qu’ont toujours écrasé l’Occident et ses alliés politico-médiatiques. Il ne faut pas oublier qu’actuellement, dans les pays européens, il y a une tendance à diaboliser l’Islam, et à provoquer certains pays islamiques pour les déstabiliser. Cela ne date pas d’hier : l’Iran et bien d’autres pays du monde arabe en savent quelque chose. En Europe et surtout en France, de nos jours, tout ou presque est fait pour faire un lit à l’extrémisme de droite. Sinon comment expliquer qu’avant même qu’une enquête ne soit engagée pour déterminer les coupables de l’incendie du Siège de Charlie Hebdo, le ministre de l’intérieur, Claude Guéant, susurre que ce sont des étrangers, soit des « islamistes » qui sont à la base du forfait ? Dans un pays où l’on clame à tout va la « présomption d’innocence » même quand les faits sont établis, il est inadmissible qu’un ministre de la République s’exprime ainsi. On comprend donc aisément le sentiment de frustration que peuvent entretenir les Musulmans du monde et ceux de France en particulier à l’égard de la « bien-pensante » société. Charlie Hebdo n’en est pas à son premier « péché ». Déjà, à l’époque des 12 caricatures du journal danois

La Une contestée de Charlie Hebdo. Ph Le Monde.frLe batiment abritant Charlie Hebdo après l’incendie. Ph Le Monde.fr

du Prophète Mohamet, le canard avait été l’un des premiers au monde à reprendre in extenso tous les dessins dans ses colonnes. Cela lui avait valu un procès intenté par La Grande Mosquée de Paris, l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) et la Ligue islamique mondiale. Même si ces derniers n’avaient pas eu gain de cause dans ce procès historique, Charlie Hebdo devrait tout de même garder les leçons de la frustration endurée par les plaignants, et avec eux, toutes les communautés musulmanes du monde. Alors provocation de trop ou bonne blague ? A vous de vous faire votre opinion….

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