Périphérie du marché de Kaatr-yaar : Bienvenue à poto-poto !
La grande voie qui forme la périphérie Est du marché de Kaatr-yaar est peu ragoûtante. Boue, eau boueuse, oignons, pommes de terre, fruits de wèda, tomates, feuilles d’oseille, de bulvanka, de toéga, gingembre, leurs vendeuses, leurs consommateurs et les usagers de la route, sans bien entendu oublier les mouches et leurs cousins les moustiques, y jouent chaque jour une scène de théâtre pas très hygiénique et commode. Surtout dans cette période d’hivernage. Reportage.
Il est 10h sur la voie qui longe le côté Est du marché de Kaatr-Yaar au secteur 28 de Ouagadougou, dans l’arrondissement de Bogodogo. Il a plu la veille, dimanche 8 juillet 2012, aux environs de 19h. Ce matin, la voie est trempée. Flaques d’eau et de boue, labourées par les pneus et les pieds. Les vendeuses sont assises de part et d’autre, laissant un infime passage aux usagers de la voie. Les tas de tomates, de feuilles comestibles, d’oignons et autres cohabitent avec la boue et les petits trous d’eau stagnante, pendant que les mouches et les moustiques leur content fleurette.
«C’est pas bon, mais on fait comment ? »
Les voitures, les camions, les cyclistes et les motocyclistes slaloment, évitant par-ci une grosse flaque de boue et par-là un client ou une cliente, courbé, en train de marchander des feuilles d’oseille ou de boulvanka. Mme Traoré est l’une de ces clients. « On sait que c’est pas bien, mais on va faire comment si ce n’est bien laver les feuilles avec de l’eau de javel ? ». La plupart des consommateurs là-bas ne diront pas mieux.
Les vendeuses, elles, crient qu’elles cherchent leur gagne-pain. Mais elles accusent surtout. L’une d’elles, refusant catégoriquement qu’un dictaphone retienne sa voix encore moins qu’un stylo écrive son nom, déclare que ce n’est pas de la faute des marchandes si la voie est dans cet état.
« Nous nettoyons, nous lavons chaque jour cette route ! Ce sont ceux qui sont à l’intérieur du marché qui viennent jeter les ordures ici ! » Et une autre, vendeuse de feuilles de toéga fanées, de renchérir : « Moi, mes feuilles usagers, je les ramasse et les ramène à la maison pour les jeter dans une poubelle ! C’est parce qu’on veut nous faire partir d’ici qu’on jette les ordures ici. »
Réquisitoire contre le nouveau marché
Justement, un nouveau marché a été aménagé 2 km plus loin et les vendeuses au bord de la route ont été recensées afin qu’elles y déménagent. « Nous savons cela ! Moi-même j’ai donné 10 000 F CFA pour qu’on m’attribue un hangar. Mais si nous partons là-bas, nous allons mourir ! », regimbe une autre vendeuse, de feuilles d’oseille et de gombo frais, celle-là. Et elles s’unissent pour dresser à qui mieux-mieux un réquisitoire contre le nouveau marché : il y a des trous, des roches et argument de taille, elles n’auront pas de clients. « Toi-même qui est arrêté-là, si tu viens un jour ici et que tu ne vois pas les vendeuses, si on te dit qu’elles sont à plus de 2 km, est-ce que tu ne vas pas préférer rester ici ? » Par conséquent, elles ne bougent pas.
Quelques mètres plus loin, devant sa petite boutique, le vieux Bandaogo Alidou est assis en face de son métier et coud un habit. C’est le délégué du marché de Kaatr-Yaar. « C’est vrai que si elles déménagent maintenant, ce ne sera pas bien pour elles », reconnaît-il. Cependant, il estime que ce ne sera juste qu’un mauvais quart d’heure à passer. « Dans deux ou trois mois, ça va aller ! », explique-t-il, se demandant en passant quand est-ce que la municipalité se décidera à aménager la voie. « Notre seule préoccupation à Kaatr-yaar ici, c’est la route ! »
La périphérie de Kaatr-Yaar attend donc du goudron. Son arrivée pourrait peut-être au moins régler la question d’hygiène et de salubrité qui s’y pose actuellement. En attendant, bienvenue à poto-poto !
Abdou ZOURE
Burkina24
Plus loin sur le futur marché de Guinguitare ou El Nour Le marché qui est réservé aux vendeuses de la périphérie du marché de Kaatr-Yaar se trouve à environ 2 km. Il n’a pas encore de nom, mais pourrait s’appeler Guinguitare Yaar ou El Nour Yaar. L’espace, d’environ 2 ha, est une réserve et a déjà été borné. Des hangars ont été déjà construits. Pour Moustapha Ouédraogo, premier adjoint au maire de l’arrondissement de Bogodogo, les raisons avancées par les vendeuses ne tiennent pas la route car elles violent la loi en obstruant la voie, brimant les droits de ceux qui l’empruntent. Pour la question d’aménagement du marché, le premier adjoint au maire a indiqué avoir fait venir 30 voyages de terre et demande a été ensuite faite aux femmes de venir avec une charrette ou une brouette pour se servir de cette terre et combler les trous incriminés. Il précise qu’il n’y a pas de fonds attribué pour l’aménagement de ce marché et que la municipalité doit compter sur la contribution des éventuels demandeurs. Le démarrage de ce marché serait prévu pour ce mois de juillet. Quant au goudronnage de la voie, le premier adjoint au maire informe que le projet est déjà ficelé et qu’il est maintenant à l’étape de recherche de financement. A.Z |
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Esp?rons que quelque chose sera fait pour la salubrit