Chasse aux «sorcières» au Malawi
La chasse aux sorcières n’est pas près de s’arrêter au Malawi. Alors que le pays s’est doté en 1911 d’une loi interdisant les accusations de sorcellerie, la justice envoie toujours en prison de vieilles femmes soupçonnées de magie noire.
Lilongwe, capitale du Malawi, Kanthukako Supaunyolo. Une grand-mère de 82 ans est arrêtée et jetée en prison. Son crime ? Ses propres enfants l’ont simplement accusée de sorcellerie : un sort aurait été jeté sur l’un de ses petits-fils, pris un jour d’un saignement de nez au réveil. Condamnée à payer une amende de 33 dollars, comme deux de ses amies également mises en cause, elle est finalement libérée grâce au soutien financier de l’Association for Secular Humanism (ASH), une organisation de défense des droits de l’homme fondée en 2010 pour venir en aide aux personnes accusées de sorcellerie, principalement des femmes âgées.
Malheureusement, le cas de cette Malawite n’est pas unique. Selon George Thindwa, directeur de l’ASH ces derniers temps, les arrestations et les condamnations de gens accusés de sorcellerie se sont multipliées. Et selon le quotidien malawite The Maravi Post, la plus vieille des femmes accusées de sorcellerie au Malawi a été libérée, après trois ans passés en prison. Elle avait été rendue coupable de la mort d’un enfant par le biais de la magie noire.
L’âge de ces femmes accusées de sorcelleries est le plus souvent de 75 ans en montant, et jusqu’à présent, quelques-unes supposées sorcières croupissent encore dans les prisons du Malawi.
Les accusations de sorcellerie ne manquent pas d’étonner les juristes, car au Malawi, il existe une loi datant de 1911 qui interdit d’accuser quelqu’un de sorcellerie, ou de se prétendre sorcier. De leur côté, la justice et les forces de l’ordre justifient d’une manière assez subjective ces arrestations. La première motive ses condamnations par « l’atteinte à l’ordre public », tandis que les secondes assurent agir dans l’intérêt des personnes accusées de sorcellerie. Il s’agirait de les protéger de la vindicte populaire et d’éviter les règlements de compte ou les lynchages. Malgré cela, au Malawi les présumées sorcières servent souvent de bouc-émissaires : ce que la population n’arrive pas à expliquer ou à endiguer, elle le met sur le compte de la magie noire, faisant ainsi une vingtaine de « sorcières » tuées chaque année au Malawi.
Source Jeune Afrique
Melho Armelle (stagiaire)
Pour Burkina 24
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