Modeste Compaoré, candidat à l’arrondissement 4 : « Le CDP n’a pas besoin de descendre dans la boue pour gagner ces élections »

Quelle est la stratégie du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti au pouvoir, pour remporter les élections municipales partielles de l’arrondissement 4 de Ouaga ? Comment se porte le parti dans cet arrondissement après les vagues de démissions ? Que représentent les promesses faites par François Compaoré lors du premier meeting du CDP à l’arrondissement ? Et quel est l’impression à chaud après la découverte d’un homme achetant des cartes d’électeur et qui portait un T-shirt CDP ? Réponses avec Modeste Compaoré, candidat du secteur 18 au poste de conseiller municipal à la mairie de l’arrondissement pour le compte du CDP.

Burkina 24 (B24) : Est-ce qu’on peut dire que le CDP se porte bien à l’arrondissement 4 de Ouaga ?

Modeste Compaoré (M.C) : Au vue de toutes les rencontres que notre direction de campagne d’arrondissement a organisées, on peut dire aujourd’hui que les militants du parti ont répondu de façon franche et mobilisée. On a rencontré les jeunes, les femmes, les commerçants des marchés et yaars, le secteur informel, les élèves et étudiants, les coutumiers et les religieux.

Et au-delà des rencontres organisées par la direction de campagne d’arrondissement, nous avons au niveau des quatre secteurs qui composent l’arrondissement, des directions de campagne qui chacune dans son secteur travaille dans le cadre de la mobilisation, à travers des rencontres de proximité afin d’expliquer pourquoi il y a reprise des élections.

Il était nécessaire pour nous de communiquer avec les populations de base qui, parfois, n’ont pas suivi les éléments qui ont provoqué la reprise. Mais depuis le démarrage, en termes de mobilisation, nous sommes satisfaits.

B24 : Certains observateurs pensent que le blocage à l’arrondissement 4 est dû essentiellement au CDP. Que leur répondez-vous ?

M.C : Blocage dû au CDP, je ne pense pas. Je pense que le fonctionnement des communes rurales est guidé par le Code général des collectivités locales. Pour le cas de l’arrondissement 4, il y a eu incompétence du conseil à pouvoir se réunir, notamment à avoir le quorum pour voter le budget. C’est de façon juridique et selon les textes que le conseil a été dissout. Je ne pense pas que cela est dû au CDP (…).

Nous sommes partis deux fois aux élections. Nous avons d’abord remporté les élections par 14 conseillers sur 20. Des partis d’opposition ont esté en justice pour crier à la fraude. Nous sommes repartis encore aux urnes. Dieu merci, nous avons consolidé notre leadership dans l’arrondissement par encore 14 conseillers sur 20 avec deux mouvanciers. Il fallait expliquer tout cela aux électeurs.

« Il y a des gens qui bâtissent leur stratégie sur la démagogie, la délation, le mensonge, l’intoxication  tous les jours à l’arrondissement 4 »

Et revenir notamment sur le non respect des consignes du parti. Je dirais que c’est la victoire du parti qui a été vendue par un de nos camarades. Ce qui a fait qu’on se retrouvait avec un conseil où il y avait un soi-disant CDP qui était en tête et tout le reste, de l’opposition. Dans un système démocratique, l’opposition aussi a son rôle qui est de servir comme rétroviseur à celui qui dirige.

Généralement, le parti qui gagne, c’est le parti qui gère. Nous avons remporté les élections avec 14 conseillers sur 20. On n’avait pas besoin d’aller pactiser avec les éléments de l’opposition pour gérer la commune. C’est essentiellement les raisons pour lesquelles nous avons refusé de prendre part à ce conseil qui était multicolore alors que nous avons franchement gagné ces élections.

C’est tout cela que nous allons expliquer aux militants. Leur expliquer l’enjeu, car il faut que nous arrivons coûte que coûte à confirmer notre position de leader au niveau de l’arrondissement et donc inviter les électeurs à se mobiliser.

B24 : Au regard du contexte politique, avec notamment les démissions signalées du CDP, est-ce que vous êtes confiants ?

M.C : On a beaucoup parlé de ces démissions.  J’ai l’impression que la presse a toujours tendance à faire du bruit, même par rapport aux choses qui font partie du fonctionnement normal des partis. Mais quel que soit le parti, qu’il soit du pouvoir ou dans l’opposition, les entrées et les départs s’enregistrent au quotidien.

 Ce n’est pas exclusivement propre au CDP, au Burkina. En Europe, même l’UMP connaît des entrées et des départs quotidiennement. Par rapport à cela, c’est vrai que ce sont des démissions qui ont fait trop de bruit. Mais nous au niveau du CDP dans l’arrondissement 4,  nous restons sereins. Nous avons également constaté la sérénité de nos militants toutes les fois que nous leur avons lancé un  appel de mobilisation. Nous allons jouer notre partition. Nous avons mis des dispositifs pour expliquer les tenants et les aboutissants de ces démissions.

« Nous pensons purement et simplement qu’il s’agit d’un montage contre notre parti »

C’est vrai que ce sont des démissionnaires de luxe, comme vous le dites, des démissionnaires très populaires,  mais je pense  aussi que la qualité de ces démissionnaires, ils le doivent au CDP.  Nous faisons confiance à la direction actuelle du parti et nous disons que l’heure est à la tâche. Il faut travailler. Il y a des militants qui attendent.

Le parti va se restructurer, faire des réaménagements pour intégrer des camarades qui sont aussi  dynamiques  qui n’avaient pas la chance d’être dans des structures. Nous restons donc sereins. Nous nous mettons à la tâche pour que le parti continue à gagner comme cela se faisait depuis la nuit des temps.

B24 : Il y a un parti politique, l’UPC pour ne pas le nommer, qui reproche au CDP, précisément à François Compaoré d’avoir fait des promesses aux électeurs de l’arrondissement 4 s’ils votaient massivement le parti et  a également remis à des jeunes des bons de permis de conduire lors de votre premier meeting. Pour ce parti, cette façon de faire est contraire à la loi. Que répondez-vous ?

M.C : Chaque parti a sa formule de stimulation et de récompense à ses structures qui mobilisent sur le terrain. Nous avons ici des partis à l’arrondissement 4 qui viennent donner des motos aux jeunes au secteur 18 pour les appuyer, les encourager à mobiliser et à recenser des gens qui vont voter pour eux.

Nous avons 4 secteurs, s’il est dit que le secteur qui vient en premier sera récompensé, c’est une manière d’amener les structures qui ont été mandatées pour mener la campagne de mouiller le maillot.

On n’a pas dit aux électeurs, si tu vas voter, on te donne 1 000 F CFA. Ce n’est pas ça. On a dit que le secteur qui  va connaître le plus de votants pour le parti sera récompensé. Je ne pense pas que cela soit une fraude électorale.

B24 : Parlant de fraude électorale, la presse a relayé le cas de cet homme qui a été pris en train d’acheter, selon ses dires, des cartes d’électeur. En tant que parti politique, qu’est-ce que vous en pensez ?

M.C : C’est avec surprise que nous avons appris cela au niveau de la presse. Mais nous avons échangé au niveau de la sous-section de l’arrondissement, notamment avec le directeur de campagne. C’est une information qui nous est vraiment étrangère.

Nous sommes rassurés surtout que l’affaire a été portée devant les auxiliaires de justice, notamment la gendarmerie. Comme je vous l’ai dit plus haut, vous savez pertinemment que le CDP n’a pas besoin de boxer en bas de la ceinture pour remporter ces élections.

Nous avons des structures qui sont bien implantées dans les secteurs et villages. Des structures qui vivent, qui travaillent, qui mobilisent. Nous n’avons pas vraiment besoin de descendre dans la boue pour remporter ces élections.

« Le CDP n’a pas besoin de boxer en bas de la ceinture pour remporter ces élections »

Nous pensons purement et simplement qu’il s’agit d’un montage contre notre parti et comme l’affaire a été portée devant la gendarmerie, notre souhait est qu’elle puisse diligenter l’enquête et la porter devant le parquet pour que le parti puisse se défendre sur le plan juridique. Parce que c’est très dangereux.

 Je pense qu’avec ces accusations, la justice pourra faire la lumière pour qu’on puisse savoir à quel genre de politiciens on a à faire dans l’arrondissement 4.

Il y a des gens qui bâtissent leur stratégie sur la démagogie, la délation, le mensonge, l’intoxication  tous les jours à l’arrondissement 4. C’est l’occasion pour que l’affaire soit tranchée afin qu’on puisse savoir ceux qui ont monté cette affaire et qui veulent ternir l’image de notre parti.

Autrement, nous n’avons pas besoin de tomber bas avec ces systèmes. Nous avons des militants engagés sur le terrain et nous sommes confiants par rapport aux résultats du 23 février prochain.

B24 : Vous avez un message particulier à lancer à l’endroit des électeurs ?

M.C : C’est de rester sereins. Nous faisons l’objet actuellement de plusieurs comportements antirépublicains. Dès le lancement de la campagne, nous avons porté des affiches. Le lendemain, on a trouvé que toutes ces affiches ont été arrachées par des partis qui sont déjà convaincus de leur faiblesse sur le terrain.

On a eu des meetings où quelques militants ont été accostés par des partis d’opposition ou qui se disent mouvanciers mais qui ne le sont pas réellement. Mais nous demandons à nos militants de rester sereins. Nous avons presqu’une semaine pour trancher. Le 23 février, c’est pour bientôt. Nous sommes confiants et nous pensons que nous allons sortir la tête haute de cette élection.

Propos recueillis par Abdou ZOURE

Pour Burkina 24